Friday, November 20, 2015

''The Climate As Seen Through [Hollywood] Movies'' and Global Movies Too -- with a YouTube trailer RE: Les changements climatiques tiennent à la fois du global et du local, de l’individuel et du collectif.



Les changements climatiques tiennent à la fois du global et du local, de l’individuel et du collectif.

Ils se placent au carrefour de diverses disciplines (science, politique, philosophie, économie, etc.). Ils nous demandent de tra - vailler sur deux axes: s’adapter aux changements à court et moyen termes et limiter les effets néfastes à plus long terme en diminuant dès aujourd’hui les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Ce travail réclame de la rigueur scientifique autant que la capacité à analyser les fondements de notre société et à développer des visions d’autres possibles. La manière d’aborder le sujet peut donc être didactique ou sensible et c’est avec cette idée de varier les regards et les approches que cette brochure a été conçue.

Dans la perspective d’inspirer, de guider et de faciliter la réflexion ou la construction d’une séquence pédagogique, cette brochure propose une sé - lection de documentaires pour mieux comprendre le fonctionnement et le dérèglement de la machine climatique mais aussi des films de fiction et des chansons pour identifier et analyser les représentations que le cinéma à la fois véhicule et participe à construire autour des changements climatiques.

Qu’il soit documentaire ou de fiction, un film est l’œuvre d’un réalisateur, un travail d’écriture et de mise en images, un point de vue. Jamais un média au - diovisuel n’est totalement objectif ou exhaustif. Pour se documenter, mieux vaut multiplier les sources d’information, lire des articles, des livres, interroger des personnes ou des associations. Le film, lui, ouvre une porte d’entrée particulière. Il laisse une trace, un souvenir, une émotion. Il mobilise certaines représentations, en crée de nouvelles, en enrichit d’autres, il tisse des liens.

Les représentations sont un matériau essentiel à mobiliser dans tout apprentissage car elles posent un canevas tant cognitif qu’affectif qui permet d’organiser et d’intégrer de nouvelles informations en leur donnant un sens. Utiliser un film, ou un extrait, nous paraît donc être une pratique intéressante permettant un véritable travail de fond.

Le cinéma étant ici cité en témoin mais aussi en tant que partie prenante d’une construction collective d’une réalité environnementale complexe.

Pour guider la réflexion et l’approche critique sur les productions audio - visuelles, nous les avons placées sous le regard expert de scientifiques: Jean-Pascal van Ypersele (climatologue et vice-président du GIEC de 2008 à 2015) et Valerie-Masson Delmotte (paléo-climatologue et co-présidente au sein du GIEC pour le groupe de travail n° 1); de Jean-Baptiste Fressoz (historien des sciences) et de spécialistes l’Éducation aux médias de Média Animation et de conseillers de PointCulture.

text by Miss Frédérique Müller in Europe in Belgium - via PointCulture

''The climate under projectors''



This book contains a selection of movies and various analyses to understand the representations about the climate in movies.


In PointCulture (www.pointculture.be), you can find : documentaries to better understand the climatic mechanisms but also some movies about climate change.

This book provides analyses and various point of view about the representations that the cinema at the same time vehicle and participle to built about climate change.

To guide the reflection and the approach criticizes on the audiovisual productions, we placed them under the expert look of scientists :

Jean-Pascal van Ypersele (climatologist and vice-president of the GIEC from 2008 till 2015) and

Valérie-Masson Delmotte (paleoclimatologist and co-chairwoman within the GIEC for the workgroup n°1); of Jean-Baptiste Fressoz (sciences historian) and of specialists media education from Media Animation and of advisers from PointCulture.

The book is only available in French for the moment (print & digital)

Digital version : here 
http://pointculture.be/files/website-files/14/ec/f1/brochure_climat.pdf

Contact :
Frédérique Müller : frederique.muller@pointculture.be
Facebook : http://www.facebook.com/leclimatsouslesprojecteurs
Twitter : @fredalouette

SOON : more to come related to this work (subtitled interviews, etc.)

1 REGARDS SCIENTIFIQUES ET CINÉMATOGRAPHIQUES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 2e édition – octobre 2015 LE CLIMAT SOUS LES PROJECTEURS






Comprendre les enjeux liés aux changements climatiques est aujourd’hui essentiel. Cela doit faire partie de la culture de toute citoyenne et de tout citoyen. C’est l’habitabilité même de notre planète qui est menacée, alors que c’est le seul astre où l’on peut vivre sans scaphandre dans le système solaire. Ce guide éclairera magnifiquement les choix de médias que les pédago - gues et citoyens intéressés pourront faire parmi les collections de Point - Culture. Le cinéma et la télévision peuvent aider à comprendre (notons qu’ils peuvent parfois aussi accroître la confusion, quand la parole est donnée aux « semeurs de doute ».) Mais comprendre est une chose, et agir en est une autre. Pour aller jusqu’à l’action, surtout si elle implique un changement impor - tant, il faut que le portefeuille soit touché, ou le cœur. Dans ce dernier cas, les médias audio-visuels ont un rôle important, car ils peuvent aider à la prise de conscience de la gravité de la situation et des possibilités d’action, tout en touchant le cœur des spectateurs. Ceux-ci pourront alors comprendre l’urgence d’agir, et en trouveront alors le courage.

Jean-Pascal van Ypersele ( @JPvanYpersele) Professeur de climatologie à l’UCL, ancien Vice-Président du GIEC (2008-2015) et auteur de « Une vie au cœur des turbulences climatiques » (De Boeck)

1 Regards scientifiques et cinématographiques sur les changements climatiques 2e édition – octobre 2015 LE CLIMAT SOUS LES PROJECTEURS utilisation normale v e r sion noire et blanc v e r sion blanche pour fonds foncés v e r sion av ec cartouche blanc en cas de fond nuisible à la lisibilité du logo 3 éditeur responsable : Tony de Vuyst Remerciements à Gabriel Bortzmeyer et la revue Débordements ; Jean-Baptiste Fressoz ; Jean-Pascal van Ypersele ; Sébastien Gominet et l’Institut des Risques Majeurs Équipe rédactionnelle Frédérique Müller (PointCulture) avec la collaboration de Daniel Bonvoisin (MediaAnimation) ; Gabriel Bortzmeyer (revue Débordements) ; Guillaume Duthoit (PointCulture) ; Jean-Baptiste Fressoz ; Jean-Pascal van Ypersele ; Yves Collard (MediaAnimation) Illustrations Frédérique Müller Mise en page Nathalie Hermelin Pour toute information frederique.muller @pointculture.be Suivez -nous sur le blog : « La collection Education à la nature et à l’environnement » : https://educationenvironnement.wordpress.com sur facebook : www.facebook.com/Le-climat-sous-les-projecteurs D/2015/3590/2 ISBN 978-2-87147-430-2 - © PointCulture, octobre 2015 PRÉFACE Comprendre les enjeux liés aux changements climatiques est aujourd’hui essentiel. Cela doit faire partie de la culture de toute citoyenne et de tout citoyen. C’est l’habitabilité même de notre planète qui est menacée, alors que c’est le seul astre où l’on peut vivre sans scaphandre dans le système solaire. Ce guide éclairera magnifiquement les choix de médias que les pédago - gues et citoyens intéressés pourront faire parmi les collections de Point - Culture. Le cinéma et la télévision peuvent aider à comprendre (notons qu’ils peuvent parfois aussi accroître la confusion, quand la parole est donnée aux « semeurs de doute ».) Mais comprendre est une chose, et agir en est une autre. Pour aller jusqu’à l’action, surtout si elle implique un changement impor - tant, il faut que le portefeuille soit touché, ou le cœur. Dans ce dernier cas, les médias audio-visuels ont un rôle important, car ils peuvent aider à la prise de conscience de la gravité de la situation et des possibilités d’action, tout en touchant le cœur des spectateurs. Ceux-ci pourront alors comprendre l’urgence d’agir, et en trouveront alors le courage. Jean-Pascal van Ypersele ( @JPvanYpersele) Professeur de climatologie à l’UCL, ancien Vice-Président du GIEC (2008-2015) et auteur de « Une vie au cœur des turbulences climatiques » (De Boeck) Ret rouvez nos films en p rêt, nos ad resses et nos activités su r www.pointculture.be 4 5 INTRODUCTION Les changements climatiques tiennent à la fois du global et du local, de l’individuel et du collectif. Ils se placent au carrefour de diverses disciplines (science, politique, philosophie, économie, etc.). Ils nous demandent de tra - vailler sur deux axes: s’adapter aux changements à court et moyen termes et limiter les effets néfastes à plus long terme en diminuant dès aujourd’hui les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce travail réclame de la rigueur scientifique autant que la capacité à analyser les fondements de notre société et à développer des visions d’autres possibles. La manière d’aborder le sujet peut donc être didactique ou sensible et c’est avec cette idée de varier les regards et les approches que cette brochure a été conçue. Dans la perspective d’inspirer, de guider et de faciliter la réflexion ou la construction d’une séquence pédagogique, cette brochure propose une sé - lection de documentaires pour mieux comprendre le fonctionnement et le dérèglement de la machine climatique mais aussi des films de fiction et des chansons pour identifier et analyser les représentations que le cinéma à la fois véhicule et participe à construire autour des changements climatiques. Qu’il soit documentaire ou de fiction, un film est l’œuvre d’un réalisateur, un travail d’écriture et de mise en images, un point de vue. Jamais un média au - diovisuel n’est totalement objectif ou exhaustif. Pour se documenter, mieux vaut multiplier les sources d’information, lire des articles, des livres, interroger des personnes ou des associations. Le film, lui, ouvre une porte d’entrée particulière. Il laisse une trace, un souvenir, une émotion. Il mobilise certaines représentations, en crée de nouvelles, en enrichit d’autres, il tisse des liens. Les représentations sont un matériau essentiel à mobiliser dans tout apprentissage car elles posent un canevas tant cognitif qu’affectif qui permet d’organiser et d’intégrer de nouvelles informations en leur donnant un sens. Utiliser un film, ou un extrait, nous paraît donc être une pratique intéressante permettant un véritable travail de fond. Le cinéma étant ici cité en témoin mais aussi en tant que partie prenante d’une construction collective d’une réalité environnementale complexe. Pour guider la réflexion et l’approche critique sur les productions audio - visuelles, nous les avons placées sous le regard expert de scientifiques: Jean-Pascal van Ypersele (climatologue et vice-président du GIEC de 2008 à 2015) et Valerie-Masson Delmotte (paléo-climatologue et co-présidente au sein du GIEC pour le groupe de travail n° 1); de Jean-Baptiste Fressoz (historien des sciences) et de spécialistes l’Éducation aux médias de Média Animation et de conseillers de PointCulture. Frédérique Müller - PointCulture SOMMAIRE LES GRANDS RÉCITS, - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 8 ; Focus : L’industrialisation, p. 11 - INTERVIEW de Jean-Baptiste Fressoz: L’anthropocène et le cinéma, p. 12 - L’écologie au cinéma, p. 22 - Interview de Gaelle Komar : La main au-dessus du cœur, p. 31 HISTOIRE ET MÉCANISMES DE LA MACHINE CLIMATIQUE - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 36 ; Focus : Les conférences filmées; Le Gulf Stream, p. 37 - Apocalypse, now et surtout, tomorrow, p. 38 - Les changements climatiques dans la fiction : quelques représentations, p. 40 - La sélection jeune public, p. 44 OUTILS ET TRAVAIL SCIENTIFIQUES - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 48 ; Focus : Gouvernance; La série US, p. 51 - INTERVIEW de Jean-Pascal van Ypersele: Le climat à la télévision, p. 52 - Claude Lorius, p. 60 LE DIOXYDE DE CARBONE - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 64 ; Focus : La quête du pétrole; Carbone et agriculture, p. 66 - Le marché du carbone, p. 67 - Portrait d’un tueur en deux documentaires, p. 68 - Ma voiture et moi, p. 69 LES CONSÉQUENCES DU RÉCHAUFFEMENT GLOBAL - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 72; Focus : Inondations; Ours polaire, p. 74; Paradis perdus, p. 75 - INTERVIEW de Valérie Masson-Delmotte: Regard d’expert sur le film Le Jour d’après, p. 76 - Le climat en chansons, p. 82 QUESTIONS DE MODÈLES - LES DOCUMENTAIRES: La sélection, p. 92 ; Focus : Le capitalisme; Énergie, p. 95 - Happy Feet 2, p. 96 - Le zombi pour parler de consommation, p. 98 INDEX DES FILMS, p. 101 6 7 LES GRANDS RÉCITS 8 9 THE AGE OF STUPID L’ÂGE DE LA STUPIDITÉ 92’ ; 2009 ; Franny Armstrong ; Spanner Films; TM0321 Docu-fiction pessimiste sur l’urgence d’agir contre le réchauffe - ment climatique en insistant sur la notion d e responsabilité avec Pete Postlethwaite . En 2055, c’en est fini de la civilisation. Au nord de la Norvège, au milieu des eaux, siège une tour, celle des archives mondiales. Celles-ci abritent les œuvres d’art des musées nationaux, des cadavres d’animaux baignant dans du formol, des films et des livres numérisés. Un homme veille seul sur ces vestiges. Pour éviter cette situation, il aurait fallu agir en 2015. L’archiviste consulte les documents numérisés et s’interroge: Pourquoi n’a-t-on pas agi quand il était encore temps ? Le film mêle aux images d’archives, des intermèdes de fiction mettant en scène l’archiviste en pleine réflexion et des courtes séquences d’animations. Il pointe une responsabilité humaine autant collective qu’individuelle et invite à l’action: protester, militer, agir. Le point de vue est globalement assez pessimiste et conclut même sur l’idée que « peut-être nous n’étions pas dignes d’être sauvés ». UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE AN UNCONVENIENT TRUTH 93’ ; 2006 ; Davis Guggenheim ; Paramount ; TM9021 Documentaire « cri d’alarme » face au changement clima - tique construit au départ d e la conférence scientifique filmée d ’A l Gore . L'ancien vice-président Al Gore dresse un portrait alarmant de notre planète, et par là même, de notre civilisation. Il veut nous faire prendre conscience de l'imminence et la réalité du danger et lance un appel pressant à l'action tant que nous pouvons encore limiter l’ampleur des conséquences du réchauffement global. Le film met en scène des extraits des conférences d'Al Gore, en alternance avec des graphiques et images illustrant le propos et développe un argumentaire efficace. Ce qui nous donne l'impression de suivre le personnage d'Al Gore au cours de sa tournée de conférences, avec des séquences plus intimes relatives à la vie privée du personnage destinées tant à mettre en perspective le propos qu’à accentuer l’empathie envers le principal protagoniste. HOME 96’ ; 2009 ; Yann Arthus-Bertrand ; PPR ; TM4051 Hymne à la planète et à son fragile équilibre en suivant un fil con ducteur historique réalisé par le photographe Yann Arthus - Bertran d . Les origines de la Terre puis l´urbanisation, l´industrialisation, l´agriculture, l´utilisation et le gaspillage des énergies fossiles. En quelques décennies, l'Homme a rompu un équilibre de près de quatre milliards d'années d'évolution et met son avenir en péril. En nous offrant les images inédites de plus de cinquante pays vus du ciel et en nous faisant partager son émerveillement autant que son inquiétude, Yann Arthus-Bertrand nous convainc que nous avons tous une responsabilité à l'égard de la planète tout en laissant à chacun le soin d'en tirer les leçons et d'agir: « Écoute bien cette histoire qui est la tienne et décide de ce que tu veux en faire ». Le prix à payer est lourd mais il est trop tard pour être pessimiste. Le film adopte un ton positif et termine sur une note d´espoir car les solutions existent pour l´avenir mais il faut agir vite. Le discours s´adresse au spectateur. Intention annoncée dès le titre Home qui laisse entendre que le spectateur est responsable de la Terre comme il est responsable de sa maison. La prise de vue aérienne traduit ici une volonté de regard global sur le monde mais aussi une certaine distanciation. Documentaires 8 10 11 KOYAANISQATSI & POWAQQATSI 2 X 90’ ; 1977 – 1988 ; Godfrey Reggio ; Ire; TW6611 Koyaanisqatsi, un film sans commentaire pour appréhender un quotidien devenu très technolo - gique de manière plus contempla - tive, sensible et critique à la fois. Powaqqatsi : une exploration douloureuse des effets que la modernité a sur les pays en voie de développement. OUR DAILY BREAD NOTRE PAIN QUOTIDIEN 92’ ; 2005 ; Nikolaus Geyrhalter ; Nikolaus GeyrhalterFilmp ; TL6431 Nikolaus Geyrhalter a placé sa caméra au cœur des plus grands groupes agricoles européens. Tout le secteur est passé en revue, depuis la fruiticulture dans le sud de l'Espagne jusqu'à l'élevage de poulets dans nos campagnes. Sans commentaire ce film permet au spectateur de juger du prix qu’il est prêt à payer pour son pain quotidien. LA MAIN AU-DESSUS DU NIVEAU DU COEUR 79’ ; 2011 ; Gaëlle Komar; Playtime Films & Wip ; TJ5521 Une observation douloureuse du travail à la chaîne dans un abattoir belge où l’homme et l’animal subissent la mécanique du geste répétitif et morcelé du rythme industriel. LA 11 E HEURE / THE 11th HOUR 89’ ; 2007 ; Leila Conners Petersen ; Warner ; TM9751 état des lieux d e notre environnement et d e certaines solutions technologiques . Produit et commenté par l'acteur Leonardo Di Caprio, le film met en lumière les dommages écologiques infligés à la planète. Il propose ensuite quelques solutions, majoritairement technolo - giques, afin d'entraîner un changement positif pour l’avenir en alternant images d'archives et interviews de personnalités: une cinquantaine de scientifiques, intellectuels et leaders politiques telles que Mikhaïl Gorbatchev, Stephen Hawking, William McDo - nough ainsi que des experts en matière de conception durable. LE SYNDROME DU TITANIC 90’ ; 2009 ; Nicolas Hulot Et Jean-Albert Lièvre; Mandarin Cinema, Wlp, Studio 37, Mars Films & Tf1 Films Productions ; TM8251 Documentaire à la première personne qui établit un lien entre crise écologique et crise économique dans un appel à retrouver d u lien . Nicolas Hulot décrit ici la naissance de sa prise de conscience écologique à l’aide d’images de télévision qui évoquent ses pas successifs sur le chemin de la vocation militante. Le documentaire pose plusieurs fois cette question « Comment être serein dans ce monde ? » qui constitue le cœur de son parcours, de la démarche du film et de son objectif de sensibilisation. Le film montre de longs plans sur notre civilisation, beaux et inquiétants à la fois, sur l’urbanisation, le transport, l’énergie, la pauvreté, la voiture, etc. La vocation est ici d’inviter à la raison et à la solidarité pour ne plus accepter la souffrance de certains et la démesure des autres. Il s’agit de notre rapport à l’environnement et à la vie en général: « Des villes trop loin du sol, de l’humus, de l’humain ». Après des images parfois dures, la conclusion insiste fort sur le pouvoir individuel de chacun, « pour que la force de toutes les petites musiques intimes fassent danser le monde » et « pour être solidaire dans l’espace et dans le temps. ». Le film établit un lien entre crise écologique et crise économique dans un appel à retrouver du lien. C’est donc ici l’humain qui est au centre. Le propos n’est pas toujours exempt de naïveté mais la dimension intime et sincère du témoignage fonctionne. THE GREAT SQUEEZE, SURVIVING THE HUMAN PROJECT 80’ ; 2008 ; Christophe Fauchere; Tiroir À Film ; TM4231 Documentaire de sensibilisation sur les pressions exercées par les activités humaines sur la planète composé d e nombreuses interviews, d ´images d ´archives et d e courts extraits d e films. Depuis 200 ans, les activités humaines ont amené une grande partie de la planète à un niveau de vie jamais égalé dans l´histoire humaine mais ce développement s´est réalisé au détriment de l´environnement. Le film explore les crises écologiques et économiques causées par ce développement dépendant des énergies fossiles au sein d’un système où tous les pays sont liés entre eux par des enjeux financiers ou alimentaires. Il est urgent de modifier certains comportements pour adopter une vision du monde plus respectueuse des limites de ce que peut nous offrir l´environnement. Recycler, réduire notre consommation et notre croissance pour se rapprocher d´une économie d´équilibre, réduire les échelles de nos actions, tendre vers une agriculture biologique qui s´éloigne d´un modèle industriel, etc. Voici quelques pistes proposées ici pour un nouveau modèle. L’INDUSTRIALISATION EN IMAGES 12 13 Le cinéma, art massif, art idéologique aussi, a valeur de témoin écologique. Mais cette fonction testimoniale s’entend doublement: si le cinéma, surtout sous son versant docu - mentaire, s’est fait parfois enregistrement du délabrement, preuve visuelle d’un cancer industriel, il témoigne aussi dans la mesure où il occulte, véhicule un imaginaire encore et toujours enfermé dans un optimisme technologique et politique que la réalité environnementale ne cesse de désavouer. Cinéma-symptôme, qui demande à être lu à l’envers pour que s’y laisse déceler son accointance congénitale avec tout ce qui n’a cessé de propulser le désastre – le capi - talisme. Telle est donc aussi la méthode de cette série: aller interroger, outre les spécia - listes des images, des savants aptes à voir dans les films des problèmes que nos yeux cinéphiles ne perçoivent que mal. Manière de croiser les regards, parce qu’il n’est rien de plus fertile que la rencontre de termes supposés sans rapport. C’est dans cette optique que nous sommes allés frapper à la porte de Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des tech - niques et de l’environnement, pensant avec raison que son regard éloigné nourrirait des réflexions enrichies par une connaissance aiguë des problématiques écologiques. Et cela d’autant plus que ses recherches ont visé à déstabiliser des certitudes dont le ci - néma majoritaire se repaît encore massive - ment: au cœur de son travail se trouve un souci d’historiciser la « réflexivité environ - nementale », pour montrer que la soi-disant « prise de conscience » dont trop de discours nous disent qu’elle est nouvelle-née, et donc prometteuse de changements, date en réalité de plus de deux siècles. Le constat exposé dans l’Apocalypse joyeuse, soutenu par une puissante érudition, se résumerait ainsi: la conscience du risque industriel, loin d’être tardive, est apparue dès les premiers jours de l’industrialisation; les sociétés oc - cidentales n’ont pas fait preuve d’aveugle - ment, simplement de calcul, en intégrant le risque au marché pour le plus grand profit du capitalisme. Si donc la réflexivité envi - ronnementale n’est pas neuve, proclamer aujourd’hui l’idée d’une conscience enfin advenue revient à faire le jeu de cette raison calculatrice: ladite conscience a toujours été là, et n’a rien changé au jeu des pertes et profits. Gloser sur les leçons de la postmo - dernité, c’est faire preuve d’un optimisme malvenu misant à l’excès sur une réforme des sensibilités. Co-écrit avec Christophe Bonneuil, L’événement Anthropocène a continué cette généalogie des pratiques industrielles et des discours officiels, pour montrer, là encore, ce que cache ce grand ramdam de la révélation, pour critiquer aus - si l’idée que « l’homme » serait à l’origine du détraquement contemporain quand ne sont en causes que certains groupes – les puissants. Recherches qui visent à repolitiser l’histoire environnementale, pour instruire un nouveau partage des responsabilités, pour rappeler qu’une certaine raison écono - mique est à l’origine du désastre annoncé – cela contre certains penseurs trop heureux de voir en l’événement écologique l’occa - sion de jeter par la fenêtre la vieille ques - tion de la guerre sociale. Recherches qui aiguisent le regard porté sur le cinéma: ce dont nous parle ici Jean-Baptiste Fressoz, c’est d’un cinéma considéré comme avatar des aventures de la conscience, du féti - chisme technologique aux options ouvertes par des œuvres encore discrètes mais por - teuses d’une vision salutaire. Commençons par une question ouverte : estc e qu ’il y a des films vous interpellent plus que d ’autres, par rapport à vos interroga - tions sur l ’ é cologie ? Jean-Baptiste Fressoz: Récemment, j’ai été frappé par l’op - position entre Interstellar et Gravity. Le premier, que je trouve assez mauvais en termes d’écologie politique, serait le parangon d’une certaine tendance de la science-fiction contemporaine à se focaliser en priorité sur la technique, au détriment de l’en - vironnement. Face à la crise environnementale, la plupart des scénarios n’envisagent que des solutions techno-scientifiques, celle d’Interstellar représentant la tendance extrême puisque le plan est purement et simplement de se barrer de la Terre. À aucun moment du film il n’est question d’une possible solution biologique à la crise, d’un aménagement de l’écosystème – des rotations différentes pour les récoltes, d’autres variétés de se - mences –, ne serait-ce que comme hypothèse, et cette absence en dit long sur l’idéologie techniciste régissant la narration. Le film est par ailleurs très agressif vis-à-vis de l’écologie politique. Il y a cette scène, au début, où la directrice de l’école entend rappeler à Matthew McConnaughey que le programme Apollo n’a en réalité pas existé, que les Américains n’ont jamais vrai - ment marché sur la Lune, que tout cela ne fut que mise en scène visant à ruiner l’URSS en l’incitant à investir excessivement dans la « guerre des étoiles », et surtout que cette théorie du com - plot doit s’imposer pour éviter que le rêve spatial ne donne des illusions trompeuses aux jeunes. Ce qui signifie, en creux, qu’un pouvoir écologique aurait une politique digne d’un État totali - taire, qu’il réécrirait l’histoire comme dans 1984. Il y a tout de même eu quelques articles qui se sont évertués à démontrer que le film contenait une dose d’écologie, mais tout ce qu’on pour - rait trouver allant dans ce sens, est l’idée que l’habitabilité est rarissime, qu’on ne peut pas s’implanter partout – morale un peu légère en regard du reste. Gravity fournit un antidote extraordinaire au film de Nolan. Tout son récit tourne autour de l’impossibilité de sortir du berceau terrestre, alors que le voyage intergalactique à la Nolan ne fait que rejouer, sur une autre échelle, le vieux mythe américain de la Frontière. Cuarón, lui, s’emploie à montrer toute la fragilité des appareils permettant de vivre, et dans des conditions pour le moins inconfortables, hors de l’espace terrestre. Il suffit qu’un satellite soit détruit pour que tout s’effondre. À côté de ça, il y a la trajectoire symbolique de Sandra Bullock, infantilisée pendant tout le film pour ne devenir adulte qu’une fois revenue sur la terre ferme. Le scénario de la renaissance est souligné à l’envi (le câble-cordon ombilical, le parachute-placenta, etc.). La morale finale, c’est aussi cela: à l’inverse des spatiaux enfantins, seule la Terre permet à l’humanité de devenir adulte. L’ANTHROPOCÈNE ET LE CINÉMA Interview 12 14 15 Un autre film qui m’a intéressé, c’est Snowpiercer, parce qu’il commence sur la faillite de la géo-ingénierie. Y est mise en scène une catastrophe qui, loin d’être la conséquence du chan - gement climatique, est celle des techniques utilisées contre ce - lui-ci, et ce à l’heure où de plus en plus de gens, souvent aux intérêts bien placés, se font les défenseurs de cette stratégie. Il s’agit d’ailleurs d’une trouvaille de Bong Joon-ho, absente de la bande-dessinée originale, Le Transperceneige. Autrement, dans un registre plus « cinéma indépendant », il y aurait Night Moves, pour ce qui touche à la question du combat écologique à mener aujourd’hui. Mais justement, par rapport à cette dimen - sion militante, le film pose problème: d’une part par cette figure de l’eco-warrior, teintée de survivalisme à l’américaine, d’autre part parce que cette concentration sur une poignée d’individus héroïques témoigne d’une certaine impossibilité de penser une écologie sociale et collective. Or, l’un des résultats de la re - cherche en histoire environnementale est précisément de sou - ligner le caractère absolument général des oppositions contre les techniques les plus dommageables de l’anthropocène. Nul héroïsme ni prescience: simplement la volonté de préserver des formes de vie jugées bonnes contre des intrusions industrielles et techniques évidemment nuisibles. Par exemple, à ses débuts, l’automobile nuit à l’essentiel de la population pour satisfaire le désir de vitesse d’une toute petite élite. Dans les années 1920, dans le canton des Grisons en Suisse, une dizaine de référen - dums pour autoriser l’automobile individuelle échouent. Vous avez évoqué la technophilie du cinéma américain contemporain . J-B F.: C’est un point essentiel: l’immense majorité des films, même ceux qui se veulent critiques, porte avant tout sur la tech - nique. Peut-être aussi parce que l’environnement est une chose plus difficile à mettre en scène, mais plus profondément, je crois, en raison d’une affinité naturelle du cinéma, art technique s’il en est, avec toutes les machines du siècle. Au fond, ce primat de la technique n’a rien de récent, il est là dès Metropolis sinon même avant. La caractéristique propre au cinéma contemporain, ce serait que, malgré certaines angoisses qui transpirent ici ou là quant à l’environnement, il est en proie à un indéracinable optimisme. La science-fiction ne parvient pas à se départir du spectacle tech - nologique. Chose très sensible dans un film pourtant à tendance éco-marxiste comme Elysium. Neil Blomkamp y divise la société en deux classes complètement opposées, sans moyen terme: les riches vivent dans un paradis technologique séparé, hors du sol terrestre, quand le reste du monde n’est plus qu’un vaste dépotoir très nettement inspiré de l’image - rie étatsunienne des bidonvilles d’Amérique du Sud. C’est là un trait aussi courant que navrant au sein du genre post-apocalyp - tique: le chaos environnemental n’y fait que généraliser, en définitive, la vie quotidienne dans les pays du Sud; la catastrophe, c’est tout bonnement le retour au sous-déve - loppement, avec toutes les visions orienta - listes que cela suppose. Mais passons : à la fin du film, le héros, Matt Damon, réussit à s’infiltrer chez les dominants, et tout ce qu’il trouve à faire, c’est d’offrir gracieusement ces magnifiques technologies aux miséreux habitants de la planète. La dernière scène montre l’arrivée d’un hôpital hyper-électro - nique dans un pays africain, avec de gentils robots soignants des bambins faméliques. Tout cela est d’un tiers-mondisme de mau - vais goût. Ce qui est notable, toutefois, sur - tout depuis la crise économique de 2008, c’est bien le pseudo-marxisme d’un grand nombre de films de science-fiction contem - porains – pensez à Hunger Games –, même s’il s’agit d’une lutte des classes spectacula - risée, cuisinée à la manière hollywoodienne. On retrouve également cette tendance dans Time out, qui plus ingénieusement s’amuse à scénariser une société où le temps serait littéralement de l’argent. Mais j’ai le sentiment qu’au fond la figure d’Iron Man n’a toujours pas été dépassée. L’entrepreneur à succès est toujours en même temps un inventeur de génie, et le progrès économique va main dans la main avec l’avenir technologique, selon une vi - sion très linéaire du lien entre innovation et croissance économique. Et c’est bien ce genre de film qui négocie le consensus ac - tuel et modèle l’imaginaire du futur. Il existe une anecdote amusante à ce propos. Il y a quelques mois, Lockheed Martin, l’une des plus grandes firmes d’armement au monde, a déclaré avoir découvert le secret de la fusion nucléaire réalisable à des tempéra - tures relativement faibles et donc avec des dispositifs légers. L’annonce allait avec tout un discours quant aux riches potentialités humanitaires de la chose, puisque ce serait la clé d’une énergie gratuite et illimitée. Mais dans les années soixante-dix, les OGM ont été pareillement vendus comme la grande technologie verte qui éradiquerait la faim dans le monde, et on est encore à attendre un grand film sur les ravages de Monsanto. Mais cette idée de la fusion, d’une énergie infinie, miniature et gratuite, c’est bien celle qui est à la base d’Iron Man, et on pourrait même se demander si Lockheed Martin n’a pas simplement fan - tasmé son image à partir du modèle que lui offrait Tony Stark, qui, avant d’être un su - per-héros, est un marchand d’armes. C’est un truisme désormais que de dire que la science-fiction influence les discours et les pratiques technologiques, mais il faudrait se livrer à une analyse serrée pour observer dans le détail ce genre de coïncidences. Pour voir par exemple ce que l’engoue - ment actuel pour la géo-ingénierie doit à la science-fiction avec tous ses projets de terraformation de Mars. 14 16 17 C’est vrai qu’il y a une affinité élective entre le cinéma et les gros appareils industriels et machiniques du siècle, objet d’un nombre infini de gloses. Mais au-delà de cette coïncidence historique, on s’est rarement penché, je crois, sur le cinéma comme « art du carbone », ou comme art énergivore par excellence. J-B F.: Ce n’est pas un hasard si le plus gros émetteur de Co2 de la planète, les EtatsUnis, est aussi en position d’hégémonie culturelle mondiale. Le cinéma a été, est toujours la projection culturelle d’un certain capitalisme, le capitalisme fossile, quand le capitalisme agraire du XIXe siècle se projeta plutôt, lui, dans le roman réaliste. Et c’est à ce titre que l’automobile, qui est la technologie-phare de l’Anthropocène, y tient un rôle aussi central. Le récent Drive, esthétisant à outrance Los Angeles et les grosses cylindrées, montre l’inertie profonde de ce mariage. Il y a évidemment un lien très fort entre le mouvement – la voiture, mais aussi, dès les frères Lumière, le train de la Ciotat –, le carbone et le cinéma. En ce sens, il serait réellement l’art de l’Anthropocène, d’une part par cette collusion objective avec toutes les dépenses énergétiques qu’il exploite et met en scène, d’autre part par son rôle de propagation idéologique de l’American Way of Life. Les recherches ne manquent pas, qui ont montré comment le cinéma, dans l’aprèsguerre, a été l’outil majeur d’une certaine naturalisation d’un cadre de vie confortable et luxueux, de l’ameublement moderne (et dépensier) du monde. Pour lutter contre le communisme, Eisenhower a mis sur pied en 1953 le United States Information Agency, dont le slogan « Telling America Story » disait bien la fonction de propagande soft qu’endossait le cinéma, à qui il revenait la charge de produire le nouveau Grand Récit américain. Et cela venait juste après les accords Blum-Byrnes de 1946 qui ont libéralisé les écrans européens et rendu possible une diffusion de masse des films hollywoodiens. Le cinéma hollywoodien a fonctionné comme un immense dispositif de « placement des produits », c’est bien connu pour le cas de la cigarette, mais c’est également le cas pour l’automobile. Le livre de Kristin Ross, Rouler plus vite, laver plus blanc : Modernisation de la France et décolonisation au tournant des années soixante, raconte très bien cette instrumentalisation du ciné- ma à des fins, entre autres, d’exportation économique. On a du mal à imaginer aujourd’hui ce que pouvait représenter pour un Fran- çais de l’après-guerre l’abondance d’objets que mettaient en scène les films hollywoodiens. Ce qui est intéressant et ce qui témoigne d’une modernisation déjà réflexive dans les années 1950-60, c’est de voir à quel point le cinéma français de l’époque se montrait très critique vis-à-vis de cette excessive profusion. Il y a par exemple ce film de Robert Dhéry sorti en 1961, La Belle Américaine. Le héros y récupère par hasard une énorme bagnole yankee, qui, parce qu’elle n’est pas aux dimensions de son existence, la bouleverse entiè- rement. Le retour à la normale s’effectue par une re-socialisation de la voiture dans l’espace français : le héros, qui avait perdu son emploi à cause d’elle, devient vendeur de glaces ambulant et s’en sert pour faire ses tournées – ce qui bien sûr représente un détournement d’usage. Les films de Tati, dès Jour de fête et la comparaison entre facteurs américains et facteurs français, appartiennent à la même veine moqueuse. Ce n’est qu’avec la Nouvelle Vague que l’équation s’inverse: l’hommage permanent au cinéma hollywoodien va avec une revalorisation des grosses bé- canes, comme dans A bout de souffle ou Ascenseur pour l’échafaud. Au cœur de vos travaux, il y a une historicisation de la réflexivité environnementale de nos sociétés. Vous montrez, contre un discours aujourd’hui majoritaire qui voudrait faire croire que la conscience du risque écologique est d’une apparition récente, que celleci date des premiers jours de l’Anthropocène, dès le tournant du XVIIIè au XIXè siècle, mais que, fondamentalement, elle n’a pas altéré les politiques pro-capitalistes, que le risque a finalement été intégré à l’économie plus qu’il ne l’a réformée. Quelle serait l’histoire de cette conscience au cinéma ? Est-il, de ce point de vue, la pure émanation idéologique des discours que vous décortiquez, ou bien peut-on y apercevoir les signes d’une possible tangente historique ? J-B F.: Ça rejoint ce qu’on disait à propos de la concentration exclusive sur la technique. Le cinéma, l’hollywoodien tout du moins, semble incapable de représenter le collectif en tant que tel, d’une part l’environnement, mais aussi la communauté réflexive. Le récit classique, en la matière, continue de tourner autour de la figure du lanceur d’alerte solitaire, sans trop de moyens et en conflit avec une grande firme omnipotente: Erin Brockovich, seule contre tous, ou toutes les déclinaisons possibles du savant génial et isolé qu’on trouve dans les films d’Emmerich et Cie. C’est là une image très traditionnelle, très désuète du scientifique. Comme s’il était impossible de représenter quelque chose comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), soit une communauté de savants mettant des années à s’entendre sur un diagnostic, à construire des preuves, à convaincre des collègues, etc. La conscience est encore et toujours logée dans l’individu extraordinaire, alors qu’en réalité il s’agit d’emblée d’un produit collectif. Cela entraîne des grands récits de la sensibilisation qui, nous fait-on croire, serait la panacée écologique par excellence. Et c’est là que je ne suis pas trop d’accord avec certains discours d’aujourd’hui: au fond, les gens sont déjà sensibilisés, en France par exemple tout le monde ou presque s’accorde sur la question du changement climatique, des excès productivistes, de la violence industrielle faite aux bêtes à viande, mais je doute que la conscience, en soi, bouleverse réellement les comportements. Je dirai même que tout miser sur la prise de conscience, c’est exonérer et donc dépolitiser nos pratiques. On trouve d’ailleurs de nombreux indices cinématographiques d’une réflexivité plus ancienne. Ce qui me frappe, c’est à quel point il y avait des grands films écologiques dans les années soixante-dix. Qu’on pense à la fin de La Planète des singes, avec la Terre entièrement nucléarisée, ou surtout à Soleil vert. Ce dernier est adapté de Make Room! Make Room! de Harry Harrison, livre on ne peut plus néo-malthusien, imprégné de tout le discours de l’époque sur le péril 16 18 19 démographique. Ce qui, parenthèse, relève de la pure fiction idéologique: en réalité, la démographie, si elle n’est pas sans effet, reste un facteur très secondaire de la crise environnemen - tale. La majeure partie des dépenses énergétiques est le fait d’une minorité, et un des problèmes de la notion d’Anthropo - cène c’est qu’elle gomme cette inégalité première en insistant sur une responsabilité générale de « l’homme », quand ne sont véritablement en cause que certains groupes sociaux. Mais Fleischer a réussi à tirer le film dans une autre direction. Si le fantasme démographique reste présent, la question climatique passe au premier plan, et avec une force dans la mise en scène qui depuis n’a guère été égalée. Le générique de début présente un génial raccourci historique de l’Anthropocène – du train à la voiture jusqu’à la transformation intégrale du paysage, pour fi - nir à l’explosion démographique de New-York en 2022, avec ses températures surélevées et sa population qui se nourrit de plancton. Solution déjà très écolo! Mais qui, montre le film, n’em - pêche pas les émeutes de la faim; on peut peut-être voir dans ce film une critique des impasses de certaines solutions vertes. Soleil vert est donc précurseur à plus d’un titre. Il montre aussi qu’être riche, dans l’Anthropocène, c’est avoir un environnement préservé, avec la technique comme rempart contre la dévastation généralisée qui ne touche que les plus pauvres. Et puis il y a la scène géniale du mouroir, où l’on projette à Edward G. Robinson, avant qu’il ne soit euthanasié, des images de la Terre d’avant le désastre, toutes en joliesse champêtre et en lyrisme bucolique. C’est une métaphore avant l’heure de Yann Arthus-Bertrand, de toute cette logique qui consiste à dérober le plus de « belles images » possible à la planète avant qu’elle ne meurt, au lieu de tenter de sauver le navire. Il y a un côté mortuaire, étrangement mélancolique dans ce genre d’acte photographique: les images de la verte planète, ce sont les effigies d’un mort, comme celles qu’on réalisait aux temps pionniers de la photographie. Soleil vert date de 1972. Avant cela, en 1965, Lyndon Johnson avait fait un discours au Congrès où il mentionnait déjà le chan - gement climatique. La réflexivité environnementale ne date donc pas d’hier, ce qui infirme l’idée popularisée en 1986 par Ulrich Beck voulant que la conscience soit encore à venir, que le futur se verdira et donc que tout sera sauvé par cette responsabilisation réalisée in extremis. Ce qui devrait inquiéter, c’est que, malgré l’ancienneté de cette dite conscience, rien n’ait vraiment bougé. Finalement, j’ai l’impression que là où il y a le plus d’environnement, c’est dans les films pour enfants. Peut-être parce que le cinéma d’ani - mation peut plus facilement anthropomorphiser les animaux ou les plantes. Une des grandes beautés du cinéma de Miyazaki tient à cette personnalisation de la nature, qui renvoie à d’autres cosmo - logies que la nôtre, telles que celles analysées par Philippe Descola, dans lesquelles la nature est pensée comme un ensemble d’acteurs. Et, d’ailleurs, cette nature n’y est pas forcément bonne et généreuse à l’égard des hommes qui l’habitent et l’outragent. Mais justement, cette figure de la nature ven - geresse, individualisée comme un personnage, commen c e à se répandre au -delà des frontières de l ’animation. E t on se demande si c e n ’est pas là l ’after -effe c t de la diffusion des théories de Crutzen sur l’Anthropo- cène ou surtout de Lovelock sur Gaia, qui défend l’idée d’une nature comme « être vivant », donc aussi comme individu qui, parfois, peut se montrer légèrement courroucé par sa progéniture humaine. Ces notions ont été assez rapidement appropriées dans certains se cteurs, estc e que c e n ’est pas aussi le cas au cinéma ? J-B F. : En fait la pop science de Lovelock (et de Lynn Margulis qu’on a trop tendance à oublier) fut im - médiatement reprise par la pop culture. Dès 1985 la BBC réalise un thriller écolo-politique, The Edge of Darkness dont la dernière scène montre l’éclosion de fleurs noires, prémices de la guerre que Gaïa mène contre l’humanité. Ses écrits ont donc eu un impact très rapide, surtout en Angleterre, d’autant plus que son idée d’une terre-orga - nisme, nullement originale, charriait avec elle trois siècles d’écrits de théologie naturelle Mais récemment, le grand film sur Gaia, c’est Avatar. Mon co-auteur Christophe Bonneuil fait remarquer combien ce film oppose deux grandes formes d’usage de la nature: l’exploitation minière typique du capitalisme fossile des XIX e et XX e siècles avec la firme terrienne débarquée sur Pan - dora, et la vision néolibérale en plein essor actuellement d’une valorisation généralisée des services écosystémiques que défendent les Na’vis. Le film tend évidemment vers la seconde option. En cela, il est assez ré - vélateur du nouvel horizon du capitalisme, pour lequel la conservation de la nature devient en soi une source de profit. Avatar n’est pas un grand monument écologique, seulement une bonne promotion du capi - talisme vert, qui, au lieu de valoriser les stocks, se concentre sur les flux, les réseaux et l’écosystème. Et que celui qui sauve les Na’vis soit un jeune et bel Américain blanc, même si handicapé, montre bien dans quelle perspective on se place: le salut éco - logique viendra d’une illu - mination-rédemption des tenants du système. On voit aussi que les théories écologiques irriguant la production cinématographique appartiennent aux tendances soft du mouvement. Je n’ai pas connaissance de films ayant tenté de mettre en récit les théo - ries d’Arne Næss sur la deep ecology, sauf chez Miyazaki ou, à la limite, dans La Forêt d’émeraude de Boorman. Mais, encore une fois, cela tient aussi au fait qu’il est difficile de figurer la nature comme acteur, sauf dans des scénarios de la grande catastrophe. Hé - las, ou heureusement, l’Anthropocène ne consiste pas en cela, en un unique désastre ponctuel. C’est un dérèglement progressif, non le grand spectacle de la fin du monde ne laissant pour seul recours qu’un miracle technologique. 20 21 Vous avez justement écrit un article raillant les discours sur les « leçons de la catastrophe », comme si elle était à même de catalyser la prise de conscience et d’infléchir les politiques. I l est vrai que notre époque abonde en dis cours féti chisant l ’apo calypse qui, étymologiquement, est une « révélation » (vous soulignez d’ailleurs le fond millénariste animant une telle idée de la catastrophe ré - demptri c e). E t le cinéma s ’engouffre ave c joie dans cette voie où il trouve la manne d ’un grand spe cta cle renouvelé. Mais quelle serait l ’alternative esthétique à cette fas cination pour le désastre terminal ? J-B F.: Effectivement, le catastrophisme semble dominer la scène cinématogra - phique. Mais je crois que, du point de vue écologique, le post-apo présente plus d’in - térêt que le genre apocalyptique en soi, qui d’ailleurs est apparu plus tardivement. S’y déploie un imaginaire cher à certains dé - croissants, comme dans Mad Max: la pénu - rie de pétrole, c’est-à-dire aussi le déclin des pratiques au cœur de l’Anthropocène, c’est le retour en Barbarie, à la simplicité rustique. Là encore, j’ai le sentiment que le cinéma est comme forcé de prendre cette voie apoca - lyptique, parce qu’il ne dispose tout simple - ment pas des ressources esthétiques propres à lui permettre de figurer une catastrophe slow-motion bien plus proche de la réalité de l’Anthropocène. En plus des leviers idéolo - giques liés aux investissements massifs, qui le font passer du côté du Capital, et du naturel besoin de spectacularisation, il y a l’impos - sibilité formelle, pour une fiction, de mettre en scène un désastre durable. On attend encore un réalisateur capable de faire un film anthropocènique plutôt qu’apocalyptique. Mais il y a déjà plein de petits bouts, notam - ment dans le documentaire. Le Cauchemar de Darwin, qui scénarise parfaitement le thème de l’échange écologique inégal, va dans cette direction, et dans ce sens on peut dire qu’il a une tonalité anthropocènique. Ce qu’il montre, c’est des gens échangeant des armes contre du poisson. Or depuis les années soixante-dix, l’une des artères principales de l’Anthropocène, ce sont les flux entre États-Unis et Moyen-Orient: ex - portation d’armes et importation de pétrole. Après le choc pétrolier, une des manières de solvabiliser les États-Unis fut de miser sur l’in - dustrie de l’armement, dont on sait d’ailleurs combien elle pollue. Le film d’Hubert Sauper parle d’autres échanges, dans d’autres zones, mais, en tant que microcosme, il a aussi va - leur de microscope, et rappelle que l’Anthro - pocène repose aussi sinon avant tout sur des inégalités économiques mondiales. Vous avez réédité les textes d’Eugène Huzar, notamment La Fin du monde par la s cien ce, et travaillé sur les réper cussions littéraires de son œuvre, sur la manière dont ses visions et an - goisses ont été traduites dans un nouveau genre de ré cit, qui serait une des origines du post-apo contemporain. Quelle histoire pourrait-on faire, en amont du cinéma, de la sensibilité é cologique dans les arts littéraires et visuels? Estce que la coupure épistémo -po - litique correspond d ’emblée à une coupure esthétique ? J-B F. : J’ai l’impression qu’il y a eu une transformation esthétique des ruines après 1855, date à laquelle est publié le livre de Huzar. Les ruines existaient comme motif depuis bien longtemps, mais jusqu’aux romantiques elles ne servaient qu’à figurer le passé, à rappeler le sujet contemplatif et mélancolique au souvenir du révolu. Huzar marque un point de rupture. Il est l’un des premiers à réfléchir sur l’avenir de la civilisation technologique et à pré - voir, dès le milieu du XIX e siècle, d’inévitables catastrophes, qui, certes, ne sont pas celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui (par exemple, il se demande si à force de creuser les sols pour en extraire du charbon on ne va pas finir par dé - séquilibrer l’axe de la terre), mais témoignent déjà d’un certain esprit de « futur au carr é ». Les ruines, du coup, changent de sens : elles deviennent signes d’un probable avenir plutôt que du passé. Juste après la publication de La Fin du monde par la science, qui à l’époque a eu un grand retentissement, on voit apparaître plein de petites nouvelles, qui ont été complètement oubliées : Jospeh Méry, Les Ruines de Paris, 1856; Alfred Bon - nardot, Archéopolis, 1858; Hyppolite Mettais, L’an 5865 ou Paris dans quatre mille ans, 1865; Eugène Mouton, La fin du monde, 1872; ou encore Alfred Franklin, Les ruines de Paris en 4875, documents officiels et inédits, 1875. Elles mettent en scène la visite de civilisations barbares dans les ruines de grandes villes détruites par des catastrophes renvoyant à des causalités huza - riennes. Dans Archéopolis, par exemple, l’auteur explique que la multiplication des fils télégraphiques et des chemins de fer détraque l’électricité du globe et donc le climat. Les notes pré - paratoires de Bouvard et Pécuchet ont révélé que Flaubert avait prévu de consacrer le dernier chapitre du livre à la fin des temps et à la crise de la science, en mettant Huzar en bonne place. Une célèbre gravure de Gustave Doré montre un néozélandais contemplant les ruines de l’ombre. Enfin, un bref récit de Jules Verne, « L’éternel Adam », dont on ne sait pas si c’est vraiment lui ou bien son fils qui l’a écrit, raconte l’histoire d’un savant du futur découvrant les vestiges de notre civilisation technologique. Le post-apo, dès sa naissance au milieu du XIX e siècle, a donc déjà une origine écologique, et ce sont bien ces œuvres qui repré - sentent l’archéologie du spectacle hollywoodien. Ce à quoi peut servir l’histoire, en matière d’écologie, c’est rappeler l’ancienneté d’un souci, d’une préoccupation. Cela pour montrer qu’ils ne déclenchent pas automatiquement de stratégies de sauvetage. Entretien réalisé à Paris le 7 mars 2015 par Gabriel Bortzmeyer pour la revue Débordements. 22 23 L’ÉCOLOGIE AU CINÉMA Depuis son plus jeune âge, le cinéma constitue à sa manière une sorte d’état des lieux des préoccupations qui lui sont contemporaines. Né en pleine révolution industrielle, au temps du triomphe idéologique de la science et de la technique, il a accompagné l’émergence des thématiques environnementales et la remise en cause du progrès industriel. Le parcours de la conscience écologique se donne à voir à travers l’histoire du septième art. Le progrès sifflera trois fois. Née de la révolution industrielle, l’invention du cinéma participait à la marche triomphale de la science qui semblait démontrer que tout était dorénavant possible. Autre symbole de cet élan, le train à vapeur était à l’honneur d’une des premières démonstrations spectaculaires du septième art avec L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat (1896) des Frères Lumière. Ce choix n’est pas anodin car le train occupe une place particulière dans l’imaginaire industriel. En réduisant les distances et donc le temps, en détrônant les chevaux et en conquérant les espaces vierges qui séparent les villes, cette machine symbolise cette capacité nouvelle qu’ont les hommes : dompter la nature. C’est particulièrement dans la filmographie américaine que le progrès et la nature se livrent leurs premières batailles cinématographiques et le train y occupe le premier rôle. En 1903, le premier western lui consacre déjà sa pellicule avec The Great Train Robbey (Edwin S. Porter, 1903) où des bandits dévalisent un convoi. La conception du rapport à la nature se manifeste parfaitement dans The Iron Horse de John Ford (1924). Pour réaliser ce grand film épique, John Ford engage ses caméras dans un des plus importants tournages en extérieurs de l’époque. Le long-métrage offre effectivement une grande quantité de plans sur les horizons sauvages et superbes de l’Ouest américain. Mais il s’agit surtout de raconter un épisode mythique de la modernité: la jonction ferroviaire entre la Californie et la Côte Est, « le momentum d’une grande nation » comme le dit le film. L’histoire encore tiède des USA se manifeste à travers toute une série de personnages qui participent de la légende: Lincoln, signataire de la loi qui finance le projet, mais aussi les fameux cow-boys Buffalo Bill et Wild Bill Hickok qui apportent leur contribution. Fondamentalement, jeter ce pont de rails consiste à dompter la nature sauvage (wilderness) que constituent les espaces naturels, symbolisés par les Rocheuses, mais aussi les indiens qui les peuplent (1). Toutefois, la réussite ferroviaire n’est pas qu’une prouesse technologique qui vient à bout de la sauvagerie. Elle est une conquête civilisatrice qui étend le règne du droit et du savoir, notamment la médecine, au sein même de ceux qui y participent. La société que constituent les ouvriers progresse qualitativement grâce à l’œuvre industrielle elle-même. Ceux qui s’opposent au chemin de fer dresseront contre lui la corruption par le sexe, l’alcool et l’agitation pseudo syndicale. La réussite de l’entreprise symbolise donc le progrès général (et national) que propose la technique associée au labeur dans sa conquête non plus seulement des territoires sauvages mais également de la société elle-même. En 1938, Cecil B. DeMille s’empare de ce même épisode de l’histoire américaine avec Pacific Union et le raconte plus ou moins de la même manière en insistant sur la réconciliation entre les esprits pionniers (libertaires) et modernes (respectueux de la loi) que permet la prouesse. Par la suite, le western reste marqué par cette idée que la conquête industrielle ferroviaire apporte le progrès (2) en étendant l’influence de l’Etat moderne. Cette vision du progrès se manifeste aussi dans la filmographie soviétique. Si le western américain exprime une avancée gagnée sur des espaces vierges tout en faisant fi de ses habitants premiers, le cinéma soviétique se concentre sur l’évolution des communautés reculées elles-mêmes, inspirées par le socialisme scientifique et la politique du parti. Dans La ligne générale de Sergueï Einsenstein (1928), la mécanisation de l’agriculture permet à une communauté rurale miséreuse de s’engager sur la voie de l’abondance socialiste en montant une coopérative. La mécanisation de l’exploitation agricole permet l’émancipation de la société et l’abandon des freins que seraient la religion et l’exploitation de classe. Le film reste fameux pour les montages audacieux des chaînes mécaniques qui expriment le triomphe de la technique, du kolkhoze et de l’agriculture intensive sur les aléas de la nature. Le Premier maître (1954, Andreï Konchalovsky) raconte l’arrivée d’un maître d’école dans une communauté kirghize enchâssée dans de superbes montagnes. Son combat pour la scolarisation bute sur les traditions locales et engendre une série de conflits qui illustrent une opposition entre la modernité et les coutumes (3). Le drame culmine dans l’incendie volontaire de l’école par ses plus farouches opposants et le maître, résolu à la reconstruire, abat à la hache un vieux peuplier sacré pour préparer la prochaine charpente. Contre toute attente, il reçoit l’aide du vieil homme qui chérissait l’arbre (et les coutumes). Le film s’achève sur les coups des lames qui entament le bois : l’ancien cède la place au nouveau. Toujours de Konchalovsky, Sibériade (1979), film fleuve (il dure cinq heures), raconte la quête dramatique et obstinée d’une famille pour faire jaillir du pétrole dans un marais putride de la Sibérie. Là aussi, la prouesse technique sur l’environnement n’est problématisée qu’à travers les tensions qu’elle génère au sein d’un même groupe social, un village reculé et animé par une opposition entre deux familles. La réussite de l’entreprise marque l’évolution d’une société rurale divisée vers la modernité et la réconciliation nationale. (1) - Le méchant du film, un propriétaire terrien déterminé à vendre ses terres à la compagnie malgré le détour que cela implique finira par être un obstacle à la réussite de l’opération. Bien qu’il soit blanc, ce personnage a vécu parmi les indiens qu’il menait aux razzias, ce qui illustre d’ailleurs que ces peuples n’entendent rien à la civilisation. (2) - Par exemple, dans 3 :10 to Yuma (1957), le héros doit réussir à mettre un outlaw dans le train qui le mènera à la justice. (3) - C’est à nouveau une locomotive, que le maître fait découvrir à une jeune fille arrâchée à un mariage forcé, qui incarne radicalement la modernité par ses pistons, son métal et sa vapeur. 22 23 24 25 Cette filmographie du progrès ne questionne pas l’impact de l’homme sur l’environnement. Le thème écologique se résume à la lutte victorieuse de l’homme contre la nature. Le tracteur remplace la faux et la locomotive détrône le poney express, le progrès des nations qui s’industrialisent n’est problématique que pour les frileux. La science-fiction et la fin de l’innocence Cette foi presque naïve dans la supériorité inéluctable et progres - siste de la technique sur les éléments naturels rencontre un arrêt brutal avec la Seconde Guerre mondiale et tout particulièrement avec l’avènement de l’énergie atomique et de l’arme nucléaire. Les attaques d’Hiroshima et Nagasaki ébranlent profondément les convictions. Indépendamment de l’horreur guerrière qu’elles laissent entrevoir et qui hantera toute la Guerre froide, leur im - pact écologique est peut-être la première manifestation d’une conscience environnementale naissante. Au Japon, le monstre Godzilla (Ishirô Honda, 1954) déchaîne l’enthousiasme du public et manifeste à sa manière la blessure que la bombe nucléaire a occasionnée à l’imaginaire nippon. Cette créature préhistorique dormait bien paisiblement dans la croûte terrestre mais les at - taques atomiques de 1945 endommagent son refuge et le ré - veillent. Furieux, il libère sa rage contre les villes. C’est la première revanche de la nature. La même année et dans la même veine, le film américain Them ! (Gordon Douglas) décrit la mutation de fourmis en monstres géants suite à des essais nucléaires au Nou - veau Mexique. Après avoir terrorisé une localité, elles trouvent refuge à Los Angeles. Comme le conclut un personnage du film « En entrant dans l’âge atomique, l’homme a ouvert une porte sur un nouveau monde. Nul ne peut prédire ce qu’on y trouvera ». Eperonnée par l’intensité de la Guerre froide, qui culmine sans doute avec la crise des missiles en 1962, la dévastation nucléaire constitue désormais un thème récurrent du cinéma d’anticipa - tion. Mais l’impact se mesure d’abord sur la société humaine. Dans The World, the Flesh and the De - vil (Ranald MacDougall, 1959), un ouvrier noir (Henry Bellafonte) se libère d’un conduit minier et découvre une ville abandonnée face à une menace d’attaque radioactive (4). Dans Panic in Year Zero de Ray Mil - land (1962), une bonne famille américaine échappe à une attaque sur Los Angeles pour être partie en weekend de camping. Ce n’est pas à la pollution atomique qu’ils doivent survivre, mais bien à la déstructuration soudaine de la société qui, à défaut de la loi et de l’ordre policier, sombre dans l’anarchie. L’apocalypse nucléaire ouvre la voie à un cinéma de la fin du monde au sein duquel les thématiques environnementales trouvent un terrain fertile, paral - lèlement à l’émergence des préoccupations écolo - giques caractéristique des seventies. En 1970, l’oublié No Blade of Grass de Cornel Wilde est peut-être le premier film qui se saisit des crises écologiques pour un récit de fin du monde pseudo-contemporain. En égrenant des images de pollution (gaz et marée noire), de famine, de surpopulation et d’explosion nucléaire, le générique laisse supposer que le public auquel il s’adresse est déjà sensibilisé à leur signification. Quant au récit, il raconte la tentative de survie d’une famille face au chaos qui s’installe suite à une épidémie qui détruit toute forme de culture céréalière. Plus connu, le film de science-fiction Silent Running de Douglas Trumbull (1972) est emblématique d’un ima - ginaire écologique en pleine mutation. Dans un futur lointain, la flore et la faune ont complètement disparu de la planète. Les reliquats de la biodiversité sont en - tretenus à titre de curiosité dans les serres de vaisseaux spatiaux. Mais le coût du programme et son inutilité décident les responsables de s’en défaire. Horrifié par cette décision, un botaniste se rebelle. Il sauve une serre et l’envoie errer dans l’espace, seulement entre - tenue par des robots, dans l’espoir que son contenu sera un jour sauvegardé. Si le scénario de ce film pro - blématise ouvertement le rapport que l’homme entre - tient avec la nature et annonce un désastre écologique total, il laisse encore penser que la suprématie techno - logique autoriserait le luxe de se passer du vivant. C’est même cette technologie, incarnée par les robots jardiniers, qui laisse un sursis à la biodiversité. Les perspectives sont beaucoup plus sombres dans Soleil vert de Richard Fleischer (1973). En 2022, l’humanité vit regroupée dans des villes surpeuplées et souffre de famine en raison de l’épuisement des ressources naturelles. Grâce à l’enquête du personnage qu’incarne Charlton Heston, on comprendra que la seule nourriture disponible est constituée de farine humaine. Quant aux désespérés, on leur offre l’assistance pour mourir en paix (avant recyclage en aliment), aidé en cela par la projection des images apaisantes de la faune et de la flore disparues. Désormais, le cinéma de genre, d’abord essentiellement an - glo-saxon, va accompagner et manifester l’émergence des craintes écologiques dans les opinions publiques et les médias d’information. Il grossit à la loupe des peurs particulières : la ra - dioactivité, la surpopulation, la surexploitation… Mais il faudra attendre un peu avant que le cinéma de fiction n’envisage des (4) - Les boulevards vides, les bouchons de voi - tures abandonnées, les immenses bâtiments dé - serts hanteront désormais le cinéma de la fin du monde comme l’illustrent 28 jours plus tard, I am a Legend ou encore la série The Walking Dead. Seule l’adaptation du livre de Cormac McCarthy, The Road par John Hillcott (2009) s’efforce à mettre en scène une nature calcinée, morte, désormais inutile à l’humanité qui l’a détruite. 24 26 27 situations de crise qui soient inscrites dans l’actualité. Les menaces que fait planer l’ave - nir sur l’environnement restent encore large - ment abstraites d’une situation tangible qui soit crédible aux yeux du grand public. L’enfer est de moins en moins vert C’est dans les années 1980 que des crises bien réelles deviennent un argument fiction - nel. En 1985, John Boorman réalise La forêt d’émeraude. Un ingénieur se fait enlever son fils par une tribu indienne à l’occasion d’une visite sur le chantier du barrage qu’il construit dans la forêt brésilienne. Cette entreprise qui implique la déforestation re - pousse les frontières du monde des Indiens qui vivent en harmonie avec leur environne - ment. Après avoir retrouvé son fils qui est désormais un véritable indien, l’ingénieur renonce à son barrage qui sera emporté par des torrents dévastateurs invoqués par la magie indienne. Le film se clôt sur un message d’alerte sur les surfaces boisées chaque jour arrachées à l’Amazonie. S’il va - lorise le mode de vie des Indiens, il veut ac - compagner l’éveil politique de la conscience environnementale dont la préservation de l’Amazonie devient emblématique. En 1986, Peter Weir réalise Mosquito Coast. Ici aussi, c’est un ingénieur américain (Har - rison Ford) qui embarque sa famille dans les forêts équatoriales. Il fuit la décadence américaine pour fonder une nouvelle civili - sation. Son génie technologique contribue à l’édification d’un petit village autonome et culmine dans la construction d’une machine réfrigérante qui produit de la glace. Symbo - lisant à ses yeux le summum de la civilisation et la preuve de la victoire de l’esprit sur la nature, cette glace inutile enivre l’ingénieur qui perd pied avec la réalité. Mais l’aventure tourne au fiasco, la machine est détournée de son usage pour tuer des bandits mena - çants. Elle explose et détruit le village par le feu. Loin de revenir à la raison, l’ingénieur s’entête et entraîne sa famille dans une survie pathétique et l’isolement. Sans affronter de questions écologiques au sens strict, Mosquito Coast offre une réflexion désen - chantée sur le rapport orgueilleux et finale - ment mortifère que l’homme entretient avec la nature. Métaphorique, son pessimisme rend compte de celui qui gagne peu à peu l’imaginaire du progrès. En 1992, trois ans après la tournée mondiale de Raoni et de Sting pour sensibiliser au sort de l’Amazonie, Medicine Man de John McTiernan avec Sean Connery au premier plan exploite efficacement la veine écolo - gique pour un film grand public de facture hollywoodienne. Au cœur de la forêt, un mé - decin s’engage dans une course contre la montre pour trouver la substance naturelle miracle qui soigne les cancers de la tribu qui l’héberge, avant la déforestation de leur ha - bitat. Après les cris d’alarme apocalyptiques et les perspectives romantiques ou philosophiques sur l’écologie, le sous-texte de ce film d’aventure invite à l’action politique. Il confronte des ma - nières d’exploiter les ressources naturelles, tout en déportant la responsabilité sur les lobbies industriels et non plus sur le pro - grès ou l’économie humaine dans son ensemble. La cause amazonienne a ainsi permis au cinéma écologiste de quitter la pure science-fiction pour traiter de l’actualité environ - nementale. Cette alliance doit beaucoup aux atouts très cinégé - niques de l’Amazonie qui repose à la fois sur l’exotisme attractif des tribus qui l’habitent et l’esthétique luxuriante de sa flore et faune. Ces deux ingrédients soulignent, mieux que ne le ferait le trou dans la couche d’ozone (l’autre cause écolo des années 1980), à quel point la dégradation de la nature est coûteuse à l’humanité. Le cinéma anglo-saxon n’est toutefois pas le seul à exprimer la popularisation de ces thématiques. En 1978 déjà, La Zizanie de Claude Zidi opposait un industriel pollueur (Louis de Funès) à sa femme fervente écologiste (Annie Girardot). L’homme coupable et la nature vengeresse À partir des années 1990, le 7 e art semble tenir la menace écolo - gique pour acquise. Le cinéma catastrophe à grands effets spé - ciaux s’empare volontiers du sujet en misant sur le spectacle at - trayant des désastres à venir. Le réchauffement climatique détrône la déforestation et favorise des scénarios tout entiers dévolus aux effets visuels. Le sommet est atteint en 2004 avec The Day Af - ter Tomorrow du spécialiste du genre qu’est Roland Emmerich (Independance Day, 2012). L’effet de serre y provoque un refroidissement global apocalyptique. Les crises environnementales et l’écologie se sont trouvé un allié de poids avec l’industrie cinéma - tographique qui, opportunément, reconnaît en elles des thèmes porteurs, à la fois esthétiques, graves et moraux. L’évolution se fait dorénavant sentir dans la manière de traiter le sujet. En 1996, La belle verte de Coline Serreau porte un regard sévère sur les sociétés modernes dont elle dépeint les nombreux travers. Par sympathie, des extra-terrestres très new age envoient l’une des leurs pour voir comment les choses évo - luent sur la planète bleue. Le constat est sans appel: la pollution et le capitalisme laissent l’humanité à un âge de pierre. Il s’agit de s’en prendre au mode de vie des sociétés industrielles, qui portent en elles les dégâts à venir, et non plus uniquement à une exploitation industrielle mal calibrée. Dans un autre registre, c’est aussi le jugement de la comédie Idiocracy (Mike Judge, 2006) où le héros fait un bon involontaire dans le futur et dé - couvre une société littéralement abrutie par la consommation, totalement incapable d’évaluer les dégâts irréversibles qu’elle a occasionnés à son écosystème. C’est également le constat 26 27 28 29 du film d’animation WALL-E (Andrew Stanton, 2008) qui décrit une planète ensevelie sous des tonnes de déchets et un reliquat d’humains obèses qui erre dans l’espace. C’est aux robots qu’il revient de sauver la planète et le genre humain. Puisque la sensibilisation à l’écologie ne suffit pas à modifier le cours fataliste que semblent prendre les sociétés industrielles, le cinéma n’hésite pas à donner à la nature un rôle plus offen - sif. L’influence du cinéma et des philosophies asiatiques est tout à fait palpable dans un film comme Princesse Mononoke (des - sin animé de Hayao Miyasaki, 1997) où, dans un japon médiéval fantastique, la forêt et ses esprits s’engagent dans une lutte à mort contre les hommes et leur industrie. Face aux menaces que l’homme fait peser sur elle, la nature exprime une conscience propre (5). Happening, film catastrophe hollywoodien de 2008, est dirigé par Night Shyamalan (Le sixième sens, Le village,…), réalisateur d’origine indienne. Contre la menace environnementale, les végétaux produisent des phéromones qui poussent les hommes au suicide. D’abord limité à quelques États américains en guise d’avertissement, le phénomène de - vient mondial à la fin du film. Passées les années de prise de conscience de la crise environne - mentale, la critique se fait plus acerbe. Elle souligne l’irrespon - sabilité des sociétés contemporaines et convoque un châtiment justifié, il ne s’agit plus d’inconscience mais d’une franche culpa - bilité. Le pessimisme écologique est bien ancré dans la fiction à la mesure des contradictions criantes entre les décisions po - litiques en matière environnementale et les recommandations des scientifiques. L’imaginaire cinématographique laisse égale - ment entrevoir un divorce entre les scientifiques, qui sont géné - ralement ceux qui avertissent des catastrophes, et la technologie industrielle pourtant issue des avancées de la science mais lais - sées aux mains du profit capitaliste. La montée en puissance des thématiques et de l’imaginaire en - vironnementaux trouve son apogée avec Avatar (2009) qui est le plus grand succès cinématographique de l’histoire, tant en termes d’audience que de profits. Réalisé par James Cameron (Terminator, Titanic…), le scénario d’Avatar synthétise tous les ingrédients évoqués jusqu’ici. La science-fiction, une indus - trie dévastatrice mue par un actionnariat vorace, un habitat menacé, une esthétique luxuriante qui n’est pas sans rappeler l’Amazonie, un peuple qui vit dans l’harmonie et qui se rebelle et finalement, la nature elle-même qui participe à la défaite des terriens. Comme dans La forêt d’émeraude, le héros provient du monde des agresseurs et devient intégralement membre de la peuplade agressée puis épouse sa cause (6). Mise au goût du jour par des éléments relatifs aux technologiques de réseaux et à la réalité virtuelle, la recette narrative d’Avatar n’apporte finalement rien de spécifiquement neuf. Si le film marque une étape c’est précisément par le fait d’avoir misé sur ces thèmes pour investir un budget de plus de 400 millions de dollars. Ce choix illustre à sa manière une maturité du public dont la mobi - lisation accrédite désormais, et à l’échelle du marché mondial, que la préservation d’un écosystème et la critique d’une indus - trie prédatrice des ressources constituent une trame dramatique crédible et fédératrice. Le retour critique sur l’imaginaire du progrès L’alliance que le cinéma a passée avec la critique écologique est pragmatique. Fruit de ce que le 7 e art a de plus commercial, Avatar démontre que la sensibilité à l’environnement est une corde rentable. Et doublement: d’une part en misant sur une esthétique naturaliste et exotique, et même surnaturelle dans le cas du film de James Cameron, et d’autre part en investissant des enjeux idéologiques qui sont au cœur des préoccupations contemporaines. Il n’en demeure pas moins que le cinéma rend compte d’une évolution idéologique importante qui discrédite d’anciens récits et en autorise de nouveaux. Le progrès tech - nique n’est plus le vecteur infaillible de l’évolution de la société moderne ni le moteur du rapport dialectique qu’elle entretient avec l’environnement. L’idée même d’une tendance au progrès de la civilisation industrielle est remise en cause. L’interprétation de la question environnementale a donc forte - ment évolué. Arrivée dissimulée derrière l’apologie d’un pro - grès technologique qui passe par la domination de la nature, elle profite des horizons inquiétants de l’énergie atomique pour s’inviter dans la spéculation fictionnelle. Visible, elle est d’abord projetée dans un futur plus ou moins lointain, puis elle s’actua - lise dans des thèmes médiatisés, contemporains et mobilisa - teurs d’opinions. La déforestation, la menace des écosystèmes, le réchauffement climatique deviennent des cadres bien docu - mentés de récits qui gagnent en réalisme. L’enjeu s’est déporté du domaine militaire à celui de l’économie. Passée la prise de conscience du problème, les fictions explorent et dramatisent les responsabilités humaines. Elles affûtent leurs critiques contre les mécanismes sociaux et politiques pour désigner les terrains où les enjeux écologiques se jouent réellement. Si la sensibilité environnementale du public permet des succès de box-office inouïs qui encouragent à la solliciter, elle a aussi transformé le sens de certaines images. Celle d’un arbre qu’on abat pouvait évoquer le progrès, désormais elle fait horreur. (5) - Le mythe de Gaïa, la planète mère, est également au cœur du premier film d’animation en images de synthèse à l’apparence réaliste : Life Fantasy : les créatures de l’esprit de Hironobu Sakaguchi (2001).. (6) - Ce processus est récurrent au cinéma : de Lawrence d’Arabie à Danse avec les loups, en passant par Le dernier samouraï, l’ad - hésion du spectateur à l’altérité culturelle passe par la transfor - mation du héros luimême en un Autre. 29 30 31 DES RÉCITS SIMILAIRES MAIS DES ENJEUX DIFFÉRENTS Le retournement critique du cinéma s’illustre bien dans l’évolution de certaines histoires. Similaires sur la forme, elles divergent radicalement sur le fond. En 1911, Griffith réalise The Last Drop of Water, un moyen métrage qui raconte comment une troupe de colons triomphe de la soif et des Indiens dans sa conquête civilisatrice de l’Ouest sauvage. Un siècle plus tard, la même histoire est au cœur de Meek’s Cutoff de Kelly Reichardt (2010). Se fourvoyant dans la piste à suivre, trois familles de colons se perdent dans une nature aride. Ils capturent un Indien et le forcent à les guider vers l’eau. L’errance qui s’en suit, dont l’issue reste ouverte, met en cause l’ambition colonisatrice et sa légitimité. La conquête des espaces sauvages n’apparaît plus comme un idéal de société, elle qui est pourtant au cœur de la mythographie que constitue le western américain traditionnel. Ce désenchantement du progrès se vérifie aussi dans Le Barbier du Sibérie (1998) de Nikita Mikhalkov (frère d’Andreï Konchalovsky) où la conquête ferroviaire de l’est russe est négativement illustrée par une machine effrayante qui fauche les arbres comme des blés, loin du lyrisme d’Eisenstein lorsqu’il filmait une chaîne automatique. C’est encore la science-fiction qui donne la pleine mesure de cette évolution. L’avènement de la bombe atomique introduisit l’hypothèse de la fin du monde que le cinéma a rapidement explorée. En 1951, The Day The Earth Stood still (Le jour où la Terre s’arrêta) de Robert Wise est un des tout premiers films à s’y frotter. Un extraterrestre annonce aimablement qu’une coalition intergalactique s’apprête à détruire la planète pour éviter que les nations humaines, puériles et belliqueuses, n’usent de l’arme atomique et n’endommagent jusqu’à l’univers dans son ensemble. En 2008, un remake éponyme du film (de Scott Derrickson et avec Keanu Reeves) propose une toute autre logique. Ce n’est plus pour éviter la menace atomique que la galaxie s’en prend à l’humanité mais pour sauver l’écosystème de la terre. Et si la version de 1951 proposait l’idée que les robots pouvaient, grâce à leur neutralité, constituer un bon appui à la gouvernance, celle de 2008 leur substitue l’amour, ce sentiment tellement humain qui convainc finalement l’intelligence extraterrestre que l’homme n’est pas qu’un parasite. Le désastre écologique a détrôné l’holocauste nucléaire et les bons sentiments la solution technique. Le progrès que le cinéma appelle n’est plus technologique, il est moral. Au réalisateur, le mot du début et celui de la fin. Entre les deux, des allers et retours entre sa parole et le souvenir de quelques séquences du film restées vives pour moi, spectatrice. Des fragments d’images et de discours se répondent, deux voix se mêlent autour du documentaire « La main au-dessus du niveau du cœur » qui dénonce l’aspect mortifère du travail à la chaîne et l’influence de l’industrie sur l’économie au départ des abattoirs de Droixhe en Belgique. GK: « Le point de départ du film, c’est l’envie d’aller voir ce qui se cache derrière les murs. Cette curiosité est alimentée par le sentiment de se sentir concernée par ce qui m'entoure. À l’époque du tournage, j’avais envie de me confronter à des choses difficiles, ce sujet en était une. J'avais alors une idée de cet espace qui était en fait très éloignée de ce que j'y ai découvert. C’est un monde tellement inconcevable qu’il rend silencieux. Je n’ai pas su tout de suite ce que je voulais dire avec ce film. Il y a tellement d'aspects possibles à traiter. Je me suis passionnée pour le sujet et le sens s’est précisé au fur et à mesure de mes recherches, au fil du temps passé dans les abattoirs… et la question du travail à la chaîne s’est imposée. Qu'est-ce qui permet aujourd’hui à l’économie de fonctionner ? C’est le travail à la chaîne et celui-ci a à voir avec la mort. Que ce soit dans un abattoir ou dans toute autre industrie de chaîne. Il s’agit ici d'une chaîne de dépeçage et non d’assemblage mais c’est le même système, c’est une industrie qui induit la mort, celle du savoir-faire, celle de l’ouvrier, et dans ce cas-ci, celle des animaux bien entendu. Je vois véritablement un lien entre ces peaux de bovins qu’on évacue sur des tapis roulants, « identité » de l'animal, et le travail des hommes qui s'amenuise progressivement pour ne plus devenir qu'un rouage. Il y a quelque chose de dégénéré dans ce système. Ce système économique titube. Il faut savoir aussi qu’un abattoir ne dé- gage pas d’argent mais on continue quand même. L’avenir, c’est toujours plus gros, plus automatisé, plus d’intérimaires. Le contexte d’économie mondialisée accentue ce fait. » 1/ Les hommes, réduits à l’état d’organismes mé- caniques, sont assimilés aux maillons de la chaîne de production, tout comme les animaux qui en sont les produits. Sans musique, ni commentaire, les Interview - 2 VOIES POUR 1 FILM - « Entretien fragmenté » avec Gaëlle Komàr, réalisatrice de La main au-dessus du niveau du cœur. Daniel Bonvoisin - Media Animation 32 33 mouvements de découpe des animaux se répètent dans une seule longue séquence dont la continuité est assurée par la bande son : le bruit de la machine à fendre les porcs. La redondance des gros plans dénonce la contrainte imprimée sur le geste de l’ouvrier. Les mouvements des corps sont limités à leur utilité dans la production, ceux des animaux autant que ceux des ouvriers. Le statut d’homme-machine accompagne celui d’animal-marchandise. Avec la répétition et le séquençage du travail, l’industrie asservit les corps, le temps et l’espace. Les lieux sont littéralement envahis, comme remplis, par le bruit. Un bruit qui ne laisse place à aucune alternative sonore, qui isole et meurtrit. On ne sait plus alors, si les boules Quies protègent ou enferment encore davantage les ouvriers dans leur geste monotone. GK: « Le travail avec la monteuse, Fanny Roussel, a duré presque 5 mois. Tout le travail de montage a consisté à créer la ligne de fuite. Le choix du silence, ou plus précisément de l’absence de commentaire, a été le plus difficile à faire lors de l’étape du montage. En effet, je tenais beaucoup aux entrevues de plusieurs ouvriers mais nous ne parvenions pas à les insérer sans dévier mon point de vue ou sans devenir redondant. Cela amenait à la notion de nostalgie, ce n’est pas ce que je voulais raconter. Parallèlement, j’ai voulu rester très respectueuse des animaux et des hommes. Le montage est une étape des plus décisives. Il consiste aussi à éliminer des choses auxquelles on tient, comme ces entrevues par exemple ». 2/ La machine métallique a conquis tout l’espace, du sol au plafond. Elle y découpe et organise une enfilade de couloirs de contention, d’aires de stockage et de rails suspendus. L’échelle du lieu ne semble plus humaine. Les poulies trahissent le poids des corps à soulever. Les hommes s’affairent et sautent d’une plateforme surélevée à l’animal tombé au sol. Ils courent, au service d’une mécanique qui demande à être alimentée en imposant sa propre cadence. On voit, au fur et à mesure des corps de vaches qui s’effondrent lourdement sur le sol, comme le vivant résiste à la standardisation : des étourdissements à réitérer pour venir à bout d’une conscience qui résiste, des corps qui glissent au-delà de la butée censée les retenir… GK: « Le film est divisé en 3 parties. Dans la première partie, on y éprouve l'industrie. Une tentative en image et en son de ce que peut être le travail, l'abattage et le dépeçage à la chaîne. Sans pour autant vouloir torturer le spectateur, l’idée est qu’il soit confronté au lieu, au travail, qu’il sente les choses et le son permet d’éprouver l’espace. Il me donne un élément qui me permet de travailler sur l'impression de manière plus malléable que l'image. C’est là aussi que la dimension sonore fut décisive. 3/ La première partie du film invite à ressentir le lieu. Une aération en haut d’un mur grisâtre tourne vainement pour évacuer l’odeur que l’on devine infâme. Le dernier souffle d’une vache mourante forme une discrète buée en se heurtant au froid ainsi révélé. Le sang est présent partout. Il inonde le sol, coule sur les bottes, éclabousse les épais tabliers et tache les vêtements. On le sent presque. La douceur des peaux animales, la chaleur des corps, l’humidité du lieu, la dureté des lames de métal que l’on aiguise…, les matières sont palpables. Puis le bruit de l’abattoir devient celui d’un rouage. Rétrécissement des champs visuel et sonore, flou et la machine s’arrête. Plan suivant. Nous sommes dans un salon dédié à la mécanisation des équipements. Premier et rare moment de parole, une voix commente une simulation informatique de la chaîne de dépeçage. L’ouvrier est maintenant une silhouette grise. Devenu « opérateur de taille standard », il répète un geste : égorger d’un coup de lame les cochons dont les corps défilent devant lui. Le séquençage du travail s’accompagne de mesures. On mesure l’humain, on mesure le temps, on additionne les unités de production, on calcule les coûts. Il faut éliminer le mouvement superflu, la pensée inutile, l’action parasite qui ralentit le flux de production en même temps que l’on se préoccupe d’intégrer au calcul des données ergonomiques. La main ne doit ainsi jamais se placer plus haut que le niveau du cœur. Étrange processus qui fait se combiner contraintes morphologiques et économiques sous forme de chiffres et de standards. À partir de cette séquence, les images et les sons de l’abattoir, imprimés de manière sensible dans la mémoire du spectateur, hantent les graphiques et les mots de la seconde partie du film. GK: « La première partie permet de donner du sens à la seconde en jouant sur le contraste entre les deux espaces. Il faut avoir vécu cette première partie pour que le mot « opérateur » révèle toute son absurdité. Comment le vocabulaire peut à lui seul parfois devenir éloquent. La réalité en dehors des murs, celle des contingences économiques, quel est le vocabulaire qu'on y utilise. L'abîme entre les deux « mondes » et le risible qui s'en échappe si on prend la peine de s’intéresser à la réalité du premier. Ici, on brise les murs et on joue parfois les correspondances. Avec humour ou avec effroi. 4/ Au détour d’une allée, un gant en côte de maille enferme un point mé- canique qui se serre et se desserre inutilement mais inlassablement. Des tapis roulants font s’entasser des assiettes vides dans une poubelle. Sur un fond musical sans âme, on vend ici du travail à la chaîne. Les regards sont fascinés devant cette mécanique de la mort et du vide. La musique fait progressivement place au bruit des machines de l’abattoir. Ce bruit dont on ne mesure vraiment l’intensité qu’au cours du silence qui survient alors que l’image se poursuit dans un plan fixe sur une ouvrière. Et puis, un homme explique les contraintes du travail pour la grande distribution. Certains des mots qu’il prononce prennent une teinte dérangeante, car ils sont confron- 3/ De 44’37 à 49’06: une séquence charnière 4/ 49’06 à 57’14 : la mécanique du vide 1/ De 39’23 à 45’05 : un travail morcelé dans un bruit continu 2/ De 10’08 à 20’49 : la cadence et le vivant 34 tés au souvenir des images et des sons d’abattoir : « la nécessité d’être agressif au niveau des prix,… la haute cadence requise,… écraser les coûts… ». Le vocabulaire se heurte à la réalité éprouvée par le spectateur précédemment. GK: « En termes de grammaire audiovisuelle, j’ai su très tôt que je voulais des plans fixes et larges pour certaines étapes. Peu de coupes en général pour ce qui est du travail de chaîne, évitant l’ellipse et le raccord dans le mouvement en ce qui concerne les différentes étapes d'abattage. Le choix du 4/3 c'est fait très tôt, un format plus carré pour aller dans l'industrie, pour la découper. Et puis avant de faire ce film, j’ai fait beaucoup de photo et de la super 8. Ce format me rappelait plus le 24/36 ou le S8. Il y a très peu de mouvement de caméra. Le choix des mouvements est arrivé plus tard et sur des plans bien décisifs. » « neck up », « neck down », quelques pressions sur des boutons et, en quelques secondes, la vie passe à la mort. L’animal sur pattes voit défiler dans lui les corps suspendus encore agités de ses p r é d é c e s s e u r s . La chaîne ne se soucie pas de ce que voit et ressent l’animal à ses derniers instants. Il est déjà viande, matière. Pourtant, l’animal ne semble jamais tout à fait mort. Le regard de la vache en attente face caméra demeure vif sur la tête de son cadavre nu. Des contractions musculaires involontaires parcourent toujours la tête suspendue. L’image laisse un doute, entretient l’ambigüité, met en tension. Il y a toujours de quoi ne pas considérer les choses comme allant de soi, ne pas se fier à l’apparent confort de ces gestes mesurés, à ces procédures standardisées, à cette mort que l’on pense adoucie. GK: « Le documentaire est un vecteur pour aller vers l’autre, découvrir ce qui m'entoure, tenter de le comprendre un peu mieux et de me comprendre un peu mieux par la même occasion. Le travail de la forme était pour moi tout aussi important que le sujet lui-même. Dans le choix de faire du documentaire, il y a forcément une démarche politique… mais le travail de la forme est pour moi tout aussi politique. Développer sa propre écriture au sein d'un sujet et traduire ce qu'on entretient avec celui-ci. Recréer par le biais du son, de l'image, du montage, la formulation de quelque chose qu'on a découvert et lui trouver son écriture. Je ne voulais pas utiliser les codes de langage préétablis. Je ne voulais pas non plus utiliser les codes du genre pédagogique. Le système économique choisi induit le type d'industrie qui nous approvisionne, qu'il soit alimentaire ou culturel. Manifester son désaccord avec un système en utilisant les codes qui le sert, ça me semble paradoxal… Il y a dans le documentaire un terrain très fertile à la résistance, tant par les sujets qui peuvent être traités que par les langages qui s'y réinventent. » Frédérique Müller PointCulture Référence: La main au-dessus du niveau du cœur - Gaëlle Komàr - Aliias Geko & WIP - 79’ - 2011 5/ De 59’24 à 1’03’31 : entre la vie et la mort 34 ET MÉCANISMES HISTOIRE DE LA MACHINE CLIMATIQUE 36 37 Documentaires TIPPING POINT 90’ ; 2011 ; Nicolas Koutsikas & Laurence Jourdan ; Georama Tv; TM8551 Documentaire sur le lien entre réchauffe - ment global et qualité des océans. Les océans sont parmi les premiers à être concernés par le réchauffement clima - tique. De très nombreux scientifiques insistent ici de concert, sur un ton grave et nourri d’informations, sur l’impact des rejets de C02, notamment sur l’acidi - fication des océans qui nuit directement à la faune et la flore. Les mécanismes sont complexes mais bien ex - pliqués et soutenus par de belles images sous-marines et quelques passages didac - tiques. Il s’agit de chimie, de biologie et de prise de conscience que l’action in - dividuelle est urgente et nécessaire (réduction des besoins énergétiques). HISTOIRE DU CLIMAT, DU MOYEN-ÂGE À NOS JOURS 71’ ; 2007 ; Gilles L'hôte; A La Source Du Savoir ; TH4233 Documentaire sur l ’histoire d u climat mon dial avec Emmanuel L e Roy La d u - rie . Emmanuel Le Roy Ladurie, historien et professeur émérite au Collège de France, raconte l'histoire du climat, celle des petits incidents et des grands mouvements. Le film offre une approche historique qui étudie les liens entre l’évolution du climat et la société, un point de vue particulièrement intéressant face à la problématique des changements climatiques que l´on vit aujourd´hui. GULF STREAM, LE TALON D'ACHILLE DU CLIMAT 90’ ; 2006 ; Nicolas Koutsikas & Stephane Poulle; Grand Angle Production, Blue Wing Production Ltd, France 3 Thalassa & 2D 3D Animation ; TM4361 Le Gulf Stream a de tout temps intrigué les navigateurs et les scientifiques. Ce courant chaud, né dans le Golfe du Mexique, apporte à l'Europe de l'ouest toute la douceur de son climat mais le réchauffement de la planète pourrait, paradoxalement, perturber cette rivière de mer et provoquer un refroidissement rapide du climat du vieux continent. LES CONFÉRENCES FILMÉES L'ACTION DE L'HOMME SUR LE CLIMAT Collection Université De Tous Les Savoirs. - 90’ ; 2000 ; Mission 2000 ; TT9725 Conférence filmée du 23 juillet 2000 avec Hervé Le Treut : Les modèles climatiques sont des outils numériques lourds qui reconstruisent le cli - mat de la planète sur base des équations fondamentales de la physique. Ces modèles se montrent capables de simuler au moins qualitativement la plupart des régimes naturels de fluctuation du climat. Lorsqu'ils sont appliqués à l'évaluation des changements climatiques futurs les modèles existants présentent un accord fort sur certains points : dans tous les cas, la réponse aux gaz à effet de serre se traduit par un réchauffement net, plus marqué aux pôles et à chaque fois, la réponse du cycle hydro - logique montre une tendance à l'amplification des régimes existants. Il existe cependant une divergence quantitative entre les modèles, en particulier lorsque l'on cherche à régionaliser les résultats. Les processus de petite échelle restent par ailleurs difficiles à comprendre et à représenter, tels que les nuages, la végétation, l'hydrologie des sols, l'orographie, etc. PHYSIQUE ET CLIMAT Collection Université De Tous Les Savoirs. - 90’ ; 2005 ; U.T.L.S. ; TT9719 Conférence filmée du 5 juillet 2005 avec Jean Jouzel : Depuis quelques siècles, les activités humaines modifient la composition de l'atmos - phère. L'utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz na - turel) est largement responsable de l'augmentation de la concentration en gaz carbonique depuis le début de l'ère industrielle (augmentation de 30 % depuis 1850) et, sur cette même période, les concentrations en méthane ont plus que doublé. La communauté scientifique est désormais de plus en plus convaincue que le réchauffement observé au cours des dernières décennies est, au moins pour partie, lié à cette mo - dification. A défaut de mesures efficaces visant à maîtriser les émissions de ces gaz à effet de serre, le réchauffement lié aux activités humaines va s'accentuer d'ici la fin du siècle et au-delà. Quelles sont les certitudes et les incertitudes des scientifiques dans ce domaine du réchauffement climatique ? En quoi l'étude du climat passé est-elle pertinente vis-à-vis de son évolution future ? Les réponses s’appuient ici sur des lois de la physique, de la mécanique céleste, de la thermodynamique, de la mécanique des fluides, de la microphysique des nuages. FOCUS 36 38 39 APOCALYPSE NOW ET SURTOUT TOMORROW Les fictions qui portent à l’écran la « fin » du monde cristallisent les préoccupations de leur époque. Pour la première fois, le cinéma montre ou démontre une fin mondialisée via les thèmes climatiques, un rôle tenu naguère par les extraterrestres ou la guerre nucléaire. Ce dernier genre a culminé pendant la guerre froide, moment où la peur d’un conflit atomique Est-Ouest a généré des films gravés dans les mémoires du grand public, comme La Planète des singes. Plus tard, dans les années 80, l’accident de Tchernobyl insufflera d’ailleurs un nouvel essor, à la mise en scène de l’après-nucléaire, civil cette fois. Le bonheur est dans l’après? Les motifs de l’apocalypse peuvent être très divers. Certaines fictions pointent les éléments naturels comme responsables de la disparition de l'humanité ou d’une partie de celle-ci : éruption volcanique, envahissement de la terre par l’eau, tsunami géant, bombardement de neutrinos solaires ou autres catastrophes imaginées à partir de faits réels locaux portés à une très, très grande échelle. Deux caractéristiques émergent: l’exagération de l’ampleur du phénomène, le raccourcissement de son développement dans le temps, aux fins de dramatisation. Dans ce registre naturel, les films envisagent aujourd’hui plutôt une catastrophe climatique subite, conséquence directe de l'action de l'Homme sur la nature. La glaciation, la désertification, la montée des eaux, la destruction d’une partie de l’humanité (Artificial Intelligence: A.I ), la tempête mondiale et incontrôlée (Le jour d’après). Ou bien, dans le prolongement des années SIDA, la pandémie, vieille crainte de l’humanité, qui décimerait notre espèce en très peu de temps (28 jours plus tard). Sur le thème de l’apocalypse industrielle, les réalisateurs exploitent plutôt le filon de la catastrophe d'origine humaine, autre que nucléaire. Par exemple, une pollution telle que l'Homme ne peut plus vivre sur Terre (Wall-E). Une thématique portée également dans le traitement esthétique du documentaire de Yann Arthus-Bertrand (Home). Enfin, l'apocalypse humaine, autre déclinaison de la fin du monde, montre un effondrement des liens sociaux, un désastre économique massif, un épuisement des ressources naturelles qui finissent en conflits interethniques ou religieux, un point de vue développé en partie par le documentaire de Nicolas Hulot (Le syndrome du Titanic). Les Hommes y révèlent leur vraie nature, et l’éventail des comportements humains crée une sorte d’observatoire des rapports sociaux. Plus généralement, les films sur la fin du monde relaient le propos public alarmant suscité par le dérèglement climatique, mettent en scène ce qui nous guette aujourd'hui, non dans l'idée d'un « c'était mieux avant », mais dans celle d'un « évitons que ce soit pire plus tard » (La route). Plus encore qu’une autre forme d’expression, le film est le produit culturel d’une époque donnée. En prenant à son compte la thématique apocalyptique, le cinéma populaire devient témoin d’une vision que la société porte sur elle-même, celle de la fin d’un Progrès scientifique et industriel assurant bonheur ou subsistance à tous. De manière significative, dans Le jour d’après, Emmerich montre la difficulté qu’ont les scientifiques à se faire entendre des politiques et des gens en général, comme entre le vice-président et le héros climatologue, ou lorsque le fils de ce dernier veut convaincre les New Yorkais réfugiés dans la bibliothèque de ne pas en sortir. Yves Collard - MédiaAnimation (extrait du texte : Nous sommes tous des petits home vert – disponible dans la première édition de la brochure Le climat sous les projecteurs – 2010 – PointCulture) 38 40 41 LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES DANS LA FICTION : Les fictions qui invitent les changements climatiques à l’écran ne sont pas si nombreuses et ne sont en général le reflet d’aucune réalité scientifique rigoureuse. On pourrait s’interroger sur les raisons de l’absence du climat au cinéma, lui qui de tout temps s’est pourtant emparé des menaces qui pèsent l’humanité, depuis le nucléaire jusqu’aux virus en passant par l’apparition de diverses technologies telles que l’électricité, la robotique ou le génie génétique. Le réchauffement climatique est-il trop diffus, trop complexe ou bien sa réalité met-elle le cinéma mal à l’aise? En élargissant un peu le champ de réflexion aux films qui font plus ou moins référence au climat et mettent en scène des événements météorologiques et des mondes post-catastrophe, des points communs forts émergent dans les représentations et les fantasmes liés à la question climatique que le cinéma à la fois relaye et participe à construire. Les voici regroupés en quatre points. Le raccourcissement de l’échelle de temps Le changement climatique est le plus souvent imaginé comme un événement brutal. Le recours à la catastrophe permet de concentrer le récit dans le temps et l’espace. Ainsi une modification progressive de l’aire de répartition d’une espèce d’insecte se métamorphose à l’écran en escadron de sauterelles volant à l’assaut des villes (Les temps changent) et une perturbation d’un courant marin dans l’Atlantique Nord engendre une vague de froid qui s’étend sur New-York tel un monstre de glace pour y geler toute forme de vie sur son passage (Le jour d’après). Bien plus souvent que les processus œuvrant réellement au sein de la machine climatique (plutôt lents, complexes et sans doute mal aisés à représenter sur les écrans), ce sont surtout des fléaux naturels qui ont la faveur des cinéastes : des éruptions volcaniques (Volcano, Le pic de Dante) ; des raz de marée (Tsunami: aftermath, The Impossible) ; des ouragans (Twister) ; etc. L’imaginaire au cinéma se focalise essentiellement sur la catastrophe en condensant à l’extrême les mécanismes. La simplification des conséquences Le changement climatique recouvre des processus abstraits et complexes souffrant d’être considérablement simplifiés et souvent mal transposés au cinéma. Les conséquences du réchauffement global sont notamment repré- sentées en un seul changement homogène et uniforme à la surface de la planète au lieu de se traduire par des effets très hétérogènes localement. On trouve schématiquement des mondes bleus, des mondes blancs et des mondes sable envahis par la poussière. Le bleu: Pour beaucoup, le changement climatique est associé à la montée des eaux. Ainsi les pôles ont-ils littéralement fondu dans Waterworld et les rares survivants sont en quête d’un bout de terre épargné par le déluge. Même paysage englouti dans la série animée Blue Submarine n° 6 duquel émerge le sommet des ruines des anciennes villes. Le blanc: Le jour d’après imagine quant à lui un monde entré dans une nouvelle ère glaciaire. Le film s’inspire de l’hypothèse de l’arrêt de la circulation du Gulf Stream dont les conséquences ont été amplifiées, condensées dans le temps et dispersées sur la planète en un seul phénomène homogène de glaciation. À la fin du film, plusieurs mètres d’une neige épaisse recouvrent la planète devenue blanche. Dans Le Transperceneige, le monde est là aussi plongé dans des températures trop basses pour permettre la vie humaine, condamnant les survivants à la promiscuité et à la lutte des classes dans un train en perpétuel mouvement. Par les fenêtres, ils entrevoient les payQUELQUES REPRÉSENTATIONS sages figés par le froid et le blizzard qui balafre le paysage de trainées de glace accrochées au sommet des vestiges. Le sable: Des décors enneigés, des costumes triples épaisseurs et des mines blafardes de survivants se protégeant du froid, mais aussi dans d’autres films, la poussière et la chaleur. Sur des terres arides, le sable ensevelit peu à peu le passé de l’humanité du 21e siècle dans Mad Max ou s’insinue dans les maisons et asphyxie le quotidien dans Interstellar. On retrouve aussi la canicule dans Soleil vert où la population s’entasse dans les cages d’escalier pour la nuit dans une atmosphère poisseuse et étouffante. La crise environnementale est associée à l’idée de la surpopulation dans la perspective d’une idée toute malthusienne largement reformulée aujourd’hui. Dans ces films, la crise climatique sert de décor esthétique et de cadre au récit pour servir une véritable critique sociale en nous projetant dans un futur sans pétrole, au sein duquel les ressources naturelles ont été pillées, dans un monde totalement différent qui se présente souvent comme étant à reconstruire, à un point charnière dont le film serait le témoin. Ces films, en se projetant dans un ailleurs, interrogent les fondements de la socié- té de demain: bâtirons-nous une société plus équitable plus respectueuse de l’autre et des ressources naturelles ou une société violente où la pénurie, d’air, d’eau ou de nourriture remet à l’ordre du jour la lutte des classes et la guerre civile? Ces dystopies invitent à imaginer une multitude de possibles et pour formuler un discours original et critique sur le réel. 42 43 Le principe du héros solitaire et taciturne Le combat pour sauver l’humanité est en général celui d’un seul homme, peu recon - nu par ses pairs, souvent isolé, poursuivant même parfois ses travaux tel un savant fou reclus au cœur d’une grotte ou dans le dé - sert de la banquise. À bord de vaisseaux spatiaux transportant les dernières espèces végétales de la Terre dans de gigantesques serres, le biologiste de Silent Running se trouve ainsi bien seul dans son combat contre ses collègues plus « réalistes et ra - tionnels ». Doté d’une personnalité emportée, sensible mais solitaire et taciturne, il ne convainc pas ses acolytes de sauver les serres qui finiront par exploser dans l’es - pace sous l’effet d’une injonction politique au profit d’une activité commerciale jugée plus intéressante. Dans Le Jour d’après, le scientifique ne semble pas si isolé. Il réus - sit même à se faire entendre des pouvoirs politiques. Néanmoins, il synthétise à lui seul le flot d’informations disparates sur les changements observés par ses collègues du grand Nord et en Inde, et ce dans un temps record. En véritable héros, il comprend non seulement la nature du phénomène clima - tique à l’œuvre mais sauve encore son fils en affrontant la vague de froid qui s’abat sur New-York, luttant au passage pour sauver la vie de ses collègues. Ce recours récurrent à un héros à la Indiana Jones ne reflète pas la réalité du travail scientifique. Certes, les per - sonnalités particulièrement charismatiques et reconnues existent mais les recherches sur le climat font l’objet d’un effort de mise en commun au sein d’un gigantesque ré - seau scientifique international avec la mise en place du GIEC qu’aucun film n’évoque. Cette figure du héros ne laisse par ailleurs pas de place à la conscience, l’organisation ou l’action collectives qui restent confiées à l’individu extraordinaire. Enfin, bien qu’animés par de bonnes inten - tions telles que sauver l’humanité ou la pla - nète, les héros de l’environnement sont par ailleurs en général sensibles mais taiseux, voire bagarreurs, en tout cas marginaux. Ce sont des personnages ambigus que le ciné - ma fait même à l’occasion basculer vers le terrorisme en transformant ces personnali - tés mélancoliques et sombres en véritables meurtriers emportés par l’impulsion de leur conviction. Le biologiste de Silent Running massacre ainsi ses co-équipiers au cours de sa vaine tentative de sauver les serres. L’un des trois activistes de Night Moves après avoir fait sauter un barrage ayant sans le vouloir tué un campeur, assassine sa com - plice de peur d’être découvert. Quant aux opposants au développement de la technologie dans Interstellar, ils ne sont ni plus ni plus moins des révisionnistes réé - crivant l’histoire de manière totalitaire dans les livres scolaires en niant la conquête de l’espace afin de réorienter l’humanité vers le développement de l’agriculture. S’invite ici le clivage tenace entre un imaginaire du futur fortement lié à celui de la technologie et celui des défenseurs de l’environnement qui s’y opposeraient. La représentation du futur reste intimement liée à celle du pro - grès technologique et celle des défenseurs de l’environnement, à un retour totalitaire à la bougie. Le miracle de la solution technologique La majorité des films se focalisent sur la mise en place de procédés technologiques. La solution technologique salvatrice par ex - cellence consistant à s’enfuir dans l’espace. « Nous ne sommes pas censés sauver la planète, nous sommes censés la quitter » confie un scientifique de la NASA dans Interstellar et à la fin du film, le héros s’éveille à bord d’une des petites villes spatiales cy - lindriques en orbite qui offrent aux humains de nouveaux chez-soi. Rien n’est dit au sujet des mécanismes qui ont rendu l’agriculture impossible sur la terre ni surtout s’ils sauront dans l’espace éviter de répéter les erreurs commises sur Terre. Dans Wall-E, l’humanité est devenue une masse d’individus obèses accros à la junk food flottant dans des fauteuils à bord de vais - seaux spatiaux gigantesques. Elle y attend l’improbable possibi - lité d’un retour sur une planète désormais couverte de déchets. Ce ne sont pas les humains qui se réfugient dans l’espace dans Silent Running mais les végétaux. Snowpiercer met cette hypothèse d’un salut par la technique en échec car c’est bien un procédé technique qui condamne l’humanité à l’âge glaciaire après le largage dans l’atmosphère de métaux lourds faisant office de véritable bouclier au rayon - nement solaire. Soleil vert adresse aussi une critique gromme - lée par le représentant de l‘ancien monde à bout d’espoir en rendant les scientifiques et les ingénieurs responsables d’avoir détruit les écosystèmes. Certains films prennent littéralement le contre-pied de ce fantasme technologique en rappelant notre lien à l’écosystème Terre. Dans Gravity par exemple, l’astro - naute menacée de mort tant qu’elle erre dans l’espace, fragile - ment reliée aux équipements spatiaux, vit une véritable (re)nais - sance lors de son retour sur Terre: elle émerge des flots, presque nue, débarrassée de sa lourde combinaison spatiale, s’extrayant de son cockpit assimilé à un véritable placenta (image du para - chute / placenta et de la corde / cordon ombilical), prend une grande respiration comme si c’était la première et est filmée en contre plongée quand elle se redresse. Elle (re)vient à la vie. Conclusion Ces quatre points permettent de cerner les contours du chan - gement climatique tel qu’il est véhiculé par le cinéma mais in - vitent aussi à s’interroger sur l’origine de ces représentions et des distorsions qu’elles présentent avec la réalité scientifique. Peut-être parce que l’environnement en tant que concept ou même processus reste difficile à mettre en scène mais aussi plus profondément peut-être, en raison surtout d’une affinité entre le cinéma et la technologie. Une affinité présente dès les dé - buts du cinéma: la science-fiction ne parvient pas à se libérer du spectacle technologique. Pour Jean-Baptiste Fressoz, le ciné - ma serait même l’art de l’anthropocène en raison de toutes les dépenses énergétiques à la fois qu’il exploite et met en scène (exemples avec la place de la voiture ou du train. Ainsi peut-être, le cinéma, témoin et acteur fasciné de l’énergie du carbone, a-t-il du mal à porter un regard critique sur les processus du change - ment climatique? Ainsi peut-être, en est-il de nos sociétés aussi ? Frédérique Müller - PointCulture (voir aussi l’analyse de Jean-Baptiste Fressoz, p.12) 42 44 45 CLIMAT ET MÉTÉOROLOGIE QUEL TEMPS FAIT-IL ? 42’ ; 2004 ; Charles-Antoine de Rouvre; Marathon productions; TP9391 Livre pédagogique de qualité accompagné d'un DVD documentaire qui propose dix sujets pour aborder la complexité scientifique d e la météorologie et des climats à partir d e 9 ans : Orages et éclairs ; Les nuages ; A t - mosphère et pression ; Soleil et température ; Les vents ; Prévoir la météo ; Les saisons ; Tempêtes, cyclones et ouragans ; Brumes et brouillar d s ; Histoire des climats . Quel temps fera-t-il demain? Pourquoi les nuages agissent-ils sur les climats ? Comment la vapeur de l'eau peut se transformer en véritable tornade? À quoi est dû l'effet de serre? La météorologie n'est pas une simple carte satellite à la télévision: c'est essentiellement une science, avec ses chercheurs et ses techniques, qui permet à chacun de mieux comprendre l'influence de notre comportement sur l'environnement et d'agir en consé- quence. LES ENJEUX DU CLIMAT 42’ ; 2003 ; Gulliver vidéo pédagogique; TT7115 Le DVD inclut également 20 cartes et graphiques sur les thèmes : Climats et activités humaines ; L ’évolution d u climat ; L e gaz à effet d e serre . Des outils audiovisuels à destination de l'enseignement secon - daire (inférieur et supérieur), sur le climat: Les climats du monde; Un climat tempéré: La France; Un climat polaire: le Groenland; Un climat désertique: le nord du Niger; Un climat continental ex - trême: la Mongolie; Le réchauffement, une menace planétaire; Causes et effets du réchauffement. L a sé lection jeune pub lic Pour comprendre certains mécanismes de la machine climatique et certains éléments météorologiques ENERGISSIMO ! 4 X 5 À 10’ ; 2006-2008 ; Camera Enfants Admis ; TM3775 Série d e quatre films d ´animations réa - lisés collectivement et avec des enfants autour d e problématiques environne - mentales (eau, énergie, croissance). À l’eau professeur tuyau !: Des souris pré- sentent un journal télévisé pour sensibiliser la population à la gestion et à la disponibilité de l´eau douce sur la planète et proposent quelques gestes de préservation de la ressource. La part du papillon: Des interviews, ou plutôt des voix posées sur des marionnettes, nous font réfléchir et remettre en question notre comportement de consommateur et notre modèle de croissance économique. Ma voisine et moi: En référence à la fable de la cigale et de la fourmi, deux voisines ouvrent leurs murs à notre regard. On peut ainsi comparer deux modes de vie plus ou moins économes en énergie. L'énergie dans tous ses états : Qu'est-ce que l'énergie? Voici quelques réponses à ne pas prendre trop au sérieux, mises en images par 5 enfants. Le DVD offre une série d´animations très abouties sur leur forme. Ce n´est pas tant le contenu qui est innovant (il répète un certain nombre de conseils déjà maintes fois entendu ailleurs) que la forme et surtout la démarche mise en place. Caméra enfants admis est en effet un atelier de production qui encourage la production de premières œuvres d´enfants et d´adultes qui entend susciter les capacités créatives des participants en les initiant à la réalisation de films d´animation, depuis l´écriture du scénario jusqu´au tournage et à la sonorisation. LES ÉNERGIVORES 20 x 2’ ; 2015 ; Canopé Une série de 20 programmes courts animés qui traitent sur le mode de l’humour de la façon dont nous consommons l’énergie : recyclage des déchets, obsolescence programmée, nuage numérique, empreinte écologique, éclairage public, énergies renouvelables vs énergies fossiles, etc. en ligne sur www.reseau-canope.fr 46 47 À TOILE À MOBILITÉ 3 x 5’ à 7’ ; 2005 ; Camera etc.; TM0201 Le dvd propose 3 films d'animation sur le thème de la mobilité et est accompagné d'un livret pédagogique élaboré à la suite de journées de formation organisées par l'Institut d'Eco-Pédagogie (IEP), en mars 2004 et 2005 dans différentes villes de Wallonie. Pousse pas le bouchon (7'20): Réalisé avec des enfants de 10 à 13 ans et l'asbl Caméra etc. lors d'un stage d'été, ce film aborde la question de la mobilité en milieu urbain. Macadam village (5'30): Réalisé par l'asbl Caméra etc., et une classe d'enfants de 9 et 10 ans, ce film d'animation aborde la question de la mobilité en zone rurale. À fond les boulons (6'20): Réalisé par l'asbl Caméra etc. et une classe d'enfants de 10 et 11 ans, ici, c'est l'utilisation unique de la voiture, poussée à son paroxysme, qui alimente le scénario. L’AVENTURE DE L’HOMME MOBILE 5 dessins animés sur les thèmes : eau, déchets, air, bruit, mobilité 7’’ ; 1988 – 1999 ; Arne Boström & Séverine Leibundgut ; Info Environnement ; TM9971 Transposée aux temps les plus reculés de la présence humaine sur terre, cette histoire joue astucieusement sur l'anachronisme d'une problématique actuelle dans un décor d'autrefois. Le propos est compréhensible dès 12 ans. SUR LES VOITURES ET LA MOBILITÉ TRAVAIL SCIENTIFIQUES OUTILS ET 48 49 Documentaires REGARDS DE CLIMATOLOGUES Scientifiques face au changement climatique 52’ + 34 x 5 à 10’; 2010 ; Patrice Desenne; Sceren-Cndp ; TP7151 Programme pédagogique qui suit les travaux des climatologues afin d e compren dre comment ils évaluent les changements passés, actuels et à venir des climats sur la planète . DVD 1 : « Chercheurs de climats » (52') + 10 focus (119'): Le film retrace les aventures d'une équipe franco-chilienne de glaciolo - gues en Patagonie. Les scientifiques sont confrontés à des difficultés météorologiques et financières pour prélever des carottes de glace vierge. L'autre aventure, celle de la science, se déroule dans les laboratoires avec l'analyse des données recueillies, la mise en forme et l'exploitation des résultats. DVD 2 : « Climatologie, méthodes et enjeux » - 24 focus (151'): Dans ces courtes sé- quences, les chercheurs dévoilent les coulisses de la climatologie via notamment la modélisation de la « machine climatique » et la coopération internationale. ALERTE AUX PÔLES 6 x 10’ ; 2008 ; Patrice LANOY; C.N.R.S. IMAGES MEDIA ; TP0071 Courtes séquences pé dagogiques sur les recherches polaires liées au réchauffement climatique . À l'occasion de l'Année polaire internationale, le CNRS et l'Institut polaire français, Paul-Emile Victor (IPEV) se sont associés pour produire une série de courtes séquences sur les recherches polaires : effets du réchauffement climatique sur les espèces et les populations et rôle de l´étude de la banquise comprenant des interviews de scientifiques illustrées par des cartes, des vidéos, des graphiques et des animations. Ce document est une compilation de courtes séquences pédagogiques (entre 1 et 3 minutes) offrant différentes portes d´entrées représentées par autant de disciplines différentes (écologue, glaciologue, géographe, anthropologue, etc.) sur l´évolution du climat aux pôles. Les entretiens sont illustrés par de très belles images de paysages et de portraits de scientifiques passionnés et qualifiés dans leur domaine. LA CALEBASSE ET LE PLUVIOMÈTRE 60’ ; 2007 ; Marcel Dalaise; C.N.R.S ; TP1451 Reportage sur un programme scientifique d e prévisions météorologiques en Afrique d e l ’ Ouest. Depuis le début des années 2000, la diminution radicale des précipitations sur toute l'Afrique de l'Ouest a été plus qu'alarmante. Le programme scientifique pour l'Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine (AMMA) cherche à améliorer les prévisions météorologiques et climatiques sur différentes échelles de temps et de lieux en Afrique de l'Ouest notamment à des fins agricoles. Ce programme répond à deux objectifs : mieux comprendre le fonctionnement de la mousson africaine et étudier les impacts liés à la variabilité climatique. Le film retrace cette aventure scientifique et humaine, de la saison sèche à la saison des pluies de l'océan au Sahel. CHERCHEURS DE CLIMAT 52’ ; 2007 ; Patrice Desenne; Scérén ; TM1941 Documentaire sur le travail d e chercheurs en climatologie lors d’une expédition en Patagonie. En 2006, une équipe scientifique franco-chilienne part à l'assaut du plus haut sommet de Patagonie : le San Valentin, qui se dresse à plus de 4 000 m d'altitude. L'expédition est difficile et prend la tournure d'une vé- ritable aventure. Elle a pour objectif de rapporter des carottes de glace qui permettront de collecter des informations sur le climat passé et d'affiner les modèles de prévisions. 48 50 51 FOCUS : GOUVERNANCE DE KYOTO À COPENHAGUE - LE DESSOUS DES CARTES 10’ ; 1999 – 2003 ; Jean-Christophe Victor ; ARTE; TM2703 25 émissions pour comprendre les principaux enjeux autour de l´exploitation du pétrole, du charbon et des agro-carburants sur fond de changement climatique. Premier dvd: aspects techniques, économiques et politiques liés à l´exploitation des énergies fossiles. Deuxième dvd: réfugiés climatiques, espèces menacées, rareté de l´eau, transports ou protocole de Kyoto. SMOKE SCREEN / ENFUMÉS 50’ ; 2009 ; Paul Moreira; Premières Lignes Télévision ; TM3777 Le film enquête sur ce que certains ont appelé « le carbon club »: un groupe de lobbyistes très puissants qui se sont invités dans les débats publics sur la question du changement climatique et qui participent à l’échec des accords internationaux. THE CARBON RUSH / LA RUÉE VERS LE CARBONE 52’ & 84’ ; 2012 ; Amy Miller ; Byron A. Martin Productions & Wide Open Exposure; TM1750 Le film plonge dans les rouages du marché du carbone pour en démon - trer les impacts catastrophiques pour la population des pays en voie de développement et les effets contre-productifs sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il passe ainsi au crible les projets pro - blématiques qui reçoivent pourtant des crédits carbone dans le monde. CLIMATOSCEPTIQUES, LA GUERRE DU CLIMAT 52’ ; 2014 ; Laure Noualhat & Franck Guérin; Cie des Phares & Balises; TM2081 Ce film est une investigation au cœur du lobby climato-sceptique, notamment sur les méthodes employées pour influencer l’opinion publique. UNE PLANÈTE EN SURSIS - LE DESSOUS DES CARTES 10’ ; 1999 – 2003 ; Jean-Christophe Victor ; ARTE; TM2701 Emissions courtes d’informations basées essentiellement sur l ’étu d e d e cartes. Ce coffret contient une dizaine émissions sur des thématiques environnementales dont une sur le climat. L´équipe s´est installée au Centre Polaire du Haut-Jura pour accueillir le glaciologue, Dominique Raynaud, directeur du Laboratoire de Glaciologie de Grenoble. Les bulles d’oxygène emprisonnées dans les glaces polaires racontent l´histoire du climat de la Terre. Dominique Raynaud, explique, graphiques à l´appui, l´impact des activités humaines sur le climat depuis la révolution industrielle. Le document est court, mais dense. DES CORAUX POUR DÉCRYPTER LE CLIMAT 52’ ; 2006 ; Fabrice Papillon ; CNRS ; TP2321 Documentaire pédagogique sur l’étu d e d u climat par le corail . Ce film suit la plus importante mission de forage dans le corail fossile du Pacifique Sud au large de Tahiti. À ce jour, plus de 300 expéditions y ont eu lieu afin de ramener carottes dont des échantillons sont envoyés dans le monde entier pour y être analysés par des équipes pluridisciplinaires. Les données obtenues permettent d´en savoir plus sur l´évolution du climat au cours du temps pour mieux prévoir les conséquences du réchauffement climatique, notamment à long terme. Parallèlement à ces recherches et en raison de la grande sensibilité du corail face au réchauffement de l´eau, la situation précaire de certains atolls du Pacifique requiert une action rapide et coordonnée des pouvoirs publics du monde entier. La disparition du corail dans cette ré- gion aurait des répercussions catastrophiques sur l´écosystème, notamment les poissons et l´économie locale. LA SÉRIE AMÉRICAINE YEARS OF LIVING DANGERSOUSLY TM9700 Produite entre autres par James Cameron, Dan Abbasi et Arnold Schwarzenegger, cette série américaine disponible uniquement en anglais met en scène des grands acteurs et journalistes américains qui rendent visite à des habitants touchés par des évé- nements climatiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresse, etc.) et interrogent des scientifiques sur les causes anthropologiques du changement climatique. On y voit les acteurs : Matt Damon, Arnold Schwarzenegger, Ian Somerhalder, Olivia Munn, Jessica Alba et Harrison Ford. 52 53 LE CLIMAT À LA TÉLÉVISION Si l’on parle de plus en plus des changements climatiques dans les médias, les représentations véhiculées par le public et sa compréhension des mécanismes impliqués semblent pourtant rester confus et ne reflètent pas l’état des connaissances qui font aujourd’hui consensus dans le monde scientifique. Pour nous aider à réfléchir sur cette question, nous avons interrogé le professeur Jean-Pascal van Ypersele (en italique dans le texte) sur sa perception du traitement de l’information scientifique relative aux changements climatiques par les médias (journaux télévisés et documentaires notamment). Le professeur van Ypersele est climatologue, professeur à l’UCL et vice-président du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES DANS LA FICTION un équilibre difficile entre esthétique, attractivité et correction scientifique stricte l'Évolution du Climat). Il est donc bien placé pour nous livrer ses impressions sur la question Il connaît bien le dossier scientifique et est régulièrement interrogé et sollicité par les médias à ce sujet. Pour rappel, le GIEC est un rassemblement de scientifiques chargés « d'expertiser l'information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changements climatiques provoqués par l'Homme ». Il produit, tous les 5 ans, une évaluation et une synthèse de ce qui est publié dans la litté- rature scientifique concernant l'influence de l'Homme et des autres facteurs sur le climat, les risques associés aux changements climatiques, et les politiques et mesures possibles pour limiter l’ampleur de ces changements ou s’adapter à ceux devenus inévitables. Les conséquences des changements climatiques : une représentation globalement bien comprise et illustrée Le docu-fiction, une porte d’entrée inté- ressante Nous commençons notre réflexion par regarder un court extrait d’une forme particulière dans le paysage documentaire: le docu-fiction avec Les temps changent. S’appuyant sur des fondements scientifiques, le film développe de manière romancée la vie de héros confrontés à des aventures liées aux difficultés engendrées par les changements climatiques. Si les fondements sont scientifiques, le ton est celui de la fiction. Le film est une illustration des conséquences possibles au réchauffement global et lance plus des pistes de réflexion qu’il n’apporte d’informations scientifiques. Il vise avant tout à toucher les consciences en jouant sur les émotions. Le professeur van Ypersele estime qu’il est utile d’avoir une diversité dans les portes d’entrée. Dans le docu-fiction, les éléments scientifiques sont assez dilués, leur densité convient probablement au grand public pour ne pas le saturer d’informations. Pour un cours de sciences, j’utiliserais des choses plus pointues qui conviendraient mieux, mais pour lancer un débat dans un cadre scolaire ou même plus large, sur ce qu’impliquent les changements climatiques, c’est sans doute un bon outil. Rares sont les documentaires purement didactiques qui soient très réussis sur le plan de l’attractivité, en dehors par exemple de la série C’est pas sorcier. Par consé- quent, montrer à travers le prisme humain les conséquences que pourraient avoir les changements climatiques est très utile, à condition, et c’est une très grande condition, que ce qui est décrit soit plausible sans être pour autant une prédiction. En poursuivant la réflexion sur la forme, le scientifique ajoute qu’un travail à partir d’images que ce soit un documentaire ou un docu-fiction doit laisser une petite latitude artistique à ceux dont c’est le métier de faire un produit qui soit vu agréablement. S’il n’est pas vu avec intérêt, personne ne va le regarder. Il faut donc trouver un équilibre entre l’esthétique, l’attractivité du produit et la correction scientifique stricte. Les émotions, un levier fréquemment sollicité Quand le documentaire veut susciter des émotions, il montre des témoignages de peuples frappés par des inondations ou des ouragans, comme un avant-goût de ce qui nous attend tous ou il attise nos émotions devant la beauté d’une nature que nous allons perdre. Pour cela, les documentaires ont recours à des archétypes, des situations dans lesquelles on peut se projeter et des symboles. Parmi les symboles souvent utilisés, celui de l’ours polaire (comme dans Home ou Les temps changent) et du Kilimanjaro. L’un et l’autre sont l’occasion de s’interroger sur la pertinence de leur utilisation. Le scientifique se place du côté de la prudence face à l’utilisation d’images emblé- matiques. Il comprend très bien la tentation d’utiliser des symboles forts mais il lui paraît important de s’assurer de la solidité du lien qui est faite. Ainsi la fonte des glaces au sommet du Kilimanjaro rapportée dans le film Home n’est pas forcément un bon exemple au vu la littérature qui est produite 52 Interview 54 55 à ce sujet. D’autres facteurs que l’action humaine sur le climat pourraient intervenir dans ce cas spécifique. En revanche, l’utili - sation d’images d’ours polaire affamé ou na - geant sans fin dans un océan sans glace lui paraît moins critiquable (Home). Montrer un représentant de l’espèce affamé, si on sait dans le même temps que c’est ce vers quoi se dirige la communauté des ours polaires, ne me paraît pas problématique. Une mise en image cohérente des consé - quences La manière dont sont illustrées les consé - quences des changements climatiques, et ce aussi bien dans les journaux télévisés que dans les documentaires, correspond assez bien aux conclusions du GIEC. Le GIEC a conclu que les conséquences allaient pro - gressivement toucher l’ensemble de la pla - nète, l’ensemble des écosystèmes et des populations. Il dit aussi que ceux qui étaient les plus vulnérables allaient être touchés en premier lieu: les pays les plus pauvres, et, dans tous les pays, les personnes les plus défavorisées et les plus fragiles (les personnes âgées et les enfants). Il n’est donc pas étonnant d’attirer l’attention sur les pays les plus pauvres car c’est là que le change - ment climatique va avoir les conséquences les plus visibles et les plus intenses. Les conséquences aujourd’hui sont déjà visibles dans ces pays défavorisés. Il est vrai qu’il y a d’autres éléments perceptibles aussi chez nous comme les inondations, l’augmenta - tion de la fréquence des pluies ou la cani - cule de 2003. Mais ce sont les pays les plus pauvres qui seront touchés en premier. Il paraît tout de même important de faire at - tention au vocabulaire employé par certains médias et nous y reviendrons car le profes - seur van Ypersele insiste: On ne prédit pas le climat (car son évolution dépend en partie de décisions humaines encore à prendre) et encore moins les événements extrêmes liés au climat. Leur probabilité d’apparition augmente, comme celle de subir des cani - cules mais on ne peut prédire ni où ni quand un événement extrême précis arrivera. Il faut aussi faire attention à ne pas attribuer chaque élément météorologique extrême aux changements climatiques. Ce qu’on peut dire c’est que la probabilité d’avoir des événements de ce type va augmenter. Les solutions : l ’épreuve difficile de la mise en images Entre catastrophe globale et petits gestes individuels La difficulté du côté des solutions, c’est qu’il n’y a pas UNE solu - tion. LA solution n‘existe pas. Dans les médias, on trouve, pour schématiser de manière assez rapide, deux grandes voies. Les partisans d’un recours à la technologie salvatrice et les décon - structeurs-reconstructeurs de société. Parmi les premiers, on va trouver les documentaires faisant la promotion de toutes les in - novations technologiques jusqu’aux plus folles et plus coûteuses d’entre elles comme les arbres artificiels-puits de carbone. Parmi les seconds, les militants de la décroissance ou des visionnaires qui rêvent d’un re-contact avec la nature. Présenter les solutions n’est pas une entreprise aisée. Les dis - cours, surtout dans les journaux télévisés, sont souvent construits sur le registre de la catastrophe globale et des petits gestes in - dividuels du quotidien comme remède. Ce décalage entre la gravité du problème et la simplicité des solutions, entre le ca - ractère mondial du problème et l’aspect individuel et local des solutions, peut être source de doute et de rejet de la part des spectateurs. Par ailleurs, chacun des deux registres peut être source de découragement. Le ton catastrophiste, et ce d’autant plus s’il est accompagné d’images sensationnelles traitées à la manière d’une grosse production hollywoodienne, peut instal - ler une distance avec le public du fait du peu de crédibilité des images. Et le registre des « petits gestes », souvent repris par les campagnes de sensibilisation, risque de limiter la réflexion à du quotidien superficiel, ennuyeux et sans ambition. Une mise en images difficile Il reste difficile pour un journaliste de répondre clairement et ra - pidement aux questions classiques : qui, quoi, quand, comment, où et pourquoi ? C’est très abstrait les changements climatiques, très lointain aussi: les échelles de temps et d’espace peuvent varier, les causes ont des effets différés, complexes et parfois non linéaires, les conséquences locales du changement global sont incertaines, etc. Dans les journaux télévisés, la contrainte de temps fait que les journalistes sont souvent cantonnés à des pe - tits morceaux d’information très fragmentaires, des petits gestes ou innovations technologiques qui sont utiles mais à condition d’être intégrés dans une myriade d’autres choix. Il y a aussi la difficulté plus grande encore de visualiser des choses qui sont difficiles à illustrer. Un exemple avec l’isolation des bâtiments qui est un enjeu central. Que va-t-on filmer ? L’épaisseur de l’isolant ? Une maison bien isolée ne diffère pas en apparence d’une maison mal isolée et ce n’est pas très ex - 56 57 ploitable visuellement. Or, le dernier rapport du GIEC montre, que dans la plupart des pays, c’est là qu’on peut vraiment faire les efforts les plus efficaces au moindre coût. Mais c’est moins visuel qu’inaugurer une éolienne. Les visions utopistes Certains documentaires désirent nous rallier à leur enthousiasme devant l’opportunité offerte de reconstruire un monde nouveau. Des témoignages viennent alors illustrer les choix de vie de ceux qui se sont engagés sur d’autres voies et des animations nous projettent dans un autre monde où l’Homme et la nature sont enfin réconciliés et vivent en harmonie. Ces visions (telles la dernière séquence du film Énergie, le futur à contre-courant qui montre un nouveau modèle de société basé sur la fin de la scis - sion entre villes consuméristes et campagnes productrices) sontelles séduisantes ou constituent-elles au contraire de fausses bonnes pistes de réflexion? À l’instar de l’exposition de Luc Schuiten qui propose une nou - velle alliance entre la ville et le végétal, ces visions utopiques sont intéressantes et ont de la valeur quand elles sont présen - tées comme des opportunités de réflexion pour penser un monde tout à fait différent. Il est important que les innovations techniques soient accompagnées de changements sociaux. C’est une manière utile d’oxygéner le débat. Mais il est important de ne pas se limiter à la projection car le risque est de gé- nérer un sentiment d’impuissance si on oublie de se référer à une situation actuelle qui est très différente. Que fait-on avec l’existant ? Est ce qu’on dynamite le monde qu’on a maintenant à l’image des tours d’immeubles dynamitées en début d’extrait du film Le futur à contre-courant ? Ce sont des points d’arrivée pos - sible mais il ne fait pas oublier le point de départ. Et ce point de départ représente des centaines de milliards d’euros d’investis - sement dans les infrastructures dans les pays développés. Trans - former cette réalité d’aujourd’hui demande d’être ancré dans la réalité. Le rôle des penseurs utopistes est important, il demande ensuite d’être approprié par la population. Les causes : le nœud du problème Un constat de confusion dans le discours Une étude anglaise initiée par l’Institute for Public Research (IPPR) en 2006 (2) s’est intéressée à la manière dont les médias britanniques communiquent sur les changements climatiques. L’étude montre que les discours sont confus et contradictoires. Pour chaque argument avancé, il est présenté un argument contraire. Par ailleurs, une étude américaine réalisée entre 1988 et 2002 (3) met en évidence une divergence entre les discours populaires et scientifiques sur les changements climatiques. Ain - si alors que la grande majorité des scientifiques s’accorde sur l’idée que les activités humaines sont responsables du renforcement de l’effet de serre, l’opinion publique, elle, reste partagée. Ajoutons à cela que nous pouvons tous constater la volonté de présenter la question comme devant être débattue lors de certains débats publics ou télévisés, alors qu’on n’estime par exemple plus nécessaire de le faire pour parler du mouvement de la Terre autour du Soleil. Il semble que la compréhension du mécanisme du réchauffement global de la planète ne soit pas encore acquise. Du chaos médiatique, surtout présent dans les journaux télévisés, une importante part du public conclut qu’il n’y a pas de certitude, en dépit du consensus scientifique sur l’essentiel du problème, et se trouve face à deux clans, celui des « scientifiques alarmistes » et celui des « sceptiques statiques ». Un débat d’ « experts » ? L’étude anglaise (2) conclut que pour améliorer la communica - tion sur les changements climatiques, il serait utile de combler le fossé entre le gigantisme du phénomène qui pose problème et le caractère minime des petits gestes proposés en réponse. L’action individuelle doit devenir crédible. Mais surtout et en pre - mier lieu, pour répondre à la nature contradictoire du discours relayé dans les médias, le réchauffement global de la planète doit être considéré comme quelque chose d’indiscutable et de réel. Il paraît donc utile d’aider à décortiquer ce qui est fondé ou non dans la controverse. Les changements climatiques ne sont pas un thème neuf. Une démarche historique pourrait être inté - ressante pour aider à comprendre que, dans bien des cas, les arguments qui sont utilisés par les soi-disant sceptiques d’au - jourd’hui ont trouvé leur réponse dans des débats qui ont été résolus il y a 150 ans. Ce discours chaotique et contradictoire trouve peut-être son ori - gine dans la démarche journalistique même et sa recherche de neutralité. La quête du reportage équilibré entraînerait un biais dans le traitement de l’information. Les journalistes ne traitent pas les informations de manière proportionnelle aux études 56 57 58 59 scientifiques disponibles mais veulent donner la même importance aux arguments « pour et contre ». D’autres verront dans cette confusion une manipulation pilotée par des intérêts politiques et économiques puissants tentant d’entraver le changement de comportement. Car si les gens doutent du lien entre causes humaines et changements climatiques, cela coupe toute volonté individuelle et politique de prendre des mesures pour réduire les émissions humaines de gaz à effet de serre. Cette question soulève le problème du statut de « l’expert ». À qui doit-on céder la parole concernant les changements climatiques ? Une étude française soutenue par l’ADEME et AFFSET (1) met en évidence le recul généralisé en plateau télé du profane et de la victime au profit des experts, et ce sur l’ensemble des chaînes françaises de télévision. Mais récemment des « experts » contradictoires viennent se présenter et brouiller le discours. Le statut d’expert lé- gitime pour parler du climat commence à poser question… Depuis peu, on n’invite plus un climatologue pour parler des changements climatiques. Ou bien on ne l’invite plus seul et on le met face à un « sceptique » On l’invite avec messieurs Courtillot ou Allègre. C’est le domaine le plus difficile d’accès pour les journalistes ou auteurs de documentaires qui n’ont pas de formation scientifique et pour qui il est difficile de rectifier des points de vocabulaire scientifique, des concepts qui existent dans les débats. En guise de conclusion et de réponse à cette question des « experts », rappelons simplement que le GIEC, comme expliqué en introduction, a pour rôle d’analyser, d’évaluer et de synthétiser la littérature scientifique. Le débat et les études contradictoires ne sont donc pas absents, ils sont même inhé- rents à la démarche scientifique. Les conclusions du GIEC représentent aujourd’hui ce qui fait consensus au niveau mondial, mais le GIEC montre aussi là où il subsiste des incertitudes importantes. Un problème de vocabulaire Enfin, dernier élément pouvant expliquer cette difficulté de compréhension, un point de vocabulaire. Pour ne pas se perdre dans la controverse, il est important de savoir de quoi les scientifiques parlent. Et parler de prévisions, de prédictions ou de projections, ce n’est pas la même chose. Faire la diffé- rence entre une hypothèse et une théorie, comprendre ce que c’est qu’un modèle et comment sont élaborées les projections, etc. demande d’avoir bénéficié d’une formation scientifique. Les concepts en présence ne sont pas simples et font intervenir des échelles de temps et d’espaces qui rendent le discours abstrait. Autant d’occasions pour le profane de se perdre lors d’un débat. Un vent d’optimisme pour conclure Les sujets environnementaux occupent une place de plus en plus importante dans les journaux télévisés. L’étude fran- çaise de l’ADEME (1) montre par exemple que le nombre de reportages a plus que doublé sur TF1 et France 2 entre 1994 et 2004. L’environnement bénéficie d’une meilleure visibilité et d’une plus grande légitimité, on n’hésite plus à ouvrir la « rubrique environnement », ce qui était rare en 1994. Le professeur van Ypersele constate quant à lui une très forte évolution et se montre optimiste devant l’ampleur des changements dans les écoles où l’environnement se fait toujours au moins une petite place dans les matières enseignées ou dans la gestion de l’école elle-même. Les changements climatiques, même parfois encore mal compris, sont au moins aujourd’hui source d’intérêt et de préoccupation. Le professeur van Ypersele ajoute que rien n’est fatalité. C’est la raison pour laquelle le GIEC parle de projection et non de pré- vision car le futur dépend des scénarios d’émissions que l’on aura décidé d’avoir dans les décennies qui viennent. Tout est donc encore possible. Et en matière d’avenir, la vision du scientifique est bien plus optimiste que celle de certains médias. Au sujet par exemple de la récente conférence de Copenhague en décembre 2009, il explique qu’un accord a été signé par 120 pays pour reconnaître la nécessité de réduire les émissions drastiquement pour limiter l’élévation globale de température à 2 degrés. Il y a enfin un chiffre au niveau international alors que pendant 15 ans, il n’y avait un chiffre que dans les discours européens. Passer d’un objectif européen à un objectif mondial est tout de même historique même si tous les problèmes n’ont pas été résolus. Les médias ont trop vite parlé d’échec, comme motivés par une envie morbide d’annoncer des catastrophes. Frédérique Müller - PointCulture Propos du professeur Jean-Pascal van Ypersele recueillis lors d’un entretien à l’UCL le 11 mai 2010 (1) L’environnement dans le JT : la construction médiatique et sa réception - Rapport final ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) – AFSSET (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail) - Suzanne De Cheveigné & al. - Décembre 2006 (2) Warm Words: How are we telling the climate story and can we tell it better? – IPPR - Gill Ereaut & Nat Segnit - 03 August 2006 - Rapport disponible en téléchargement gratuit sur le site de l’IPPR (3) Communicating Climate Change, Discourses, Mediations and Perceptions - Centro de Estudos de Comunicação e Sociedade (CECS) - Universidade do Minho - Anabela carvalho, - 2008 - Rapport disponible en téléchargement gratuit sur le site : http://lasics.uminho.pt/ojs/index.php/climate_change/issue/view/10/showToc 59 60 61 CLAUDE LORIUS :1 livre / 1 film / 1 disque / 1 site Le livre: Voyage dans l’anthropocène; Actes Sud; 2010 C'est en cherchant à percer les mystères du réchauffement planétaire que les climatologues ont découvert une information essentielle: l'humain est devenu la principale force géologique sur la planète. Et les straglobe. Comment celui-ci a-t-il évolué et comment évoluera-t-il demain sous l'effet de la pollution atmosphérique? À ces sujets d'actualité, Claude Lorius apporte un fondement solide et un éclairage vivant. Le film: La glace et le ciel 1955, Claude Lorius répond à une petite annonce et part avec deux compagnons pour un hivernage d’un an en Antarctique, sans possibilité de retour ni d’assistance. Cette première campagne dans le grand sud est l’acte fondateur de son existence. Sur ces terres vierges de toute expérimentation, le jeune homme réalise que chaque bulle d’air enserrée par les glaces des pôles est un échantillon de l’atmosphère de l’époque où elle fut emprisonnée. Autrement dit, à une profondeur de quelques mètres, la glace contient l’air que respiraient les Romains. Températures, bulles d’air… Ces découvertes vont conduire à des forages qui vont lui permettre de remonter à plus de 400 000 ans dans notre histoire climatique, ce qui n’avait jamais été réalisé auparavant. Face aux connaissances qu’il vient de mettre à nu, Claude n’a de cesse tout au long de sa vie de tenter de convaincre, de faire prendre conscience des périls que l’humanité fait peser sur sa propre planète. Mais trop souvent il se heurte au silence, à l’incompréhension, au déni et aux pressions. Aujourd'hui, l’homme de science a décidé de prendre le temps de revenir en arrière, de reconstituer le puzzle de sa vie. Claude Lorius livre son témoignage, peut-être le dernier. Il raconte un monde ancré dans l’Anthropocène, cette ère nouvelle où l’homme est devenu la puissance qui régit l’écologie et la marche climatique du monde. Le site: Laglaceetleciel.com Des pionniers de la glaciologie à ceux qui réinventent notre monde, Wild-Touch et Luc Jacquet connectent les innovateurs d’hier et d’aujourd’hui. Nous vous donnons rendez-vous jusqu'en 2016 avec un film long-métrage de cinéma, un documentaire de télévision, un programme pédagogique, un laboratoire d'innovation et une grande expédition en Antarctique. http://laglaceetleciel.com tigraphes d'aujourd'hui de se réunir pour déterminer comment traiter cette nouvelle ère dont la brièveté est justement la caractéristique. Car l'Anthropocène est avant tout cela: l'histoire d'une formidable accélération qui nous questionne aujourd'hui sur notre rôle: serons-nous les gardiens de la Terre ou les spectateurs impuissants de notre toute-puissance? Ce livre est le voyage d'un climatologue, Claude Lorius, pionnier des recherches sur le climat et lauréat du Blue planet prize (l'équivalent du Nobel pour les questions écologistes) et d'un journaliste, Laurent Carpentier, écrivain et spécialiste de questions environnementales, aux confins de cette nouvelle ère. Le disque: Les glaces ; de vive voix ; 2001; HE0706 Les glaces, qui sous toutes leurs formes représentent 15 % de la surface du globe, sont cruciales pour l'environnement et le climat. Sans les glaces, le niveau des océans monterait de 70 mètres. Les glaces permettent également, sur des centaines de milliers d'années, une archéologie du climat du Claude Lorius, glaciologue, membre de l'Académie des Sciences et Directeur de recherches au CNRS est le premier, avec Jean Jouzel, à avoir mis en évidence le lien entre la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre et l'évolution du climat. Il est l’auteur de plusieurs livres et publications scientifiques, régulièrement interrogé dans les documentaires et est au centre d’un grand projet multi-média nommé la glace et le ciel. 62 63 LE DIOXYDE DE CARBONE 64 65 Documentaires MISTER CARBONE 87’ ; 2010 ; Yves Billy; Auteurs Associes; TM5474 Documentaire sur le rôle du carbone dans le réchauffement climatique. Responsable désigné du réchauffement climatique, le gaz carbonique fait une entrée remarquée dans la politique internationale lors de la signature du protocole de Kyoto, en 1997. Depuis, au fil des ans, il s'est affirmé comme une préoccupation majeure, sinon comme un ennemi public numéro un. Les mesures laborieuses prises pour limiter les émissions de ce gaz à effet de serre se sont heurtées au dogme de la croissance industrielle à tout prix. La conférence de Copenhague en fut l'implacable illustration. L'emprise du carbone a envahi toutes les activités humaines, de la production de jus d'orange à l'explosion des transports. Pays consommateurs et producteurs se retrouvent dans le même cycle de dépendance, de responsabilité et d'intérêts. Mister Carbone a encore de beaux jours devant lui, comme le montre cet état des lieux des forces en présence. CARBONE, ENNEMI PUBLIC N°1 54' ; 2009 ; Nicolas Koutsikas & Stéphan Poulle; Georama TV ; TM1761 Documentaire sur le rôle d u carbone dans le réchauffement climatique et sur les solutions pour l ´avenir com - posé d ´interviews en version originale sous -titrée et d ´animations d i dactiques. Le film est construit comme un dossier à charge dans la recherche d´un coupable du réchauffement climatique. Il commence avec le cycle du carbone pour envisager une piste de solution au niveau du consom - mateur, toujours autour de la molécule coupable : l´étiquetage du bilan carbone sur les produits de grande consommation. Tout au long du documentaire, des scien - tifiques de disciplines complémentaires rassemblent les preuves de sa culpabilité dans le monde. Le film est bien construit, didactique et clair sur le rôle du carbone. Il ouvre sur de nombreuses pistes d´explo - ration pour approfondir certains sujets. Les solutions à envisager pour lutter contre le changement climatique sont peu présen - tées. Seules les solutions techniques visant par exemple la recapture du carbone sont abordées et surtout pour en montrer les li - mites. Ce choix s´explique par la volonté de circonscrire le sujet au carbone et dé - montre que la technologie ne sera sans doute pas aussi salvatrice qu´espérée. UN AVENIR? À QUEL PRIX 52’ ; 2010 ; Martin David ; Mecanos Production ; TM8911 Démonstration d e la nécessité d e ré duire nos besoins énergétiques (électroména - ger, informatique, transport, bâtiments) dans la perspective des changements climatiques qui se heurte à un immobilisme, notamment au niveau politique . David Martin, fils d’un expert sur le climat (Yves Martin, présent dans le documentaire) livre une vision de l’avenir peu optimiste mais résolument engagée. Le film met en opposition une population en attente de propositions concrètes et un pouvoir poli - tique réticent. Face à cette situation, le réali - sateur regrette une certaine passivité et prise de distance de la population (« La pollution, c’est les autres »). Une image revient à plu - sieurs reprises dans le film: celle de postes de télévision diffusant des images alarmantes Les images ne semblent pas troubler le quotidien qui semble s’enfermer dans une routine sans issue. Le réalisateur part à la ren - contre des intervenants à vélo. Ceux-ci sont bien introduits grâce à une rapide présenta - tion qui permet de contextualiser leur pro - pos. Les chiffres cités sont très intéressants et l’analyse critique du système économique pertinente. De belles animations permettent de comprendre certains mécanismes en - vironnementaux ou économiques un peu complexes et offrent des moments de respi - ration dans ce film qui fait globalement un constat d’échec. Le tableau s’éclaircit tout de même en pointant des possibilités d’action individuelle s’inscrivant dans la seule solution possible: la réduction des besoins énergé - tiques. Le documentaire prône également l’élimination du marché par la norme de pro - duits coûteux en énergie (électroménager, informatique, transport, bâtiments, etc.) et se montre fort critique à l’égard du marché carbone mis en place à Kyoto. INTERNET, LA POLLUTION CACHÉE 53’ ; 2013 ; Coline Tison & Laurent Lichtenstein ; Camicas Productions; TM4850 Enquête sur les besoins énergétiques de notre utilisation quoti dienne d ’internet et d e ses ressources. Aujourd'hui, 2,5 milliards de personnes sont connectées dans le monde. Propre en apparence, le monde virtuel est beaucoup plus polluant qu'on ne l'imagine. En effet, les « data centers », ces usines qui stockent les informations et fonctionnent jour et nuit, ont des besoins immenses en électricité et utilisent des énergies électriques polluantes comme le nucléaire ou le charbon. De la musique aux vidéos, en passant par nos mails et les réseaux sociaux, notre consommation énergé- tique virtuelle a un impact direct sur l'environnement. 64 66 67 non seulement héberger ces projets, mais expose en outre sa population à des pro - blèmes sociaux et écologiques supplémen - taires (développement de monocultures sur des terres cultivables par exemple). Ce marché du carbone déplace le problème vers des solutions à court terme et ne permet pas le développement d’alternatives énergétiques. Les changements climatiques, dont les pays industrialisés portent une res - ponsabilité historique, deviennent ainsi une nouvelle opportunité commerciale. Le Nord épargne aux entreprises occidentales le coût du passage à une production moins polluante en perpétuant une méthode co - lonialiste bien ancrée historiquement qui consiste à mettre en place des projets dans les pays en voie de développement, eux déjà si fragiles face aux conséquences dom - mageables des changements climatiques. Frédérique Müller - PointCulture + D’INFOS SUR: * Le marché du carbone: http://www.cetri.be/Impact-du-Mecanisme-de?#nh14 * Les MDP: http://www.fern.org/pt-br/node/5453 * Les projets puits de carbone: http://www.rac-f.org/Les-projets-puits-de-carbone * Voir aussi le film: The Carbon Rush LA QUÊTE DU PÉTROLE L’ÉPOPÉE DE L’OR NOIR 4 x 52’ ; 2004 ; Divers Réalisateurs; Les Films Du Grain De Sable & 03 Production ; de TH3075 à TH3078 Pour le meilleur et pour le pire, le pétrole a bouleversé les modes de vie des sociétés contemporaines. L’am - bition de cette série documentaire en quatre parties est de raconter cette fabuleuse épopée planétaire de plus d’un siècle et demi. Dans ses grandes lignes, le récit se déroule chronologiquement depuis le milieu du XIX e siècle, date de naissance de l’histoire moderne du pétrole, jusqu’à nos jours. Envisagée sous tous ses aspects, géopolitique, économique, écologique, tech - nique, cette épopée épouse étroitement les péripéties les plus marquantes de la grande histoire, dont elle a profondément modifié le cours. Elle s’achève sur la question ouverte de l’inéluctable déclin pétrolier que les spécialistes, optimistes et pessimistes confondus, prévoient pour les décennies à venir. LE NOUVEL ELDORADO DEMAIN, UN MONDE SANS GLACE 52’ ; 2007 ; Thierry Piantanida & Frédéric Lossignol ; Gedeon Programme; TM2542 Documentaire sur les opportunités liées à la fonte des glaces aux pôles . Le recul de la glace ouvre des voies maritimes dans les eaux du Grand Nord, réalisant le rêve des aventuriers depuis des siècles à la recherche d’une nouvelle route pour atteindre les Indes. Le réchauffement donne des ailes à tous ceux qui convoitent les richesses du Nord. Les grandes flottes de pêche se précipitent dans les eaux récemment libérées pour exploiter des bancs de poissons jusqu’alors inaccessibles. Des mines de nickel, de cuivre, de cobalt, d’argent, d’or et de diamants s’ouvrent partout. De l’Alaska à la Sibérie, des gisements de pétrole et de gaz sont mis en exploitation dans l’urgence, à la faveur de conditions climatiques moins difficiles et de la flambée du prix du baril. Mais cette ruée mal contrôlée n’est pas sans risque. Le monde polaire est vulnérable. CARBONE ET AGRICULTURE LOVEMEATENDER 63’ ; 2011 ; Manu COEMAN; A-T PRODUCTION & RTBF; TN4391 L’environnement paie le prix fort de notre consommation de viande actuelle: animaux-ma - chines, pollution, épuisement des sols, surexploitation des forêts, réchauffement climatique, etc. De l’obésité aux cancers jusqu’à la résistance aux antibio - tiques, le corps de l’homme ne s’en porte pas mieux. Le réalisateur Manu Coeman et le vétérinaire philosophe Yvan Beck signent ici un documentaire édifiant sur les dérives de la consommation de viande. PAS DE PAYS SANS PAYSANS 90’ ; 2005 ; Eve Lamont ; Production Du Rapide Blanc & ONFC ; TM6301 Partout sur la planète, l’agriculture est en crise. La course à la productivité de l’agro-industrie s’effectue au détriment de l’environnement et de la qualité des aliments. Du Québec au Vermont, en passant par la France, le film dénonce les dégâts causés par l’agriculture industrielle: pollution, destruction des écosystèmes, prolifération de cultures d’OGM, faisant peser une menace additionnelle sur la biodiversité et sur l’autonomie des paysans. LE MARCHÉ DU CARBONE ou comment les pays occidentaux alourdissent leur dette envers ceux du Sud Suite à l’accord international de réduction des gaz à effet de serre de Kyoto en 1997, l’Europe fait le pari d’une régulation des émissions par le prix dans le cadre d’un mar - ché. Commence alors en 2005 le commerce de quotas d’émission, attribués de manière décroissante d’année en année aux États, qui les redistribuent ensuite aux entreprises industrielles et énergétiques. L’idée était d’inciter au développement d’une industrie moins polluante mais sept ans de mise en pratique plus tard, les constats sont alarmants. Non seulement le marché (qui compte son lot de fraudes et de spéculateurs) n’a pas permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais par ailleurs, les projets développés en son nom entretiennent la dé - pendance aux énergies fossiles et aggravent les inégalités dans les rapports Nord/Sud. En cause surtout, les mécanismes de com - pensation comme les MDP (Mécanisme de Développement Propre): les entreprises peuvent financer des projets dans les pays en voie de développement pour respecter leur obligation de réduction d’émission (di - vers procédés chimiques de séquestration des gaz polluants par exemple). La majorité de ces projets sont des « puits de carbone » et non des réductions d’émission, ils repré - sentent une menace pour la population lo - cale et l’environnement. Le Sud doit donc 68 69 EN DEUX DOCUMENTAIRES Grâce à Mister carbone, une enquête bien documentée sur la dépendance de l’économie mondiale aux énergies fossiles qui nous invite à identifier nos paradigmes de pensée pour mieux les remettre en question, nous en savons un peu plus sur CO2, un opportuniste en affaire, discret mais redoutable. - Représenté sous forme d’un petit nuage gris, il est souriant, très épanoui, et prospère confortablement dans notre atmosphère grâce aux activités humaines qui dopent sa croissance. - Le carbone est un opportuniste qui profite de notre incapacité politique à renoncer aux énergies fossiles. - Il est à la tête d’un vaste réseau qui tire profit de chaque acte du quotidien humain. Une séquence met par exemple en évidence le véritable coût écologique des biens importés. - Il est discret et préfère agir dans l’ombre. Grâce à sa petite taille, il se dissimule souvent derrière des chiffres et des mesures abstraits. Le documentaire nous permet de mieux comprendre ce que représentent ces chiffres qui font parfois débat dans le monde scientifique et politique comme par exemple les limites d’émissions fixées à 350 ou 450 ppm. Avec Carbone, ennemi public n° 1, un documentaire très bien illustré sur le rôle du carbone dans le réchauffement climatique et ses consé- quences sur les peuples et les écosystèmes. - Il est notre ennemi. À une certaine époque, il ne l’était pas. Il y a bien longtemps, on le remerciait plutôt de nous offrir sa protection nous aidant, grâce à sa participation à l’effet de serre, à maintenir une température planétaire moyenne autour de 18 °C. Mais aujourd’hui, il en fait trop… Son influence sur le climat avait déjà été remarquée par un scientifique suédois il y a plus de 100 ans. - Il est coupable, clairement condamné à l’unanimité par le monde scientifique pour son rôle majeur dans le réchauffement climatique et ses conséquences. 150 millions de personnes seront notamment poussées à l’exil en raison de la hausse du niveau des mers d’ici la fin du siècle. - Il n’aime pas les étiquettes et voit d’un très mauvais œil les initiatives d’étiquetage permettant de mesurer le coût écologique des biens de consommation. - Son point faible: le consommateur, le seul à pouvoir limiter directement son expansion (en choisissant des produits à faible empreinte écologique par exemple). Frédérique Müller - PointCulture LE CARBONE, PORTRAIT D’UN TUEUR Nommé un peu rapidement « carbone » dans les deux films, diminutif de dioxyde de carbone ou CO2, il était jusqu’ici un mal invisible, s’accumulant dans notre atmosphère discrètement et s’insinuant de manière de plus en plus évidente dans les rouages de la machine climatique planétaire. Deux documentaires se sont penchés sur cette molécule devenue célèbre afin d’en dresser le portrait. Voici les principaux traits de caractère que l’on peut en extraire : Des voitures, il y en a partout! Elles circulent dans les rues, klaxonnent au petit matin et aux carrefours, s’affichent sur les gigantesques panneaux de publicités et dans les espaces publics, nous relancent à l’occasion des plages publicitaires au milieu du film romantique du dimanche soir ou en encart dans un magazine de cuisine. Elles occupent une bonne place dans le budget familial et dans les plans de mobilité des villes. Elles polluent l’atmosphère et sont au cœur d’une des principales activités économiques mondiales. Au-delà de son omniprésence physique, la voiture semble par ailleurs aller jusqu’à participer à la construction de l’image sociale de l’individu. Il suffit pour s’en convaincre de voir quels leviers la publicité tentent de mobiliser. C’est ce que montre, de manière humoristique et décalée, le dessin animé L’aventure de l’homme mobile, en racontant comment « l’être humain parvient à s’identifier à sa voiture. Elle est le reflet de sa puissance, de son rang social, de son bon ou mauvais goût. L’obtenMA VOITURE ET MOI tion du permis de conduire devient un passage obligé vers l’âge adulte, un moyen de montrer à tous que l’on a une « vraie » personnalité ». Le cinéma compte lui aussi d’innombrables films dans lesquels la voiture reflète les caractéristiques et la personnalité des personnages : la très profilée Batmobile de Batman ; la déglinguée Ford Gran Torino de The Big Lebowski ; l’excentrique Studebaker Commander de The Muppets ; les luxueuses voitures de James Bond, etc. Les voitures vont même jusqu’à accéder à l’existence autonome (The Knight Rider, Cars, etc.). Symbole de l’apogée de l’intelligence technologique, synonyme d’efficacité, de performance et de vitesse, la voiture matérialise un vieux rêve prométhéen. Grâce au feu, à la combustion, l’humanité compense les faiblesses dont la nature l’a affligée. Érigée en véritable outil de conquête, la voiture permet de s’affranchir des limites de l’espace et du temps pour accéder à un idéal d’indépendance. 68 70 71 La voiture est en réalité davantage le symbole de notre dépendance à un mode de vie fondé sur l’exploitation du pétrole alors même que cette ressource tend à disparaître. Pour Le syndrome du Titanic, la voiture est « une déesse d’un monde fatigué… le reflet d’un rêve de grandeur… un rêve absurde que l’on comble en vidant le sang de la terre ». Le commentaire accompagne des images d’extraction du pétrole, de trafic routier étouffant puis de casse où les carcasses s’empilent. Pur produit du monde industriel dont elle reflète toute l’ambivalence, la voiture apparaît aujourd’hui comme une aberration coûteuse, énergivore et polluante, une impasse technologique et environnementale, une absurdité d’une tonne environ pour déplacer un individu de 80 kg en moyenne. La voiture est aussi un mode de transport en phase avec l’individualisme et la compétition qui caractérisent notre mode de vie, un monde dont les fondements sont poussés à l’extrême dans le film Mad Max, où la route est devenue un champ de bataille. Plus inspiré du quotidien, dans Pousse pas le bouchon, des enfants ont retranscrit, sous forme d’une animation amusante et avec beaucoup de spontanéité, leur perception du comportement des automobilistes et des passagers lors d’un embouteillage : énervements, insultes, comportements peu civiques et pollution sont au rendez-vous. Seul un vélo traverse le bouchon sans embûche. Malgré de grands projets de centre-ville sans voiture, la circulation automobile occupe toujours une place prépondérante dans la conception des aménagements urbains et les plans de mobilité. Le film Model Shop illustre par exemple très bien cette problématique dans la ville de Los Angeles dans les années 70. Pour conclure, dans A fond les boulons, des enfants ont imaginé un avenir où la voiture serait greffée à l’être humain. Une vision futuriste surréaliste mais intéressante d’un point de vue métaphorique. Ces individus du futur redécouvrent les vertus d’une mobilité plus douce à la faveur d’un accident de la route. Frédérique Müller - PointCulture LES CONSÉQUENCES DU RÉCHAUFFEMENT GLOBAL 70 72 73 Documentaires LES TEMPS CHANGENT 89’ ; 2008 ; Marion Milne; France 2 Éditions ; TM8311 Docu-fiction sur les conséquences du réchauffement climatique. Ce film a été écrit à partir des prévisions du GIEC sur le réchauffement climatique. Il raconte de manière très émouvante le sort de cinq personnages qui incarnent, chacun dans leur parcours, une problé- matique du réchauffement climatique: Idri qui entreprend une incroyable traversée du désert africain pour rejoindre l´Europe dans l´espoir de trouver un moyen de survie ; Grace, en Amérique du Nord, qui avait prédit la disparition du dernier ours polaire ; Julia qui voit disparaître le dernier pied de vigne bordelais suite à la sécheresse, aux attaques de criquets pèlerins et à l´apparition de nouvelles maladies ; Lotte et Niels qui tentent de mobiliser les nations du monde pour lutter contre le réchauffement climatique. Les personnages incarnent des problématiques variées sur des continents différents : avancée du désert dans les régions chaudes, fonte de la calotte glaciaire au Nord, inondations en Europe du Nord, grands flux migratoires de réfugiés climatiques, invasions d'insectes en Europe, etc. Voici le contexte qu´ont à affronter les héros du film. En marge des thématiques liées au réchauffement climatique, le film pose aussi question sur le rôle des innovations technologiques : amélioration de la communication, du contrôle et du transport, celles-ci ne sont en revanche jamais mises au service de la population défavorisée posant ainsi la question du type de société que l’on veut pour l’avenir. DE PLEIN FOUET - LE CLIMAT VU DU SUD 55’ ; 2009 ; Geert De Belder ; Wereldmediatheek ASBL; TM2395 Documentaire sur les conséquences du réchauffement climatique pour les pays d u S u d. L'équipe du film est partie mesurer les dégâts des changements cli - matiques au Burkina Faso, au Togo, en Équateur et au Bangladesh. Des dizaines de victimes et des experts témoignent de la pauvre - té galopante. Ce qui semblait être, auparavant, uniquement un problème environnemental, se révèle désormais une catastrophe humanitaire silencieuse. La nécessité de limiter les changements climatiques est évidente, mais cela ne suffira pas : le réchauffement est déjà là et le Sud n'a pas d'autre choix que de s'adapter. POUR UN DEGRÉ DE PLUS, PLANÈTE EN DANGER 52’ ; 2004 ; National Geographic Society ; TO6112 Documentaire sur les conséquences du réchauffement climatique sur la bio diversité et la santé humaine . Des nuages de poussière s'élèvent au-dessus de l'Atlantique, la population des caribous décline inexorablement, des espèces aquatiques peinent à survivre dans les océans, des maladies hu - maines changent de répartition géographique: ces mystérieux évènements conduisent les scientifiques sur la piste d'une sombre hypothèse: l'augmentation globale des températures menace les écosystèmes. Le spectateur découvre progressivement les liens entre des phénomènes complexes apparemment indépendants. UN NUAGE SUR LE TOIT DU MONDE 52’ ; 2012 ; Agnès Moreau ; Le Miroir, Arte France, I.R.D., C.N.R.S., I.C.I.M.O.D. ; TM8975 Documentaire sur la pollution d e l ’air au sommet d e l ’ Himalaya et d e son lien avec le changement climatique. L’air de l’Himalaya est aussi pollué que celui des villes d’Europe. Une équipe franco-italienne découvre des taux élevés de concen - tration de particules de pollution. Ces ABC, des nuages peu connus de pollution atmosphérique, détonent dans un paysage que l’on voudrait immaculé. Ils s’étendent sur des milliers de kilomètres et voyagent autour de la planète, modifiant au passage le climat. Le documentaire raconte l’origine et les conséquences de ce phéno - mène sur la santé et le climat. LA VIE EN SURSIS - DEMAIN, UN MONDE SANS GLACE 52’ ; 2007 ; Thierry Piantanida; Gedeon Programme ; TM2541 Documentaire autour des conséquences du réchauffement climatique sur la vie des pôles présenté par Jean - Louis Etienne . Le film rend compte des conséquences de l’al - tération du climat sur la vie des pôles, premières victimes du réchauffement climatique. De la ra - réfaction de leur nourriture à la diminution de leur territoire en passant par la pollution de leur environnement, de nombreuses espèces sont menacées. Le document propose un bon état de la biodiversité des zones polaires. 72 74 75 LA SÉRIE PARADIS PERDUS LES PARADIS PERDUS 5 x 43’ ; 2004 - 2005 ; Divers réalisateurs; Auteurs Associés; TM6161 à TM6165 La série « Paradis perdus » aborde les principaux aspects des changements climatiques, comme la montée des océans, la désertification, la déforestation ou la fonte des pôles et des glaciers. Des événements climatiques extrêmes, dont certaines régions dans le monde subissent déjà les effets. Pendant que les satellites observent, d'en haut, les dérèglements de l'horloge planétaire, et que les scientifiques analysent les nouvelles donnes climatiques et tentent de simuler le climat de demain, certaines populations, en butte aux désordres de l'environnement, voient déjà leurs modes de vie bouleversés. Chaque document de la sé - rie illustre un endroit représentatif et particulièrement exposé à ces bouleversements climatiques, en allant à la rencontre des habitants qui tentent de s'adapter à l'enchaînement des effets du dérèglement climatique. Tempête sur la Chine – TM6161 : La Chine a toujours connu la problématique des déserts, avec notamment ceux de Gobi et de Mongolie intérieure. Sur un front de plus de 1.500 kilomètres, les intempéries de la mousson d'hiver ensablent la Chine. Les dérèglements climatiques ont accéléré le phénomène. Niger, un fleuve à la dérive – TM6162 : La sécheresse dans les pays du Sahel a modifié les paysages, rétréci considérablement les lacs, tari certaines années le fleuve Niger et craquelé les sols jadis fertiles de la région du delta intérieur au Mali. Aujourd'hui, face au contexte de sécheresse récurrente, on assiste à une désorganisation sociale. Moussa, un garde forestier malien qui se définit comme un combattant de l'environnement nous fait découvrir ces peuples qui habitent le delta intérieur et luttent pour leur survie. L’OURS POLAIRE OURS POLAIRES, AVEC OU SANS GLACE ? 52’ ; 2005 ; Jérôme Bouvier ; Saint Thomas Production Canal + & Discovery; TO5854 Dans un fjord isolé du Spitzberg, le cinéaste Jérôme Bouvier a suivi pendant une année la vie d'une famille d'ours polaires dans un environnement en pleine mutation. Il en résulte un récit émouvant et universel de survie. C'est l'histoire de deux oursons frère et sœur. Après la période de sevrage, les animaux doivent subvenir à leurs propres besoins et s'adapter au réchauffement de la banquise, ainsi qu'à des étés de plus en plus chauds. Alors que la femelle essaye en vain de chasser les morses, son frère chasse avec succès les phoques se reposant sur les icebergs déri - vants. Réduisant son régime alimentaire à des proies faciles comme les œufs de canards eider ou le kelp, la femelle ne peut satisfaire ses besoins énergétiques. Fondant aussi rapidement que les glaciers, elle connaîtra une fin tragique. Quant à son frère, il atteint la maturité sexuelle et migre vers le nord pour faire face aux nouvelles conditions climatiques. Sumatra, les moissons de feu – TM6163 : A Sumatra et dans le reste de l'archipel indoné - sien, les incendies sont une pratique courante pour déboiser les sols. Mais à l'automne 1997, ces incendies ont pris des proportions incontrôlables et sans précédent, réduisant en cendres quelque six millions d'hectares de forêts et installant sur l'Asie un nuage immense et permanent : « le nuage brun d'Asie ». Les derniers jours de Tuvalu – TM6164 : Ce minuscule archipel polynésien de onze mille âmes, qui ornait jusqu'en 1978 la couronne britannique, pourrait être en effet le premier pays du monde à disparaître sous la mer, victime du réchauffement de la planète. Coup de chaud sur l’Arctique – TM6165 : En Arctique, les implications du réchauffement climatique sont d'ores et déjà majeures et surtout incroyablement rapides. En trente ans, la température a augmenté quatre fois plus vite dans l'Arctique que dans le reste du monde. Dans le dernier quart de siècle, la banquise a perdu plus de 1.500.000 km² de sa surface et pourrait diminuer de plus de la moitié avant la fin du siècle, entraînant la disparition d'espèces et perturbant le fonctionnement du Gulf Stream. LES INONDATIONS LES INONDATIONS, UN RISQUE MAJEUR 150’ ; 2006 ; Carole Chabert ; Crdp De Montpellier, Cddp Du Gard & Scérén-Cndp ; TM4790 Le dvd propose une série de très courtes séquences pédagogiques autour du thème des inondations. Celles-ci présentent un risque majeur en France, en Europe et dans le monde entier. Au troisième rang des catastrophes naturelles après les séismes et les cyclones, elles font en moyenne 7 000 victimes par an dans le monde et causent des dommages matériels et environnementaux considérables. En France, deux millions de personnes sont ainsi concernés sans toujours le savoir et une commune sur trois est exposée à divers degrés. LES INONDATIONS TORRENTIELLES: UN DÉLUGE MORTEL 50’ ; 1998 ; Divers Réalisateurs; History Channel & A&E Television Networks; TP3953 Une série qui montre et explique les grandes catastrophes naturelles. Elle est commentée par des scientifiques et est accompagnée de témoignages de survivants et s’intéresse aux inondations dans le monde: à Nîmes en 1988; à Vaison-la-Romaine en 1992; en Corse en 1993; en Europe Centrale chaque année; en Colombie; en Algérie et en Asie. Les inondations surgissent et recèlent une force qui, depuis des siècles, a dévasté des villes entières. Aujourd’hui encore, ce danger nous guette. Quand les pluies diluviennes ne peuvent pas être absorbées par le sol, l’eau acquiert une force incroyable. 74 76 77 Valérie Masson Delmotte réagit et s’exprime sur le film Le jour d’après. Ci-dessous la retranscription de ses commentaires face au visionnement de quelques extraits du film. Le jour d’après - début du film: des événements météorolo - giques violents frappent le monde. Un paléoclimatologue com - prend que cette situation n’est que la conséquence d’un dérè - glement climatique majeur qui sonne le début d’une nouvelle période glaciaire. VMD: La dernière fois que j’ai vu le film, c’était sur une plate - forme de forage au Groenland en 2008 avec des collègues de quatorze pays différents. Je pense que les gens ressentaient une certaine frustration à voir autant de talent mis à l’œuvre pour distraire et si peu de moyens pour instruire. Il y avait cette dualité dont on avait discuté après le film. Je me souviens aussi d’un autre point. Certains collègues améri - cains font face à une grande difficulté à communiquer sur l’état des connaissances sur les changements climatiques. Le rapport à la science est parfois différent. Les collègues américains di - saient que le film a cette vertu de montrer que le climat est une chose fragile, même si ce qui est dit est faux, irréaliste ou loin d’être le scénario le plus plausible. La réaction de la plupart des collègues européens serait au contraire plutôt de prendre le film avec énormément de dis - tance et de penser qu’il serait plus difficile d’expliquer l’état des connaissances après le film, qu’avant. Le film ne reflète en effet pas tous les travaux d’évaluation des risques de changements climatiques au cours des dix prochaines années. Et il ne reflète pas non plus la manière dont ces changements apparaîtraient. Extrait 03’07 à 03’23: forage d’une carotte glaciaire Au sujet des opérations de forage qui sont représentées ici, le type de tente, le type de container et de vêtement, cela ressemble assez au type de matériel utilisé pour des opérations de forages légers, c’est-à-dire sur des expéditions qui se déplacent. Il y a donc une partie réaliste des images mais ce n’est pas tout à fait juste concernant l’échelle de l’expédition. En général, il y a une dizaine de personnes qui participent: ceux qui conduisent les vé - hicules, assurent la logistique de l’expédition et les scientifiques. Extrait : 04’24 à 04’32: effondrement d’une partie de la ban - quise Les zones qui sont des zones de forte déformation des plate - formes de glace, sont souvent des zones où il y a des crevasses et donc une surface moins plane que celle qui présentée là. La plupart des zones de forage en Antarctique ne se font pas sur une langue de glace flottante mais plutôt à l’intérieur du continent. Il est donc rarissime d’avoir des opérations sur des zones de plate - formes de glace dont on sait qu’elles se déforment fortement. Aujourd’hui, quand on observe les côtes de l’Antarctique, comme les glaciers flottants du Groenland d’ailleurs, les phénomènes qui entraînent ce type de cassure, c’est à la fois pour les régions les plus chaudes (du Groenland à la péninsule antarctique) de la fu - sion en surface, ou plus souvent ce sont des eaux de mer plus chaudes qui entraînent une fusion de la langue de glace par en dessous et une déformation progressive, et on a un certain nombre de signes précurseurs, par exemple, une augmentation d’écoulement repérée et suivie par satellite avant la cassure. Extrait 5’39 à 5’52: une partie de la plateforme se détache On observe du côté de l’Antarctique, épisodiquement, des frac - turations de langue de glace flottante qui laissent parfois partir des sortes de méga icebergs, de taille parfois colossale. Et ça fait partie du fonctionnement normal d’une calotte de glace. On a parfois des icebergs de ce type qui ont été transportés par très loin de la nouvelle Zélande. Extrait : 6’01 à 6’17: discours du scientifique sur l’analyse de la carotte C’est un peu imprécis. C’est la description d’un événement froid qui a ponctué la fin de la dernière période glaciaire. Le change - ment de température de l’hémisphère Nord pendant la dernière REGARD D’EXPERT DU CLIMAT SUR LE FILM : LE JOUR D’APRÈS 76 Interview 78 79 déglaciation, c’était une vague de réchauffement, un retour à des conditions quasi-glaciaires et une dernière phase de réchauffe - ment. Je pense que dans le film, ils font référence à cet épisode-là, qu’on décrit pour le climat européen comme le dernier épisode froid de l’épisode glaciaire. Ce coup de froid là n’est pas unique et ce type d’instabilité, on en a eu vingt-quatre autres pendant la période glaciaire jusqu’à la nouvelle déglaciation. Extrait 6’19 à 6’40: le réchauffement peut déclencher un re - froidissement À nos latitudes effectivement, dans le secteur de l’océan atlan - tique, on a un courant chaud qu'on appelle parfois le Gulf Stream. Il y a donc une grande gire dans l’océan atlantique sud-tropi - cal. Ensuite il y a la dérive nord-atlantique qui apporte des eaux chaudes et qui permet d’avoir des conditions localement un peu plus douces. Cela étant dit c’est assez caricatural d’attribuer le cli - mat tempéré uniquement au courant marin. Les courants marins transportent une partie du surplus de chaleur des tropiques vers les hautes latitudes mais l’atmosphère joue aussi un rôle très im - portant dans ce transport de chaleur. Les conditions douces dont on bénéficie en Europe ne sont pas dues uniquement courant ma - rin mais aussi à la circulation de l’atmosphère. Extrait 6’40 à 6’51: arrêt du courant de surface Il y a là une confusion entre l’effet régional et l’effet global. Ces éléments-là ne correspondent pas à des changements qui sont les mêmes partout à la surface de la planète. Quand on a des phases froides du côté du Groenland, ça correspond à des réchauffements en Antarctique. Il y a quelque chose d’opposé entre les deux hé - misphères. Cette opposition est la marque du rôle de l’océan atlan - tique. Quand sa circulation est intense, on va exporter de la chaleur de l’hémisphère Sud et des tropiques vers l’Atlantique Nord, et vice-versa quand cette circulation est moins intense. Donc on est certain que c’est arrivé et aussi que ces réorgani - sations de courants marins sont liées, en partie, à de l’instabili - té des apports en eau douce à la surface de l’Atlantique Nord. C’est cette supposition qui est présentée dans le film que des instabilités de calotte peuvent jouer sur la circulation océanique et c’est en partie vrai en climat glaciaire. D’autre part, on a un petit coup de froid important pendant notre période chaude actuelle, c’est un autre type d’événement qui s’est produit il y a environ 8200 ans, probablement lié à la vidange d’un lac présent au Québec, un lac formé par la fonte de la calotte en fin de vie. Un barrage naturel existant a cédé d’un coup, une quantité colossale d’eau douce a atteint l’atlantique, et cet événement a été suffisant pour créer une petite instabilité du tapis roulant océanique à ce moment-là. Extrait 6’52 à 7’06: ce sont nos enfants et nos petits enfants qui en paieront le prix Il y a un raccourci très important qui est de dire que puisque ça s’est produit dans le passé, c’est un risque pour l’avenir. C’est un raccourci car nous sommes dans un état climatique différent. Ce qui fait varier le climat aujourd’hui, ce sont les rejets de GES et on a beaucoup de précisions dans l’estimation des conséquences des rejets de GES. Tout ce travail, qui est le corps des connaissances scientifiques dans ce domaine, est complètement passé sous silence dans le film pour privilégier un scénario catastrophe qui n’est pas nécessairement compatible avec les calculs qui existent. Les simulations climatiques font état, si on continue à consom - mer des énergies fossiles comme on le fait maintenant, d’un changement de température globale de trois à quatre degrés au moins d’ici à 2100. C’est un changement qui est simulé bien plus fort au Groenland, de l’ordre de cinq degrés parce qu’il y a des phénomènes d’amplification dans les régions polaires. Un chan - gement de cinq degrés en cent ans, c’est que nous appelons une instabilité abrupte. Extrait 7’06 à 7’36: le coût du protocole de Kyoto C’est un point qui est très fort. On voit très bien la difficulté entre les scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme par rapport aux enjeux des changements climatiques et les décideurs politiques qui sont très préoccupés par le fonctionnement du système économique et le coût d’une action environnementale. Cette séquence est assez lucide. On a un exemple récent avec l’échec des négociations de Copenhague où le constat scientifique de - vient de plus en plus précis mais la volonté d’action politique est de moins en moins forte. C’est un peu caricatural tel que c’est présenté là mais ça représente bien la situation de blocage en particulier dans la prise en compte des enjeux de long terme. Le scientifique tient des propos qui comparent le coût de l’ac - tion pour limiter les rejets de GES et le coût de l’inaction. Et ce sont exactement les termes employés par Nicolas Stern, un économiste qui avait fait un rapport sur le coût des impacts des changements climatiques par rapport au coût de l’action pour en limiter l’ampleur. 79 80 81 30’37 à 30’45: l’effet du soleil Dans les phénomènes qui font varier le climat, on peut en retenir trois grands : des phénomènes naturels externes à la machine climatique: l’activité du soleil et le volcanisme. Ensuite, des phénomènes internes au système climatique: essentiellement liés aux interactions entre l’océan et l’atmosphère et en particu - lier le phénomène El Niño dans les régions tropicales qui a des répercussions globales et c’est le premier mode de variabilité naturelle du climat. Et le troisième terme, celui qui change ac - tuellement, c’est la composition de l’atmosphère et la présence de particules de solution qu’on appelle les aérosols ou la teneur en GES, qui sont complètement bouleversés par l’impact des activités humaines. Ce sont trois termes qui se superposent. Dire que c’est seulement le soleil qui fait varier le climat est complè - tement faux, dire que c’est uniquement le CO2 l’est aussi. De plus, les différents termes n’ont pas les mêmes ordres de gran - deur. Depuis les années 70, l’ampleur des rejets de GES et des aérosols et tel que ce terme-là d’échanges de rayonnements à un poids comparable ou supérieur à celui de l’impact des cycles de onze ans du soleil ou des éruptions volcaniques. Donc on ne peut plus le négliger maintenant. Extrait 31’21 à 31’28: le recours aux modèles Ici c’est l’idée qu’un modèle de climat passé pourrait être la clé par rapport à l’évolution future du climat. En fait, nous n’avons pas de modèles de paléoclimat. Nous utilisons pour comprendre le climat passé les mêmes modèles pour l’actuel ou le futur. Donc ce point est un peu étonnant. Extrait 49’57 à 50’10: l’air froid de la troposphère descend Ça a vraiment l’apparence du traitement de l’image scientifique mais ça n’a absolument rien de réaliste. C’est une vue de l’esprit complète tant sur la description des mouvements de l’air que sur le fait de la mise en place de grande cellule à l’échelle d’un continent. Ceci est incompatible avec le fonctionnement de l’at - mosphère. Ensuite sur le fait de pouvoir prévoir à huit jours. Et ensuite qu’en huit jours on puisse être entraîné dans une nou - velle glaciation, cela est encore faux. Extrait 50’46 à 51’ : entrée dans une nouvelle période glaciaire On essaie d’aller pour les prévisions météorologiques vers des échelles de temps de sept à dix jours mais pour des systèmes de type passages dépressionnaires de cyclone, ça reste vraiment délicat. C’est vraiment une vue de l’esprit totalement imaginaire. Des infographistes se sont inspirés d‘images météorologiques mais ça n’est absolument pas cohérent avec ce que l’on com - prend du fonctionnement de l’atmosphère. 01’35’09 à 01’35’52: la vague de froid s’abat sur la ville Quand on prend la manière dont démarre la période glaciaire en réalité, ou comme on passe d’un été à un hiver pour faire une analogie, ce qui se passe, c’est qu’aux hautes latitudes, sim - plement par le fait qu’il y a moins d’énergie solaire, il y a un re - froidissement des colonnes d’air et de la surface. Les conditions sont douces quand des masses d’air humide arrivent depuis les océans voisins qui transportent à la fois de la chaleur et de l’hu - midité. Donc en réalité, quand on passe d’un état tempéré à un état froid, on remarque l’absence de passage dépressionnaire. Ce qui est associé à des conditions très froides en hiver, ce sont des conditions d’air très stable, anticycloniques et sèches. La va - peur d’eau, étant aussi un GES. Des conditions plus sèches sont donc associées à des conditions plus froides. 01’42 à 01’55: le sommet de statue de la liberté sort d’un épais manteau de neige Le film a cette conséquence que chaque fois que je donne un cours sur le climat à des étudiants ou une intervention vers le grand public, la première question qui est toujours posée concerne le Gulf Stream. Ce film fait partie d’une culture popu - laire et le lien est difficile à faire avec l’état des connaissances scientifiques. Je pense que les gens aiment bien se faire peur avec quelque chose qui n’est pas plausible plutôt que de regarder de manière lucide et rationnelle les risques qui sont devant nous, qui sont attendus et pour lesquels on n’a pas toujours les moyens d’agir. Retranscription d’une capsule vidéo retranscrite par Frédérique Müller avec l’aimable autorisation de @Institut des risques majeurs Risques tv. #7.0 2012 80 82 83 C’est dans les années nonante, que la problématique du changement climatique est apparue clairement dans les chansons francophones avec, par exemple, « Vert de colère » de Pierre Perret qui mettait déjà bien le doigt en 1998 « sur » l’engrenage: « Tous les ans, bonhomme / Sept milliards de tonnes / De gaz mortel CO2 / S’envolent dans les cieux / L’effet d’ serr’ menace / Ça fait fond’ les glaces. / La mer mont’: c’est sans danger / Y aura qu’à éponger ». Depuis, beaucoup de chanteurs se sont penchés sur le problème. La plupart place la question du changement climatique dans un contexte très généraliste qui fait la somme de tous les problèmes environnementaux ou même parfois encore plus largement dans une critique de la surconsommation. Des chanteurs avec des démarches différentes Tryo, Louis Chédid, Grand Corps Malade ou encore François Hadji-Lazaro ne se sont jamais fait prier pour parler des problèmes de société. Ce sont véritablement des chanteurs-citoyens. C’est sans doute eux qui abordent le plus justement le dérèglement climatique, sans pour autant se positionner en spécialistes. On les sent vraiment sincères et concernés. Par leur démarche et leurs propos, certains chanteurs donnent le sentiment qu’ils ont vu dans les questions environnementales un créneau vendeur. Ils essayent de se montrer concernés par ces problèmes en se mettant dans la peau de l’auditeur. Mais, leur discours reste souvent superficiel et le tout sonne parfois franchement faux. Bref, on est tenté de les qualifier de chanteurs opportunistes. Yannick Noah avec « Aux arbres citoyens » (2006) donne cette impression. Ceci dit, on ne peut pas nier l’efficacité et la capacité de rassemblement de cette chanson aux paroles simplistes et aux allures de spot publicitaire. Quant à De Palmas, dans « La malédiction » (1994), qu’apporte-t-il avec ces phrases confuses et sans consistance: « Fumées noires, été torrides / S’il pleut, il pleut acide / Réchauffement de la planète / Tout ça me prend la tête / […] / La malé- diction s’abattra sur la Terre » ? Toutefois, la palme des « chanteurs opportunistes » revient sans hésitation à Pascal Obispo qui a consacré l’entièreté de son dernier album LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES DANS LE RÉPERTOIRE FRANCOPHONE aux menaces environnementales pesant sur l’humanité. Se rebaptisant « Captain Samouraï Flower », il se définit comme « utopiste, idéaliste et humanitaire », tenant un discours où il se veut acteur et même meneur pour le changement. Mais, les paroles sont creuses et les propos inintéressants. Que retirer, par exemple, de ceci: « Hey Mr Sunshine / Tes flèches pyromanes nous incendient / Arrête ton chaud man! / Ou on sera tous vite refroidis ». Quant à la musique, elle est des plus formatées, banalement pop, rock FM et sans surprises. Paradoxalement, l’effort a été porté sur la conception graphique et l’image. Sur la pochette luxueuse, défilent tous les clichés des thématiques environnementales : éoliennes, ours polaires, éléphants, indiens d’Amazonie,…. Tout y est « étudié » afin de marquer l’auditeur, comme on le fait pour une propagande politique. Enfin, il y a les chanteurs poètes qui n’hé- sitent pas à utiliser un langage recherché et à jouer avec les sonorités. Pas toujours facile de faire passer un message engagé, quand on possède une telle plume. Si la cause de l’environnement est une source d’inspiration, le message passe parfois au second plan, derrière la forme. Prenons, par exemple, un extrait de la chanson « Exterminator » (1992) de François Béranger: « Dans la steppe au phosphore / Dans les champs de lythium / Dans les fleuves au mercure / Sous un soleil de plomb / Sur un nuage de souffre / Gorgé de plutonium / Dans le vent désertique / Chauffé par les torchères / Des derricks en furie / Du haut d’un mirador / J’aperçois les barbares / Envahir l’horizon ». Les images sont fortes, les associations relativement complexes. Mais, beaucoup de gens ne rentrent pas dans ce type de textes moins directs. Ces chanteurs s’adressent d’abord aux intellectuels et aux amoureux de la langue, et il en faut. Bref, on a beau souligner, critiquer les différentes démarches des chanteurs, ce qui compte c’est de dénicher les chansons réussies, généreuses dans leur message, qu’elles aient une visée commerciale ou non. NEUF chansons À la loupe Sécheresse (1992) – Dick Annegarn associe le changement climatique à la sécheresse, à l’image d’un monde où l’on étouffe. La sé- cheresse est une image récurrente dans les chansons, le terme faisant directement écho au terme de réchauffement global. L’image de la sécheresse ne peut résumer à elle seule les conséquences du réchauffement climatique qui restent difficiles à prévoir localement. Parler de sécheresse est cohérent avec ce qui peut arriver dans une partie du monde. Mais, c’est oublier vite qu’une autre partie de la planète sera envahie par les eaux et que globalement nous serons tous exposés à des événements climatiques extrêmes de type ouragans et inondations. Babylone (1997) – Tryo livre ici une chanson généraliste sur les comportements néfastes de l’humanité. Elle exprime de manière poétique la désolation et la fuite devant les problèmes liés au dérèglement climatique: « Le ciel se voile / Les glaciers transpirent ». Le groupe évoque aussi la qualité de l’air: « Plein de gasoil dans nos poumons / Quand on respire / Dans Babylone / […] / Alors tout le monde se came / Pour pouvoir s’évanouir ». Cette question, sans être complète- 83 84 85 ment à côté de la plaque, n’est pas directement liée au change - ment climatique. Il s’agit ici plutôt d’une perception de mal-être dans un monde globalement pollué. Enfin, plus loin, le groupe n’hésite pas à critiquer le modèle de consommation: « Mourir au volant d’une Safrane et de quelques loisirs ». S’interroger sur le modèle économique est légitime quand on parle de changement climatique, étant donné que ce modèle repose sur la surexploi - tation des ressources naturelles et surtout sur l’utilisation quasi exclusive des énergies fossiles (pétrole et charbon) à l’origine des émissions de CO2 responsables du changement climatique. Bidon de gas-oil (1997) – Louis Chédid a toujours été un artiste concerné qui se montre plus documenté que la moyenne. Ici, il évoque « Cet effet de serre / Qui bon an mal an / Réchauffe un peu plus l’atmosphère » avant de dresser un sombre tableau des ravages du pétrole jusque dans les usages quotidiens qu’on en fait: « Bidon de gas-oil, bidon de gas-oil / Diesel ou sans plomb / Indice d’octane / Dans les pharmacies / Ampoules, gélules / Homéopathie / Pour bronchites et rhumes / Bidon de gas-oil, bidon de gas-oil ». Si madame nature a les nerfs (2004) – Louis Chédid se penche à nouveau sur le problème en faisant cette fois-ci référence aux cyclones qui risquent fort de se multiplier à l’avenir et aux « inon - dations historiques » annoncées. Ce grand dérèglement clima - tique serait dû, selon lui, à la colère de « madame natur e » qui se rebelle et se venge sur l’humanité depuis trop longtemps irrespectueuse envers elle. Il met en avant quelques exemples de causes qui la mettent « en pétar d » : « Faut dire que tous ces cargos qui dégazent / Ces forêts qu’on ratiboise / Elle doit trouver ça naze / […] / Détergents Hydrocarbure, déchets nucléaires… / C’est sûr, ça peut déplaire ». Plus rien (2004) – Le chanteur des Cow-boys fringants se met dans la peau du dernier des Hommes. La chanson raconte qu’en quelques décennies, l’humanité est arrivée à sa fin car les Hommes n’ont fait que penser au profit. Il est question d’un grand cataclysme :: « C’est des années plus tard qu’ils ont vu le non-sens / Dans la panique ont déclaré l’état d'urgence / Quand tous les océans ont englouti les îles / Et que les inondations ont frappé les grandes villes / Et par la suite pendant toute une dé - cennie / Ce fut les ouragans et puis les incendies / Les trem - blements de terre et la grande sécheresse ». Plusieurs chansons, tout comme de nombreux films de fiction, évoquent un chan - gement brutal et rapide de ce type, s’éloi - gnant sans doute de la réalité scientifique qui prévoit plutôt un changement global moins spectaculaire mais avec une proba - bilité accrue d’apparition des événements climatiques extrêmes. CO2 (2006) – Marcel et son orchestre n’hé - site pas à poser, avec un certain humour, les questions qui dérangent les pouvoirs poli - tiques et industriels : « Qui a mis le feu chez les pingouins ? », « Qui a fait déborder les océans ? »… Le groupe critique le manque de volonté politique : « Si on veut déposer un projet de loi / Soyons prudents, c’est un sujet brûlant / Faut pas non plus faire peur aux investisseurs / Le réchauffement doit pas empêcher la croissance ». Ou met en exergue la réponse type d’un industriel d’aujourd'hui : « Me montrez pas du doigt […] / J’me plie déjà aux réglementations / Beaucoup de pays sont moins tatillons / Réduire les gaz à effet de serre / Je vous jure d’y réfléchir / Mais mon résultat ne doit pas en pâtir ». La chanson a le mérite de poser clairement la question de la res - ponsabilité. Par ailleurs, Marcel et son orchestre ont recours à un symbole plus ou moins bien senti : « Qui a scalpé le Ki - limanjaro ? ». L’ e x e m p l e du Kiliman - jaro est un choix tentant mais discu - table au vu de la littérature scientifique pour illustrer les conséquences de l’action de l’Homme sur le climat. D’autres mon - tagnes ou glaciers auraient pu être cités en exemple comme l’Himalaya. Dépolluer la planète (2007) – Francis Lalanne insiste lui aussi sur le manque de volonté politique en ce qui concerne la pollution de l’air. Il fait remarquer que rien ne bouge alors qu’on a des solutions (voitures électriques) : « Est-ce qu’on attend le ok du lobby pétro - lier ou bien le chaos / Pour se décider enfin à y aller, à tout dépolluer ? ». Il évoque aussi les énergies vertes: « Pourquoi ne pas faire avec l’énergie du ciel / Ce qui se défait avec l’énergie artificielle ? ». Il manque cependant de regard critique sur les utilisations des sols agricoles à des fins énergétiques au détri - ment de fins alimentaires: « Le super au colza, le diesel au tournesol / Plus besoin de pétrole / Maint’nant qu’on sait faire’ du bioéthanol ». Madame Louise, elle est exquise (2008) – François Hadji-Lazaro (FHL) du groupe Pigalle se penche sur le problème de la fonte des glaces. Il raconte, avec humour et cynisme, l’histoire de Madame Louise, une « pingouinette » qui est témoin de la catastrophe. Dans le refrain, c’est une voix d’enfant, nonchalante et détachée, qui chante, sur l’air d’Ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ces nouvelles paroles : « Ainsi fond, fond, fond, la banquise, la banquise… ». On apprend aussi que l’idylle de Madame Louise avec un ours blanc athlé - tique tourne au tragique quand « Le bloc de glace où habitait l’ours romantique / Se détacha un jour trop calorifique ». Et FHL de constater amèrement que: « L’amour ne fond pas malgré les chang’ments de climat / Mais ça jette, indubitablement, un froid ». Outre ces déchirements, notre chanteur ‘critique, réaliste et surréaliste’ met aussi en scène le drame social du peuple de la ban - quise en leur conférant des comportements humains : « Madame Louise, dans son igloo / Réunissait pour boire des coups / Les es - quimaux, les phoques, les morses et les ba - leines / Pour noyer leur peine ». La chanson met ainsi l’accent sur la disparition annon - cée de nombreuses espèces à commencer par celles qui vivent sur la banquise. 86 87 Le blues de l’instituteur (2008) – Grand Corps Malade (GCM) incarne un professeur qui confie à sa classe son désarroi: « J’ai mal quand je vois le monde et les Hommes me font peur ». Dans ce texte généraliste qui pointe du doigt nombre de méfaits de l’Homme, GCM évoque les problèmes liés aux changements climatiques : « Les Hommes ont pollué l’air et même pourri la pluie / Quand y aura plus d’eau nulle part, faudra garder l’ sourire / Et même l’odeur des forêts sera tombée dans l’oubli ». Il poursuit son slam par une vision ultra pessimiste de l’avenir: « Les enfants, vous savez ce que c’est des ressources naturelles ? / Si vous sa - vez pas, c’est pas grave, de toute façon, y en a presque plus ». Et termine en confiant la responsabilité de la solution uniquement aux enfants : « Les enfants, désolé, on vous laisse la Terre en sale état / Et bientôt, sur notre planète, on va s’ sentir à l’étroit / Gardez vos doutes, vous seuls pourrez nous sortir de là / […] / C’ que j’ veux vous faire comprendre, c’est que je compte sur vous / Ne suivez pas notre exemple et promettez-moi un monde meilleur ». S’en remettre à la prochaine gé - nération pour résoudre le problème clima - tique est (hélas) une attitude couramment constatée mais dommageable au vue de l’importance d’obtenir des changements de comportements rapides. Conclusion Les discours plus ou moins engagés de ces chanteurs rejoignent ceux que n’im - porte quel être humain pourrait tenir sur ces questions. Les chanteurs ne sont pas des scientifiques et ne cherchent pas à pro - duire des textes pédagogiques. L’intérêt de leurs démarches réside ailleurs. Ils chantent, tels des éponges, ce que les gens pensent et ont parfois du mal à exprimer, se faisant le témoin empathique, avec la planète ou l’humanité, d’une situation critique. La plu - part cherche, en proposant une vision poé - tique, imagée et sensible à faire réagir leurs confrères ou, tout simplement, à exprimer leur désappointement face à nos comporte - ments et les catastrophes annoncées. Certains insistent sur l’urgence de la situation, notre lien avec le sort de la planète; d’autres portent une réflexion critique sur notre mo - dèle de consommation, notre responsabili - té, notre devoir d’agir ou celle des enfants. Guillaume Duthoit - PointCulture LE CLIMAT SU R LES ONDES - L ’univers in Dick Annegarn, in Sacré Géranium,1973 – NA5051 - Exterminator in François Béranger, Béranger, 1992 – NB2220 - Rupture de stock in Richard Gotainer, D’amour et d’orage, 1992 – NG6315 - Sécheresse in Dick Annegarn, Inédick, 1993 – NA5065 - Mass Protect in Mass Hysteria, Le bien être et la paix, 1996 – NM1525 - Bidon de gas-oil in Louis Chedid, Répondez-moi, 1997 – NC2959 - Babylone in Tryo, Mamagubida, 1997 – NT7831 - Vert de colère in Pierre Perret, La bête est revenue, 1998 – NP2231 - De l’air, de l’air in Michel Fuguain, De l’air !, 1998 – NF8651 - Histoires improbables in La Ruda Salska, Passager du réel, 2000 – NR7574 - L’étoile absinthe in Les Hurleurs, Ciel d’encre, 2000 – NH8612 - Respire in Mickey 3D, Tu vas pas mourir de rire, 2002 – NM4142 - Les jardins du 21e siècle in Gérard Manset, Obok, 2004 – NM0872 - Si madame nature a les nerfs in Louis Chédid, Un ange passe, 2004 – NC2965 - Plus rien in Les cow-boys fringants, La grande messe, 2004 – NC7033 - Atmosphère, atmosphère in Le facteur, Le facteur, 2004 – NF0077 - J’attends in Hocus Pocus, 73 touches, 2004 – NH5517 - Aux arbres citoyens in Yannick Noah, Charango, 2006 – NN5366 - On s’en fout in Christophe Mali, Je vous emmène, 2006 – NM0684 - CO2 in Marcel et son Orchestre, E=MC2, 2006 – NM0994 - Mourir à plusieurs in Arno, Jus de box, 2007 – NA6739 - Dépolluer la planète in Francis Lalanne, Best of, 2007 – NL1183 - L’effet papillon in Bénabar, Infréquentable, 2008 – NB2069 - Monsieur Toulmonde in Aldebert, Enfantillages, 2008 – LI0096 - Madame Louise, elle est exquise in Pigalle, Neuf et occasion, 2008 – NP3545 - Le blues de l’instituteur in Grand Corps Malade, Enfant de la ville, 2008 – NG6746 - Urgence Climat, 2009 - Divers interprètes, WWF – NX9441 Compilation inégale comprenant des chansons évoquant de près ou de loin les changements climatiques. 86 88 89 QUESTIONS DE MODÈLES 90 91 Documentaires EN QUÊTE DE SENS 87’ ; 2015 ; Nathanaël Coste & Marc De La Menardiere; Kamea Meah Films; TM3755 Documentaire qui interroge les mo dèles d e société d e demain au départ d ’une démarche spiri - tuelle forte et passionnante. Marc et Nathanaël sont deux vieux amis qui se retrouvent plusieurs années après s’être perdus de vue. Aujourd’hui, deux jeunes adultes aux parcours très différents. L’un est déjà préoccupé par des sujets environnementaux tandis que l’autre incarne la réussite d’un jeune français épris de rêve américain au sein d’une grande société de commerce d’eau à New-York. Ce dernier, soudainement immobilisé à la suite d’un accident, découvre une série de documentaires alarmants sur la crise écologique, recommandés par son ami. Nous voici au début du film qui retrace un peu le cheminement de ce jeune homme filmé par son ami. Il décide d’en savoir plus et les deux amis s’associent autour d’un projet de film. La question environnementale de départ les amène à faire des rencontres passionnantes avec Vandana Shiva, Pierre Rabhi, etc. mais aussi avec des militants et des chamans, à s’interroger plus en profondeur sur le type de société dont nous avons vraiment besoin en tant qu’être humain. La réponse à la crise environnementale passe ici par une remise en question du modèle économique puis nous amène à prendre une voie plus spirituelle pour interroger les besoins essentiels. REPENSER LA CONSOMMATION VISIONS CITOYENNES - 1 5 x 10’ à 17’ ; 2013 ; Christophe Joly; Parrallele Prodction ; TL9011 5 courts pé dagogiques pour repenser la consommation . Prendre le temps de repenser notre consom - mation, c'est ralentir, regarder, comprendre pour agir. Les cinq chapitres de ce film (et une animation en complément sur l’intérêt du vivre « local ») invitent le spectateur à découvrir des propositions citoyennes pour une autre vision de notre consommation. - L'Âge de faire (17'): est un journal in - dépendant. Ce mensuel cherche à sen - sibiliser un large public sur les thèmes de l'écologie, de la solidarité et de la citoyenneté. Savoir, agir, comprendre sont les motivations de ses colonnes où le lecteur peut y trouver des outils pour réinventer le monde. - Terre de liens (17'): Créée en 2003, cette association a pour mission de facili - ter l'accompagnement et l'installation d'agriculteurs privilégiant le respect de l'environnement, le développement d'une agriculture paysanne et les circuits courts. Son action a pour objectif d'en - diguer la spéculation foncière des terres agricoles en permettant aux particuliers, grâce à leur épargne, de faire l'acquisi - tion de fermes. - Envie (13'): Depuis 1984, cette associa - tion poursuit son autre vision de l'emploi et de l'environnement en choisissant de valoriser le travail à travers la répa - ration et le réemploi d'équipements électroménagers à petits prix. Du nord au sud de la France, plus d'une quaran - taine de points de vente permettent à leurs clients de redonner du sens à leurs achats. - Enercoop (17'): est un fournisseur d'électricité cent pour cent renouve - lable. Investi depuis sa création dans le courant des énergies durables et des projets citoyens de réappropriation de l'électricité, ses ambitions sont de favo - riser la réflexion, l'information et l'action pour négocier au mieux la transition énergétique. - Biopartage (10'): est un moyen simple de s'approvisionner en produits sains, localement et à des prix raisonnables. Ce groupement d'achats favorise une autre vision de la consommation pour acquérir une plus grande liberté d'ac - tion face aux réseaux traditionnels. 90 92 93 PENSER LA TRANSITION VISIONS CITOYENNES - 2 5 x 9’ à 14’ ; 2013 ; Christophe Joly; Parrallele Prodction ; TL9012 5 courts pé dagogiques pour penser la transition . Le constat de nos impacts néfastes envers la planète appelle à une modification de nos comportements notamment énergétiques et alimentaires. Les cinq chapitres de ce film (+ une animation en complément sur l’agriculture) invitent le spectateur à découvrir des propositions citoyennes pour penser la transition. - Les Rencontres éco-citoyennes de Mé - rindol (9'): font partie de ces festivals précurseurs sur les sujets environne - mentaux. Ces manifestations, mainte - nant largement démocratisées, sont des lieux d'échanges, d'informations et de dialogues. Ils délivrent des idées pour mieux comprendre notre rôle au - jourd'hui dans les enjeux écologiques et sociaux de demain. - Kokopelli (14'): distribue des semences reproductibles issues de l'agriculture biologique, aidant ainsi à la préserva - tion de notre biodiversité semencière. Son catalogue est fertile en variétés anciennes et compte plus de deux mille cinq cents différentes graines de plantes potagères, aromatiques et de fleurs in - trouvables sur le marché traditionnel. - Un p'tit vélo dans la tête (19'): fait partie de ces nombreux ateliers de réparation de cycles présents dans tous les coins d'Europe. Ils offrent à leurs adhérents des lieux collaboratifs de partage du savoir. La récupération et la débrouille sont leurs outils vers une envie de vélo - nomie. - La géothermie (14'): des roches pro - fondes sont, depuis les années 80, étu - diées par le projet franco-allemand de Soultz-sous-Forêts. Ce laboratoire à ciel ouvert examine les perspectives de la terre et valide la fiabilité de cette éner - gie renouvelable de demain. - La Ruche qui dit oui (11'): est un moyen simple de s'approvisionner en produits sains, localement et à des prix raison - nables. Créé en 2011, ce réseau de plus de 280 ruches permet à ses abeilles une autre vision de la consommation pour acquérir une plus grande liberté d'ac - tion face aux réseaux traditionnels. SIMPLICITÉ VOLONTAIRE ET DÉCROISSANCE 60’ ; 2008 ; Jean-Claude Decourt ; Utopimages; TL7981 Documentaire faisant se succéder des réflexions pour un tour d’horizon de la décroissance et de la simplicité volontaire. Un document intéressant, qui permet de mieux comprendre les concepts de décroissance et simplicité volontaire, à travers le discours de nombreux intervenants (économistes, militants écolo - gistes, etc.). Le propos plutôt militant, invite à la réflexion, notam - ment sur notre modèle économique fondé sur un développement exponentiel qui détruit inexorablement la nature, pervertit les re - lations humaines et compromet gravement l'avenir des généra - tions futures. Il est urgent d'en finir avec le capitalisme et de com - mencer à « décroître ». Décroître économiquement et vivre plus simplement ne signifie pas revenir à l'âge de pierre. Il s'agit au contraire de croître en « humanité », de se réapproprier nos vies, notre temps, de compenser nos peurs et nos manques autrement que par la consommation, d'imaginer de nouvelles solidarités, de re-localiser industrie et agriculture, de se réapproprier la politique pour décider collectivement. Le document convient plutôt pour un public sensibilisé à ces questions car il pousse loin les prolon - gements mais reste accessible à un large public. SIMPLICITÉ VOLONTAIRE ET DÉCROISSANCE, VOL 2 180’ ; 2008 ;Jean-Claude Decourt ; Utopimages; TL7982 Documentaire pour approfon dir la réflexion sur la d é - croissance et la simplicité volontaire sur base d ’une série d e réflexions et d ’initiatives . Le film approfondit dans la durée une série de réflexions en - treprises dans le volume1. Il s’attache dans un premier temps à démonter le sacro-saint modèle de la croissance économique, s’attarde sur les mythes fondateurs du capitalisme et appelle à la décroissance et à la simplicité volontaire. L´auteur aborde les causes de nos aliénations et de nos peurs, les résistances au changement, étudie les enjeux écologiques, politiques et humains, cherche les liens. Il donne ensuite la parole à des militants, des hommes et des femmes redonnant un sens à leur vie, imagi - nant de nouveaux rapports à la nature, aux choses et aux êtres. Ici, le réalisateur nous propose un balayage très large de diffé - rentes initiatives individuelles et de réflexions sur la décroissance. Il constitue une véritable mine d´exemples, de témoignages et de réalisations éprouvées de modes de vie alternatifs par rapport au modèle dominant. 94 95 SIMPLICITÉ VOLONTAIRE ET DÉCROISSANCE, VOL 3 90’ ; 2008 ;Jean-Claude DECOURT; UTOPIMAGES ; TL7983 Documentaire pour approfon dir la réflexion sur la décroissance et la simplicité volontaire sur un plan philosophique . Troisième volet de la collection, ce nouveau numéro s’attache, non pas à décrire ce qu’est la décroissance mais à poser les bases philosophiques pour un regard critique sur notre actuel mode de vie et de consommation. Le contenu de ce troisième film est bien décrit dans la citation qui apparaît sur la jaquette: « Quand bien même la planète serait limitée, nous serions contre la croissance, parce qu’elle détruit l’humain en nous, parce qu’elle détruit la beauté ». Le premier volume initie une critique du capitalisme. Le deuxième élargit la réflexion pour placer la décroissance dans un contexte philosophique plus large et présente aussi de nombreuses initiatives. Ce troisième volet nous plonge dans le fondamental et inscrit la décroissance dans une pensée philosophique. LES OBJECTEURS DE CROISSANCE 54’ ; 2006 ; Hélène LIOULT; AIRELLES ; TL6481 Documentaire à vocation informative et militante sur la décroissance. Claire et Hervé jouent au jeu de l'autruche. Un film conducteur qui est l’occasion de rencontres avec ceux qui questionnent les discours dominants et résistent à l'emprise de la croissance économique infinie. Ce sont un professeur d'économie dissident, un sage venu du désert que la fertilité enchante, des consommateurs et des agriculteurs qui s'organisent localement, des enfants dans une école qui s'intéressent aux indiens, les élus de deux communes qui résistent au néolibéralisme, les marcheurs, objecteurs de croissance. Le jeu est une représentation de l'homme et de la Terre. Le retour à la case départ invite le spectateur à remettre en question la marchandisation du monde. Le document offre une série d´exemples très concrets et des sujets variés (agriculture, privatisation, politique, natalité, etc.) CAPITALISME 312’ ; 2014 ; Ilan Ziv; Zadig Productions, ARTE France, Filmoption International, T.A.M.I. MEDIA ; TL1440 Aujourd’hui, et malgré la crise, le capitalisme reste le seul modèle. Un modèle discutable et discuté, dont l’histoire est une véritable épopée, confrontations d’hommes et d’idées qui ont changé la face du monde. Cette série documentaire, tournée dans vingt-deux pays, nous entraîne dans une enquête captivante, au fil de cinq cents ans d’histoire, d’Adam Smith à Karl Polanyi, avec pour guides éclairants des anthropologues, des sociologues, des historiens et des économistes renommés. Les six épisodes (environ 53 minutes par épisode) restituent les débats histo - riques - les théories d’hier nouant un dialogue fructueux avec l’actualité et les réalités contemporaines - et offrent des clés de compréhension du système capitaliste. L’ÉNERGIE ÉNERGIE, LE FUTUR À CONTRE-COURANT 90’ ; 2008 ; Claude Lahr ; La Huit DVD; TM3770 Documentaire sur les possibilités d e pro duc - tion d ´énergie à partir d e sources renouvelables . Aujourd’hui, l´Europe est très dépendante en matière d´énergie et la proportion d´énergie im - portée devrait encore augmenter dans l´avenir. Actuellement basée sur des ressources fossiles non renouvelables et polluantes, la production d´énergie de demain devra être radicalement différente. Le soleil, le vent et les marées, ensemble, pourront subvenir à nos besoins et ces besoins devront être revus à la baisse. Suite à ce constat, on voit comment partout en Europe des initiatives locales innovantes et écologiques se multiplient. La multiplicité des exemples et la variété des niveaux explorés, individuel ou collectif, local ou international, rendent très riche l´ensemble du discours. La quasi - totalité des filières est explorée: éolien, marée motrice, solaire photovoltaïque, solaire thermique, filière bois. Une énergie verte produite en continu grâce à un bouquet énergétique diversifié est donc possible. Développer la production d´énergie renouvelable et améliorer son rendement, son coût, son stockage et les infrastructures et réduire les pertes et la consommation d´énergie, telles sont les clés d´un avenir qui peut être autre que le tout nucléaire. La démarche du film est clairement positive. LE CAPITALISME 96 97 Parmi les films réussis du réalisateur George Miller, il y a la série Mad Max mais il y a aussi les plus discrets Happy Feet 1 et 2. Après le succès du premier film, le deuxième volet a été bien mal reçu, tant par une partie de la critique que par le public. Film décevant ou film mal compris ? Notons pour commencer un casting de qua - lité avec notamment les voix de Robin Wil - liams, Brad Pitt ou Matt Damon, le très beau graphisme du film avec des chorégraphies gigantesques de la colonie de manchots, des scènes de poursuites, des visages très expres - sifs, de magnifiques paysages dont la qualité égale les plans serrés et les détails des cristaux de glace. C’est aussi une véritable prouesse technique qui est mise à l’œuvre dans ce mé - lange de cinéma, d’animation et de motion capture, une innovation technologique pas - sée totalement inaperçue et qui ouvre pourtant très probablement des perspectives techniques pour l’avenir du cinéma. Une certaine préoccupation écologique est présente en filigrane, tout comme dans le premier volet. Elle se glisse par petites touches dans certains plans et certaines ré - pliques. Le scénario a la bonne idée de faire planer une menace qui, présente dès le dé - but, n’est pour autant jamais nommée. Un procédé qui participe à la possibilité laissée à chaque spectateur de donner son propre sens au film qui recèle plusieurs niveaux de lecture: l’histoire du jeune manchot et de la relation père/fils ou bien un conte philoso - phique sur le sort de l’humanité, de son rôle et de sa place notamment face au change - ment climatique. L’ajout de l’histoire des organismes échap - pés du banc de Krill qui se déroule en pa - rallèle de l’aventure des manchots, vient porter ce message philosophique et permet la mise en perspective du film tout en offrant quelques scènes d’humour. Ils sont l’infini - ment petit et viendront apporter de manière inattendue l’aide décisive au plus grand à la fin du film. Ainsi s’achève l’histoire en la bou - clant à son introduction sur le lien qui unit toute chose dans l’univers. Le film appelle à une véritable insurrec - tion citoyenne et à l’union des peuples. Le message est simple autant que subversif à une époque où l’on entend que trop la nécessité de maintenir ordre et austérité, que chacun garde sa place. Ne pas se ré - signer et se contenter de son sort à l’image des organismes de krill qui s’échappent du banc dans une véritable quête existentielle. S’entraider au-delà des frontières à l’image des différentes espèces de manchots et des éléphants de mer. Le film est fédérateur, émouvant, ambitieux, joyeux et lumineux, porteur d’espoir comme très peu de films le sont. On aurait tort de réserver ce film aux enfants tant il offre la possibilité de niveaux de lecture différents. Frédérique Müller - PointCulture HAPPY FEET 2 96 97 98 99 Croiser quelqu’un dans la rue et penser « Il a l’air d’un zombi ». Que signifie cette comparaison à cet humain plus tout à fait lui-même, à celui qui est devenu mort-vivant, qui marche et qui agit mais ne semble pas être vraiment présent ? La question posée à l’occasion de cette métaphore d’apparence légère et inspirée de films de genre est celle de la part de conscience et d’analyse dans les agissements. Le recours à l’image du zombi peut alors permettre d’appréhender le comportement et la société sous un angle critique. Voici une petite réflexion guidée par la figure cinématographique du zombi, notamment dans l’œuvre du cinéaste amé- ricain George Romero. La « résignation acquise » La pression des marchés financiers, la crise économique, la crise écologique, le stress, les informations et les injonctions contradictoires, les cadences, la complexité des systèmes, etc., l’économie capitaliste nous impose une société irrationnelle et violente. La compréhension du monde, l’ampleur des problèmes et la complexité des solutions semblent se tenir résolument hors de portée, une perception par ailleurs volontiers entretenue par les discours mé- diatiques majoritaires. Nous pouvons alors être confrontés à un sentiment d’incontrôle et d’incompréhension comparable à un état que le psychologue Martin Seligman a étudié de manière expérimentale en 1974 et baptisé « learned helplessness » ou « résignation acquise ». Cet état de privation de contrôle, effective ou perçue, induit des déficits cognitifs (difficulté d’apprentissage), motivationnels (difficulté à émettre des réponses volontaires) et affectifs (augmentation des affects négatifs). En faisant l’apprentissage d’une relation d’indépendance entre leurs actes et leurs résultats, les individus sont plongés dans un état d’épuisement cognitif. Pour expliquer des situations complexes, ils se limitent dès lors à des informations immédiatement disponibles et ont davantage recours à des solutions cognitivement moins coûteuses telles que des heuristiques de raisonnement, des croyances, des stéréotypes, etc., (François Ric) (1). C’est cet état d’épuisement cognitif qui appelle la figure du zombi, lui qui est simplement là, qui ère, marcheur, mordeur, rô- deur. Il ne revendique rien, ne pense pas, ne s’organise pas, ne communique pas, n’a pas d’objectif. Son corps est mû non par la pensée mais par une force qui le manipule. Dans les premiers films de zombi (Halperin et Tourneur), le revenant est manipulé par un maître. Chez Romero, le retour des morts reste inexpliqué: « Quand l’enfer est plein, les morts reviennent sur terre ». Dans les deux cas, la volonté et la conscience sont absents chez le revenant. Le comportement est réduit à l’expression de simples actes pulsionnels. Le zombi n’est pourtant pas sans cerveau. Autrefois humain, le seul moyen de s’en débarrasser reste d’ailleurs celui de viser la tête. Dans la perspective d’une critique sociétale, la manipulation de l’individu serait d’ordre social et politique: le citoyen, abasourdi par une société oppressante et angoissante, dévore et consomme sans fin, noyé par un flot d’informations complexes et désordonnées et assommé par un discours consumériste au service de la croissance. Il devient un consommateur-zombi dont le comportement consiste en une série de ré- flexes conditionnés par la publicité. « Des milliers d’hommes et de femmes réduisent toute leur humanité à la seule dimension de travailleur-consommateur. Même face à la plus grande menace, celle de la disparition de notre espèce, ils n’ont de cesse de vouloir consommer toujours plus… Au cours des dernières décennies, l’exploitation des peurs s’est incroyablement développée dans les campagnes publicitaires et politiques,… la publicité et l’État créent artificiellement des problèmes associés à des peurs ancestrales puis offrent des solutions. Nous sommes alors nous-mêmes demandeurs des solutions que les dominants voudraient nous imposer. » (2). Ce n’est sans doute pas un hasard si l’on retrouve dans Zombie deux des lieux les plus emblématiques de la société moderne. La panique provoquée par l’arrivée des zombis survient à la télévision et le supermarché tient plus loin un rôle central dans le film. La grande surface est ce lieu où se rendent les zombis par habitude comme si le lieu les appelait, les rassurait, était ancré dans une mémoire résiduelle forte. La grande surface tient aussi lieu de refuge, de repli pour un petit groupe de survivants qui y régressent jusqu’au stade: on se maquille, on se dé- guise, on joue, on court et on boit dans les allées désertes. Un lieu qu’ils défendront et LE ZOMBI POUR PARLER DE CONSOMMATION 100 101 ne quitteront que chassés par d’autres pillards. La grande surface se fait lieu symbolique de la mise à l’épreuve où les hommes échouent, n’ayant trouvé refuge que dans l’individualisme, le confinement et le pillage. Une métaphore qui pourrait en appeler une autre, celle du robot, présente par exemple dans My dinner with André: « L’homme qui dort ne sait plus dire non. » La violence et ce zombi qui est (en) nous De nombreux films de zombi (dont les films de Romero et la série The Walking Dead par exemple) mettent en scène des humains qui se trouvent brutalement confrontés à une situation inédite qu’ils ne maîtrisent pas. Les films consistent alors en des huis clos où la société des humains, fractionnée en petits groupes épars, est mise à l’épreuve du vivre ensemble dans la difficulté. Les tensions ne tardent pas à agiter et à menacer la vie du groupe. Le zombi renvoie l’image d’une violence intime, celle de nos proches devenus méconnaissables, celle que nous portons en nous-mêmes. Frédérique Müller PointCulture Références (1) Théorie du « Learned helplessness » dans Ric, F (1994). Thèse de doctorat de psychologie sociale. Université Paris X. (2) dans Simplicité volontaire et décroissance volume 3 – TL 7983 INDEX 100 102 103 11e heure / The Eleventh Hour (La) /Leila Conners Petersen ; 2007 - TM9751 10 1984 / Nineteen Eighty-Four / Michael Radford ; 1984 - VM3708 13 A à bout de souffle /Jean-Luc Goddard ; 1959 - VA0602 17 à fond les boulons /Camera etc. ; 2005 - TM0201 70 à toile à mobilité /Camera etc. ; 2005 - TM0201 46 A.I. Intelligence artificielle / A.I. 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(Des) / Gordon Douglas ; 1959 - VD2023 24 Mosquito Coast / Peter Weir ; 1986 - VM2606 26 Muppets, le film / The Muppets Movie / Jim Henson ; 2001 - VM7013 69 My Dinner With André / Louis Malle ; 1981 - VM2347 100 F Night Moves / Kelly Reichardt ; 2013 – VN0532 42 No Blade of Grass / Cornel Wilde ; 1970 25 Notre pain quotidien / Our Daily Bread / Nikolaus Geyrhalter ; 2005 - TL6431 11 Nouvel eldorado (Le) - Demain, un monde sans glace Thierry Piantanida & Frédéric Lossignol ; 2007 - TM2542 66 Nuage sur le toit du monde (Un) / Agnès Moreau ; 2012 - TM8975 73 106 107 O Objecteurs de croissance (Les) / Helène Lioult ; 2006 - TL6481 94 Ours polaires, avec ou sans glace / Jerôme Bouvier ; 2005 - TO5854 74 P Pacific Union (The) / Cecil B. DeMille ; 1938 23 Panic in Year Zero / Ray Milland ; 1962 24 Paradis Perdus / Divers réalisteurs ; 2004 - 2005 - TM6161 à TM6565 75 Pas de pays sans paysans / Eve Lamont ; 2005 - TM6301 66 Penser la transition - Visions citoyennes /Christophe Jolly ; 2013 - TL9012 92 Physique et climat / U.T.L.S. ; 2005 - TT9719 37 Pic de Dante / Dante's Peak (Le) / Roger Donaldson ; 1996 40 Planète des singes / The Planet Of The Apes (La) Franklin J. Schaffner ; 1967 - VP3588 17, 38 Planète en sursis - Le dessous des cartes - (Une) Jean-Christophe Victor ; 2003 - TM2701 50 Pour un degré de plus / National Geographic Society ; 2004 - TO6112 73 Pousse pas le bouchon/ Camera ect ; 2005 - TM0201 70 Powaqqatsi / Godfrey Reggio ; 1977 - 1988 11 Premier maitre / Pervyi Outchitel (Le) / Andreï Konchalovski ; 1954 - VP5065 23 Princesse Mononoké / Mononoke Hime / Hayao Miyasaki ; 1997 - VP6257 28 R Regards de climatologues / Patrice Desenne ; 2010 - TP7151 48 Repenser la consommation - Visions citoyennes / Christophe Jolly ; 2013 - TL9660 91 Route (La) / John Hillcoat ;2009 39 Ruée vers le carbone / The Carbon Rush (La) / Amy Miller ; 2012 - TM1750 51, 67 S Sibériade / Siberiada / Andreï Konchalovski ; 1979 - VS1563 23 Silent Running / Douglas Trumbull ; 1972 - VS3525 25, 42, 43, Silmplicité volontaire et décroissance / Jean-Claude Decourt ; 2008 TL7981 à TL7983 93-94 Soleil vert / Soylent Green / Richard Fleischer ; 1973 - VS5021 17, 18, 25, 41, 43 Syndrome du Titanic (Le) / Nicolas Hulot & Jean-Albert Lièvre ; 2009 - TM8251 10, 39, 70 T Temps changent (Les) / Marion Milne & Jean-Christophe de Rivière ; 2008 - TM8311 40,53, 72 Time Out / Andrew Niccol ; 2011 - VI0301 15 Tipping Point / Nicolas Koutsikas & Laurence Jourdan ; 2011 - TM8551 36 Transperceneige (Le) / The Snowpiercer /Joon-ho Bong; 2013 - VS1684 14, 41, 43 Tsunami : les conséquences / Tsunami : Aftermath / Bharat Nalluri ; 2006 - VT0234 40 Twister V Vérité qui dérange / An Unconvenient Truth (Une) / Davis Guggenheim ; 2006 - TM9021 9 Vie en sursis (La) - Demain un monde sans glace / Thierry Piantanida ; 2007 - TM2541 72 Volcano / Mick Jackson ; 1997 - VV5487 40 W Walking Dead (The) / Divers réalisateurs ; 2010 - 2015 VW0114 ; VW0140 ; VW0167 ; VW0183 ; VW0199 100 Wall-E / Andrew Stanton ; 2008 - VW0065 28, 38, 42 Waterworld / Kevin Reynolds ; 1994 - VW1102 41 Y -Z Years of Living Dangerously / Filmrise ; 2014 - TM9700 51 Zizanie (La) / Claude Zidi ; 1978 27 Zombie / George A. Romero ; 1979 - VZ5763 98-100 LE CLIMAT SOUS LES PROJECTEURS Des documentaires et des fictions pour parler des changements climatiques. Des documentaires pour mieux comprendre le fonctionnement et le dérè- glement de la machine climatique et des analyses de films de fiction pour identifier et comprendre les représentations que le cinéma à la fois véhicule et participe à construire autour des changements climatiques. Pour guider la réflexion et l’approche critique sur les productions audiovisuelles, nous les avons placées sous le regard expert de scientifiques: Jean-Pascal van Ypersele (climatologue et vice-président du GIEC de 2008 à 2015) et Valerie-Masson Delmotte (paléo-climatologue et co-pré- sidente au sein du GIEC pour le groupe de travail n° 1) ; de Jean-Baptiste Fressoz (historien des sciences) et de spécialistes l’Éducation aux médias de Média Animation et de conseillers de PointCulture. utilisation normale v e r sion noire et blanc v e r sion blanche pour fonds foncés v e r sion av ec cartouche blanc en cas de fond nuisible à la lisibilité du logo

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